GOSPODINOV Guéorgui, ‘Le pays du passé’.

Sortie : 2021, Chez : Editions Gallimard, traduit du bulgare.

Gospodinov, écrivain bulgare né en 1968, a écrit avec « Le pays du passé » un joli et original roman sur le temps et la mémoire.

Le narrateur, écrivain, partage avec un ami intermittent, neurologue, Gaustine, un intérêt pour le positionnement de chacun vis-à-vis du passé. Alors il passe en revue ses congénères atteints de maladies neurovégétatives leur faisant perdre la mémoire et la notion de leur place dans le temps, mais aussi les hommes et les femmes qui sont simplement besoin de se repositionner dans le passé pour survivre au présent. L’expérience du narrateur (sans doute proche de celle de Gospodinov) est celle d’un citoyen d’un pays qui connut nombre de bouleversements politiques au cours de l’époque contemporaine : guerres balkaniques, guerres mondiales, principauté, monarchie, république, rideau de fer, communisme, nationalisme, capitalisme… un Bulgare né au début du XXème siècle (comme la génération du narrateur) a vécu 100 vies et 1 000 transitions. Certains ont eu du mal à suivre.

Alors Gaustine crée des cliniques pour accueillir ces déboussolés du temps qui passe trop vite pour les ramener dans un temps où ils se sentent mieux. Il favorise même l’organisation d’un référendum dans les pays européens pour connaître l’époque du passé dans laquelle ils aimeraient revenir !

Gospodinov signe ici un conte philosophique sur la nostalgie du temps qui est passé et ne reviendra plus, sinon dans nos souvenirs. Mais l’avenir est inévitable, il faut donc non seulement cultiver notre mémoire mais affronter le futur.