Le Canard Enchaîné cette semaine rappelle ingénument que Jean-Claude Trichet, ci-devant gouverneur de la Banque centrale européenne, affirme depuis des lustres qu’un système où la richesse mondiale croît en moyenne annuelle de 5% mais où les marchés financiers exigent des entreprises une rentabilité de 15% et la masse des crédits augmente de plus de 15%, un tel système donc, court au krach financier. En d’autres termes, l’effet de levier si cher à nos analystes est en train de nous en mettre un coup (de levier) sur la tronche. Un peu de bon sens ferait du bien à tout le monde.
Il nous revient d’ailleurs que ces banquiers centraux avaient été qualifiés de « gnomes de Frankfort » par Juppé le Raide lorsqu’il était au pouvoir, en référence aux « gnomes de Zurich » de de Gaulle. Il avait fait encore très fort notre Juju favori, tout en finesse et en démagogie. Trichet est d’ailleurs régulièrement voué aux gémonies par notre politicaille nationale, surtout en période électorale. Il semble toutefois qu’il ne dise pas que des idioties, tout particulièrement lorsqu’il parle des déficits français.
Le plus ubuesque dans la crise actuelle est qu’elle est partie de la défaillance, en voie de généralisation, de ménages plutôt défavorisés qui n’arrivent pas à rembourser leurs banques qui entre temps ont laissé libre cours à leur infinie créativité pour titriser et refourguer leurs créances à droite à gauche. Les financiers ont cru pouvoir rendre solvables des ménages pauvres par le biais d’instruments financiers auxquels personne ne comprend rien. Les riches y ont laissé leur jugeote et vont y perdre quelques plumes.
La nouvelle du jour est que les pauvres sont toujours pauvres, et donc risqués pour leurs prêteurs qui vont l’apprendre à leurs dépens. Comme le disait Snoopy :
Il vaut mieux être riche et en bonne santé que pauvre et malade !