Comme l’ont fait certains Etas américains, notamment sous l’impulsion du vice-président de Donald Trump entre 2017 et 2021, Mike Pence, l’Inde est en train de retirer de certains programmes scolaires la théorie de l’évolution de Darwin, après avoir déjà expurgés des manuels de nombre d’autres théories scientifiques qui ne correspondent pas aux vues obscurantistes du parti hindouiste actuellement au pouvoir.
Emporté par leur religiosité et une lecture à la lettre de textes millénaires, des pays importants révisent leurs manuels scolaires pour en retirer le savoir scientifique. Dans le cas de l’Inde, cela se double d’un sentiment antioccidental puisque globalement les grandes découvertes scientifiques et technologiques sont « blanches ». Religion plus idéologie, ou comment des pays qui sortaient progressivement de la masse du sous-développement et participaient à leur tour à la progression du savoir humain sont en train de s’en éloigner. La communauté scientifique indienne s’émeut de cette régression mais n’y peut pas grand-chose sinon opposer la rationalité à une politique religieuse, c’est dire si le combat est perdu d’avance.
Lorsque l’on déambule sur l’île d’Elephanta dans la mer d’Arabie, au large de Bombay, on visite de fascinantes grottes millénaires dédiées à Shiva et que l’on aperçoit au loin les dômes des centrales nucléaires qui alimentent Bombay, on se dit que ce pays a su assimiler la science tout en respectant ses traditions. C’était l’héritage de Nehru.
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Aujourd’hui son lointain successeur Modi revient sur ces avancées et privilégie Ganesh à Darwin. Pas sûr que cela mène le pays à un futur radieux mais seul l’avenir le dira. Modi est un président nationaliste élu à peu près démocratiquement, son peuple l’a donc choisi et réélu, lui et ses idées. Si jamais le résultat ne satisfait pas les électeurs ils pourront toujours s’en prendre à eux-mêmes !
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La philosophe Simone Weil écrivait en 1943 :
Chez les chrétiens, l’incompatibilité absolue entre l’esprit de la religion et l’esprit de la science, qui ont l’un et l’autre leur adhésion, loge dans l’âme en permanence un malaise sourd et inavoué.
Simone Weil – « L’enracinement » (1943)
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Il empêche la cohésion intérieure. Il s’oppose à ce que la lumière chrétienne imprègne toutes les pensées. Par un effet direct de sa présence continuelle, les chrétiens les plus fervents portent à chaque heure de leur vie des jugements, des opinions, où se trouvent appliqués à leur insu des critères contraires à l’esprit de christianisme. Mais la conséquence la plus funeste de ce malaise est de rendre impossible que s’exerce dans sa plénitude la vertu de probité intellectuelle.
Cette analyse s’applique, hélas, à toute religion ou idéologie. Remplacez « chrétiens » par « hindous » ou « musulmans » et la « conséquence funeste » est la même !