Sortie : 2020, Chez : Discogonie.
Une analyse pertinente du troisième disque des Stranglers, « Black and White » (1978), dans cette jolie collection, « Discogonie », dont chaque volume est consacré à un disque de rock. Anthony Boile est un historien de l’art qui est manifestement un amateur de ce groupe marquant du post-punk et qui dure toujours depuis le mitan des années 1970.
Chaque chanson du disque est détaillée dans un chapitre dédié ce qui donne l’occasion de revenir sur la personnalité des musiciens et leurs références artistiques dans le contexte de l’époque. C’était la guerre froide, la crise économique, l’américanisation abêtissante de la jeunesse occidentale, le jubilé de la reine Elisabeth insultée par les Sex Pistols… le mouvement punk a balayé les hippies et les babas, choqué les bourgeois et fait exploser le monde du rock. Les Stranglers font partie de cette vague avec une spécificité musicale liée aux claviers de Dave Greenfield (1948-2020) que l’on a souvent comparé à Ray Manzarek des Doors.
A l’époque de « Black and White » la musique des Stranglers était rugueuse et ses membres ne dédaignaient pas de faire le coup de poing contre les journalistes ou les hooligans qui perturbaient leurs concerts. Ils se sont depuis un peu embourgeoisés mais continuent à produire des disques et à faire des tournées.
Au fur et à mesure du déroulement des chansons de l’album, Boile se penche sur les références politiques et littéraires de ce groupe engagé, l’intérêt du bassiste Jean-Jacques Burnel pour Mishima, celui du guitariste Hugues Cornwell pour Asimov, le nihilisme de tous qui a donné ces albums de légende dont « Black and White est l’un des symboles. L’auteur détaille aussi de façon intéressante les techniques musicales spécifiques qui marquent l’originalité du groupe.
« Black and White » : le livre est évidemment à lire en écoutant cet album charnière d’un groupe détonnant et attachant.