Les masques tombent, les finances publiques s’effondrent

Les finances publiques semblent échapper au contrôle du gouvernement. Le déficit de l’année 2024 est maintenant estimé à 6,1% du produit intérieur brut (PIB) c’est-à-dire que l’argent public déversé sur le pays excède largement les recettes recouvrées sur les contribuables, personnes physiques comme morales. 6,1% de déficit est un chiffre considérable et un score rarement atteint par la France, digne d’un pays sous-développé. Dans son discours de politique générale le nouveau premier ministre a annoncé ses objectifs de revenir à 5% en 2025 et 3% (la norme plus ou moins admise au sein de la zone euro) en 2027. Bien entendu, c’est la énième fois que la République repousse cet objectif des 3% et prend des engagements qu’elle ne sait pas tenir…

Depuis plusieurs jours les chiffres fuitent sur le bouclage du budget 2025 à 5% de déficit, toujours en devenir à l’heure actuelle. Ce matin un montant de 60 milliards d’euros était annoncé, 40 milliards d’économies à faire sur les dépenses et 20 milliards d’impôts nouveaux à collecter. Ces sommes sont gigantesques, particulièrement les 40 milliards à économiser en un an. Les ordres de grandeur donnent le frisson et on voit mal comment ce pays addict à la dépense publique pourrait réaliser un tel exploit. Si on ramène ce chiffre aux dépenses du budget initial de l’Etat pour 2024, soit 453 milliards, cela fait une baisse de dépenses de 9%. Beaucoup de ménages ou d’entreprises ont eu à un moment ou un autre de leur existence à consentir un tel effort ; l’Etat français, jamais. Et encore, cette économie laissera subsister un déficit de 5% du PIB en 2025…

C’est un sérieux aveu d’échec pour le gouvernement précédent et le président. Lors de sa première élection en 2017 Emmanuel Macron avait fait du redressement des finances publiques post François Hollande une priorité. Il avait réussi à tenir les 3% de déficit en 2017 et 2018 puis la crise sanitaire de la Covid est arrivée avec l’annonce du « quoi qu’il en coûte » dont le pays n’a jamais réussi à sortir.

Alors à peine effleurées les incontournables mesures de correction qu’il faut prendre, augmentation des impôts et réduction des dépenses, le bal des pleureuses s’est ouvert pour expliquer que, certes, il faut économiser, pas chez soi, mais chez les autres bien entendu. Chaque corporation y va de ses lamentations, tous assènent des simplismes de première catégorie « va-t-on réduire le nombre de médecins ou de policiers ? », chacun explique qu’il n’est pas possible de baisser la dépense dans son domaine et tous conviennent qu’ils ne pourront pas affronter des augmentations d’impôt. En termes macroéconomiques d’ailleurs, les baisses de dépenses et les hausses d’impôt aboutissent un peu à la même chose : le redressement des finances publiques avec un risque récessif sur l’économie puisque dans un cas comme dans l’autre, il y aura moins d’argent injecté dans l’activité économie.

La corporation du patronat (MEDEF) s’est exprimée par la voix de son président qui a expliqué dans les médias que les entreprises étaient prêtes à consentir un effort en payant plus d’impôts si et seulement si c’était pour un temps limité et dans la mesure où l’Etat ferait des économies. Cela ressemble à une (légère) ouverture… en tout cas à du réalisme. Mais il est peu probable que l’Etat soit capable de réaliser les économies annoncées, l’affaire risque de se terminer par une hausse durable des impôts sur les entreprises et sur les particuliers, et sans doute pas que les « très riches ».

Pour le moment la France trouve toujours des prêteurs pour financer ses gabegies mais les taux d’intérêt augmentent. La République a levé des fonds ces derniers jours à des taux supérieurs à ceux consentis à la Grèce et au Portugal, deux pays qui ont eu à affronter une crise financière sévère ces dernières années qui se sont traduites par des réformes structurelles que la France n’a jamais réussi à mettre en œuvre. Le taux est lié au risque de non-remboursement que le prêteur estime prendre sur l’emprunteur. Celui-ci pense donc que pour le moment prêter à la France est plus risqué qu’à la Grèce. On ne peut pas dire que cela soit très brillant.

Et pour le moment on n’a pas encore parlé de la Loi de finance de la sécurité sociale ce qui va encore être une autre paire de manches !