Le Mali a toujours un coup d’avance sur Paris

Dans un communiqué lu hier soir à la télévision publique, le gouvernement malien a annoncé sa décision de dénoncer le « Traité de coopération en matière de défense » qui l’unissait à la France depuis le 16 juillet 2014 et remplaçait un accord plus ancien de 1985. Cette dénonciation est faite conformément aux dispositions de l’article 26, notamment concernant le préavis de six mois après la réception d’une notification écrite.

Après avoir expulsé l’ambassadeur de France en début d’année, le gouvernement malien poursuit sa stratégie de rupture avec la France, et il le fait dans le respect des textes signés, sans excès de propagande et avec une relative discrétion gage d’efficacité pour l’atteinte de ses objectifs. Ces accords de défense n’avaient bien entendu plus de sens depuis plusieurs mois alors que le Mali avait décidé de mettre fin à l’intervention de l’armée française dans ce pays sahélien.

Il aurait été plus satisfaisant pour l’égo français que ce soit Paris qui dénonce en premier ces accords, et même expulse l’ambassadeur du Mali, plutôt que l’inverse, mais la France doit préserver la sécurité de son armée en cours de retrait et de ses citoyens résidant au Mali. Paris avale donc ces pilules amères depuis un an mais au moins une fin nette est prononcée à cette coopération militaire et c’est une bonne chose. Il faudra saisir cette occasion pour passer en revue l’ensemble des « accords de défense » que Paris entretient avec ses anciennes colonies qui n’ont plus guère de sens aujourd’hui.

Espérons que la France ne perdra pas la mémoire de sitôt et qu’elle ne cherchera pas à revenir au Mali par la fenêtre alors qu’elle en a été chassée par la porte ! Il faut laisser le Mali aller vers son destin qui sera désormais sans la France. C’est ce qu’on appelle la décolonisation.

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