Le documentariste Nicolas Peduzzi a suivi durant quelques mois la vie professionnelle d’un jeune psychiatre, Jamal, en poste à l’hôpital Beaujon situé dans le nord de Paris (Clichy). Il n’y a plus de service de psychiatrie dans cette institution qui accueille tout de même des patients atteints aussi de troubles psychiatriques. On fait alors appel à ce spécialiste qui passe son temps à courir de service en service pour essayer de parer au plus pressé avec ses internes qui l’épaulent.
Il est d’origine syrienne, ses parents venus en France pour terminer leurs études de médecine y sont resté. Il a fait sa médecine pour suivre l’exemple de son père chirurgien, mais en optant pour la psychiatrie plus propice aux rapports humains.
Dans le flux continu des entrants aux urgences de l’hôpital Beaujon, chaque jour apporte son cortège de cas sociaux qui nécessitent son intervention : alcool, drogue, violences, tentatives de suicides, jeunes à la dérive, réfugiés en déshérence… Alors on appelle Jamal qui vient essayer de régler les problèmes, toujours disponible et bienveillant. Il s’occupe aussi des moments de passage à vide d’un infirmier, des aides-soignantes parfois. On attend de lui des miracles qu’il n’est guère en mesure de délivrer dans le capharnaüm que semble être cet hôpital où se presse toute la misère du monde.
Evidement Jamal intervient sur les cas les plus délicats, psychiatrisés, sans doute beaucoup d’autres se passent très bien et ne nécessitent pas l’intervention d’un psychiatre, heureusement. Son engagement est touchant et admirable, il trouve encore le temps et l’énergie d’organiser un groupe de théâtre pour certains de ses jeunes patients. Il s’interroge avec sincérité sur le sens de cet engagement dans l’univers un peu kafkaïen de cette grosse machine hospitalière.
Le réalisateur lui prête une oreille attentive et le documentaire sombre parfois dans le misérabilisme insistant sur « le manque de moyens » répété comme un mantra à tout bout de champ par le personnel soignant. Il n’est pas sûr que multiplier les postes de psychiatre à Beaujon réglerait l’origine de toute cette misère sociale qui dévale à flot continu. Mais qu’importe, c’est la plainte du moment que les citoyens aiment bien entendre et relayer. Nicolas Peduzzi est dans la salle de l’Escurial. Interrogé à la fin du film il admet que les choses se passent bien mieux dans les autres services mais ce n’est pas l’objet de ce film.