« Le dernier des juifs » de Noé Debré

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Un film émouvant et délicat sur une mère et son fils juifs habitant une cité de Sarcelles peuplée de personnes plutôt issues de l’immigration africaine. Tous les habitants de confession juive ont progressivement quitté le coin qui s’est communautarisé. Belisha y mène une vie paisible et inactive, au milieu de ses potes « noirs et arabes », cachant consciencieusement à sa mère, jouée par Agnès Jaoui, qu’ils sont les derniers juifs de la cité et que si les comportements individuels de leurs voisins sont bienveillants, il n’en est pas de même du sentiment antisémite diffus qui anime la collectivité.

Le scénario est parsemé de petits détails légers et drôles : le bureau de l’adjoint au maire qui veut faire ami-ami avec Belisha et le reçois dans un bureau aux murs décorés avec des affiches militantes pro-palestiennes, Belisha qui ment à sa mère en lui jurant que le poulet a été acheté chez le magasin casher alors que celui-ci a fermé récemment, la décoration de leur appartement avec le plastique pour protéger les coussins, la mezouzah qui empêche l’électricien musulman d’entrer faire une réparation et que Belischa faillit oublier au moment de rendre les clés du HLM, la mère qui se demande « mais où sont passés les arabes, il n’y a plus que des noirs ? », etc.

Michael Zindel joue à la perfection son personnage de Belisha, plein de tendresse, semblant planner bien haut au-dessus des querelles religieuses, tout entier dédié à protéger sa Maman. Il ne la sauvera pas et le générique de fin démarre sur l’image de Belisha quittant la cité avec sa valise pour une destination inconnue après une émouvante scène où les voisines arabophones sonnent à la porte de l’appartement pour rendre hommage à la défunte et à son fils avec, selon la tradition, de la nourriture.

C’est le premier long métrage de Noé Debré, scénariste reconnu, et représentant de la branche juive alsacienne des Debré, la branche parisienne « étant convertie depuis longtemps » comme il l’explique au Monde (27/01/2024). Il aborde, tout en douceur et subtilité, le dilemme de l’exil intérieur et de la communautarisation qui sévit en France.