Nous sommes dans un petit village de la montagne italienne, Vermiglio, à la fin de la deuxième guerre mondiale. Le film se passe entre l’église, le bistrot, l’étable et la demeure du maître d’école qui a huit enfants. C’est sans doute le personnage le plus touchant du scénario, il déploie toute son énergie pour faire sortir les enfants, dont les siens, de l’état de paysans illettrés auquel ils sont promis. Et puis il aime la musique, « la nourriture de l’esprit », et consacre une partie des maigres ressources de la famille à acheter des disques de Chopin qu’il passe sur son gramophone 78 tours pour inspirer des réflexions solitaires.
Sa fille tombe amoureuse d’un sicilien qui s’est réfugié dans le hameau. La fin du conflit arrive, certains soldats reviennent dans le village, d’autres sont morts au combat, on ne sait pas bien de quel côté ils se battaient d’ailleurs, mais qu’importe la joie ou la douleur d’une mère est toujours la même lorsque son fils revient de la guerre… ou est déclaré mort. Le sicilien qui s’est marié entre temps avec la fille de l’instituteur décide de retourner dans son village pour y donner de ses nouvelles avant de revenir auprès de sa femme qui est enceinte de lui. Mais il ne reviendra pas.
Le film va au rythme des saisons de la montagne et marque la lenteur et l’éternité de ce monde minéral dans lequel évolue le petit microcosme de ce village perdu dans les hauteurs et ses traditions. L’instituteur fait de son mieux pour pousser ses enfants dans l’échelle sociale mais il doit faire des choix douloureux par manque de moyens. Sa fille délaissée fait le voyage vers la Sicile pour découvrir la double vie de son mari…
Il ne se passe rien dans ce film, seulement la vie qui déroule les petits évènements d’une communauté de montagnards durs à la souffrance, touchants dans leur dénuement, confrontés aux émotions ordinaires à une époque qui nous semble hors du temps. C’était simplement le mitan du XXe siècle.
Vermiglio, un éloge de la lenteur !