BABEL Isaac, ‘Cavalerie rouge’.

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Sortie : 1926, Chez : Editions Gallimard.

Isaac Babel (1894-1940) est un écrivain soviétique, de religion juive, né à Odessa et emporté dans la folie des purges staliniennes en 1940 après sa dénonciation. Ecrivain en devenir, en relation avec Gorki, il soutient la révolution bolchévique et s’engage comme correspondant de guerre de l’armée rouge en 1920 alors en pleine guerre contre la Pologne pour des questions de frontières mal définies par le Traité de Versailles ayant mis fin à la première guerre mondiale.

« Cavalerie rouge » est le recueil des trente-quatre nouvelles de quelques pages chacune, qui furent d’abord publiées séparément avant d’être réunies dans cet ouvrage. C’est l’histoire d’une troupe en campagne, plus ou moins guidée par l’idéologie communiste, la haine des polonais, parfois des juifs. Errant dans les steppes hostiles au hasard des batailles, se payant « sur la bête », pratiquant une guerre plutôt sauvage… il n’y avait à l’époque dans ces contrées ni ONG ni lois de la guerre, il fallait tuer pour éviter de l’être, et on ne négligeait pas non plus de se venger à l’occasion sur des populations civiles malmenées entre les parties.

Malgré la sauvagerie du contexte et la violence du conflit, Babel écrit dans un style poétique et allant, décrivant les paysages bucoliques dans lesquels se déroulent ces évènements et les comportements rustres d’une soldatesque dépenaillée évoluant au milieu d’une population moyenâgeuse. On ne mesure pas vraiment le degré de conviction révolutionnaire de l’auteur qui ne se gêne en tout cas pas pour décrire la triste réalité de la bataille menée par des cosaques sans doute plus intéressés par faire la guerre que de diffuser la révolution…

« Il s’approcha de mou, arrangea et ressera les bandages que j’avais sur mes plaies de galeux, puis laissa tomber sa tête sur sa poitrine de poulet. La nuit nous consolait dans nos tristesses, un vent léger nous caressait comme une jupe maternelle et les herbes, en bas, brillaient de fraîcheur et de moiteur. »

Hélas, Babel ne pourra poursuivre une carrière d’écrivain pourtant prometteuse car il ne survivra pas aux purges staliniennes et sera fusillé EN &ç’à après « avoir » avoué ses crimes de « trotskisme et espionnage au profit de la France ». Son œuvre sera bien entendu interdite, jusqu’à sa réhabilitation en 1954 au moment de la dédéstabilisation

Une tranche de vie de l’histoire soviétique !