C’est l’histoire de deux frères russes, Mikhaïl (1870-1903) et Ivan (1871-1921) Morozov, dont les arrière-grands-parents étaient serfs dans la Russie tsariste et le père un très riche industriel. Ils vont recevoir très tôt une éducation artistique et, à leur majorité, poursuivre les affaires familiales tout en constituant progressivement une collection de peinture impressionnante grâce à leur goût certain. A la révolution, les tableaux sont confisqués par le pouvoir bolchévique, Ivan s’enfuit en Finlande et mourra en 1921 loin de son pays natal, Mikhaïl étant, lui, décédé jeune avant la révolution.
Considérés comme incompatibles avec le « réalisme-socialiste » certains tableaux (notamment les impressionnistes puis las avant-gardes fauves et cubistes) furent interdits de présentation durant la terreur stalinienne, mais, malgré tout, l’ensemble de la collection fut mis à l’abri hors de Moscou en Sibérie pour le protéger durant la seconde guerre mondiale.
C’est une grande partie de cette collection, désormais exposée dans les musées d’Etat russes, qui est accrochée dans la fondation Louis Vuitton. L’accumulation de chefs d’œuvre est impressionnante, donnant une idée de la sensibilité artistique (et de la fortune) des Morozov. Manet, Corot, Monnet, Toulouse-Lautrec, Degas, Bonnard, Denis, Gauguin, Van Gogh, mais aussi Picasso et des peintres russes.
L’ensemble des salles de la fondation est consacré à cette collection. Vu l’architecture du bâtiment dans lequel il n’y a pas une pièce aux murs droits, on se perd un peu dans les étages et les numéros de pièces, mais qu’importe, tout est beau (sauf le bâtiment de la fondation…)