Nous sommes en économie libérale

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https://www.ecologie.gouv.fr/prix-des-produits-petroliers

L’augmentation récente des prix de l’énergie, qui a suivi l’effondrement de ces prix en 2020 du fait de la crise de la Covid-19, rappelle quelques vérités que nombre de commentateurs à courte vue s’évertuent à passer sous le tapis. Evidemment, personne ne se plaignait quand les cours baissaient mais tout le monde râle quand ils augmentent. L’augmentation du pouvoir d’achat générée durant la période de la crise sanitaire où les cours du pétrole et des énergies similaires ont baissé drastiquement s’est traduite en France par une explosion de l’épargne des ménages.

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La baisse du pouvoir d’achat déclenchée par la hausse de l’énergie va normalement se traduire par une désépargne équivalente. Pour les ménages qui n’auront pas épargné en 2020 durant la période d’énergie à faible coût, certains vont devoir arbitrer dans leurs dépenses, peut-être se désabonner de Netflix ou renoncer à l’achat du maillot de Lionnel Messi (157,99 EUR à la boutique du PSG) pour pouvoir payer leurs factures de gaz, certains autres ne le pourront pas et le gouvernement réfléchit à leur distribuer des subventions (chèque énergie par exemple) pour compenser cette hausse.

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La France est importatrice d’une partie de son énergie, y compris l’uranium qui alimente ses centrales nucléaires, elle est donc dépendante de la loi de l’offre et de la demande sur les marchés, à moins qu’elle ne trouve un pays producteur généreux qui lui fasse cadeau de pétrole et de gaz, ou accepte de lui vendre à des cours inférieurs au marché, hypothèse peu probable dans un avenir prévisible. La Chine est importatrice de sacs Hermès, elle est donc tributaire des prix de vente de ces accessoires décidés par la firme parisienne à moins que cette dernière n’accepte de baisser ses prix, hypothèse improbable à court terme. Quand on importe on est dépendant de ses exportateurs, c’est assez simple à comprendre. Ces lois du marché peuvent être atténuées par différentes mécanismes nationaux mais elles sont incontournables et les augmentations de prix de produits importés sont payées par les pays consommateurs.

La Russie, gros producteur de pétrole et de gaz, rappelle qu’elle signait dans le passé avec les pays importateurs des contrats de fourniture à long terme dans lesquels les prix étaient fixés sur la durée longue desdits contrats, situation avantageuse lorsque le marché monte mais désavantageuse dans le cas contraire. Avec un petit sourire en coin le président russe Poutine vient de rappeler que la Russie sert en priorité les contrats long terme que l’occident a abandonné par idéologie au profit de contrats où les prix, dit « spot », sont alignés sur les variations journalières du marché… La même Russie subventionne d’ailleurs ses prix bas intérieurs pour les consommateurs russes avec les prix haut extérieurs payés par les pays importateurs.

En France, les candidats à l’élection présidentielle d’avril 2022 rivalisent d’idées plus ou moins saugrenues pour savoir « qui va payer » cette hausse des prix de l’énergie : consommateurs ou contribuables ? La réponse la plus probable est que les deux catégories vont être mises à contribution, la hausse des prix sera payée par les consommateurs et certains d’entre eux verront une partie de cette hausse compensée par des subventions à recevoir de l’Etat (payées par les contribuables). Toute la question est de décider comment et où situer la limite entre ceux qui toucheront des subventions et ceux qui n’en bénéficieront pas, en attendant que le marché s’équilibre. Il est délicieux de constater combien même les tenants de la philosophie politique la plus libérale sont tellement tétanisés à l’idée que Mme. Michu se révolte devant la hausse des prix qu’ils ne rêvent que de faire payer les contribuables pour épargner Mme. Michu… qui est elle-même contribuable.

Au-delà de ce problème immédiat qui va bien trouver une solution financière d’une façon ou d’une autre, ce qui s’annonce à moyen terme c’est la fameuse « transition écologique » qui devra se traduire par des changements de comportements des consommateurs et, très probablement, par une hausse moyenne de ce que les citoyens du monde devront payer pour l’énergie qu’ils consommeront demain. Il y aura encore des arbitrages à faire dans le futur, et probablement bien plus drastiques et douloureux que ceux que nous affrontons aujourd’hui.