« Katyn » d’Andrzej Wajda

« Katyn » de Wajda ce soir au cinéma : l’histoire sordide du massacre de 12 000 officiers polonais dans la forêt de Katyn en territoire soviétique, ou comment les barbaries nazie et soviétique se sont cumulées pour dépouiller la Pologne. Le film démarre sur la vision saisissante de populations civiles fuyant au milieu d’un même pont, les nazis arrivant d’un côté et les soviétiques de l’autre, se poursuit sur l’exécution des officiers et se termine sur l’après-guerre où la Pologne socialiste dénie la responsabilité du grand frère soviétique alors que la Pologne réelle sait bien qui est coupable. En suivant le parcours de quelques familles polonaises le film insiste sur le drame humain plus que sur l’analyse historique que le spectateur est censé connaître.

Ce drame est une conséquence du pacte Molotov-Ribbentrop signé ci-dessus sous l’œil goguenard de Staline (cf. photo, Molotov est en train de signer, Ribbentrop est en arrière-plan à droite de Staline). Pour Hitler les slaves sont des sous-hommes, pour Staline la Pologne est un non-sens historique et géographique, tous deux conviennent du dépeçage du pays toute affaire cessante. La gestapo et le NKVD collaborent allègrement et se livrent l’une à l’autre des Polonais suspects, des russes en cavale, afin d’émasculer le pays en le débarrassant de ses élites. Un peu par hasard, les 12 000 officiers polonais tomberont dans les mains soviétiques. Staline estime qu’ils représentent un obstacle à l’instauration du socialisme éclairé en Pologne, les fait exécuter d’une balle dans la nuque en 1940 et ensevelir dans les charniers de la forêt de Katyn. Le père de Wajda était l’un d’eux. Dans le même temps le NKVD exécute d’autres nationalistes et contre-révolutionnaires polonais, voire ukrainiens et biélorusses. On parle en tout de 15 à 22 000 exécutions relatives à la décision du politburo de mars 1940 (signée notamment par Staline, Beria, Molotov).

Alors que les Allemands attaquent l’URSS en 1941, ils découvrent les charniers et cherchent en s’en disculper en accusant les juifs et les bolchéviques. Au procès de Nuremberg, les soviétiques arrivent à faire inclure ce massacre dans l’acte d’accusation sans pour autant qu’il ne soit cité dans le jugement final. Il faudra attendre 1990 pour que Gorbatchev reconnaisse la responsabilité soviétique et présente ses excuses à la Pologne. Quel siècle !