L’Iran malfaisant, des touristes français inconséquents

De nouvelles arrestations de citoyens français sont à déplorer en Iran. L’Etat religieux perse détient à ce jour officiellement trois Français. Et il y en a peut-être quelques autres non officiellement reconnus ? Ces détenus français sont le plus souvent accusés de griefs qui paraissent fantaisistes se rapportant à l’espionnage contre la République islamique d’Iran. Ces pratiques qui relèvent de la prise d’otages sont assez habituelles dans ce pays et lui permettent de négocier des contreparties avec les pays d’origine de ces otages. Florilège :

Novembre 1979, quelques mois seulement après l’instauration de la République « islamique », c’est le fait d’arme des mollahs qui laissent, voire téléguident, des « étudiants » qui envahissent l’ambassade de Etats-Unis d’Amérique à Téhéran et prennent en otage 53 membres américains de cette ambassade. L’Iran exige que les Etats-Unis leur livrent en échange le Chah qui a fui le pays. Une douzaine d’otages sont libérés après quelques semaines. Les 44 restant ne seront libérés qu’au bout d’une année et demie aux termes de transactions douteuses avec l’équipe du nouveau président, Ronald Reagan, qui aurait tout fait pour que cette libération n’ait pas lieu sous l’empire de son prédécesseur Jimmy Carter.

Au cours des années 1980 de nombreux citoyens français, particuliers, journalistes et diplomates, sont pris en otage au Liban par des mouvements islamiques plus ou moins sous tutelle de l’Iran. L’un d’entre eux, Michel Seurat, est exécuté sur place par le mouvement terroriste Jihad Islamique. La libération des autres sera longue à obtenir et les négociations passeront toujours plus par Téhéran que par Beyrouth qui est en pleine guerre civile. Comme toujours en pareilles circonstances, les contreparties délivrées par la France restent confidentielles. L’une d’entre elle est apparue tout de même évidente : le remboursement à la République « islamique » du prêt que l’Iran du Chah avait consenti au consortium d’enrichissement d’uranium Eurodif. Cerise sur le gâteau, la France soutenait militairement l’Irak dans la guerre sauvage (1,2 millions de morts entre 1980 et 1988) déclarée par ce pays à l’Iran, c’était évidemment une circonstance aggravante, vu de Téhéran, qui n’a pas dû faciliter les discussions !

En 2009, Clotilde Reiss, 24 ans, diplômée de Sciences-Po et de langues et cultures orientale part enseigner à Ispahan. Pour son malheur, son père a travaillé en France au Commissariat à l’énergie atomique, institution où elle fit un stage. Il n’en fallait pas plus pour que l’Iran l’accuse d’espionnage. Son procès est largement médiatisé sur place et on la voit comparaître, sous un foulard, pour s’accuser de tous les maux dont elle est chargée. Selon certains « analystes » en France il se pourrait que, sans être officiellement une espionne des services secrets français (DGSE) elle en ait été un contact informel. Quelques mois après sa libération, un des assassins sur le sol français du dernier premier ministre du Chah, Chapour Bakhtiar, a été libéré par Paris après 18 années de détention. M. Bakhtiar avait été poignardé puis égorgé en 1990 alors qu’il était réfugié en France après la chute du Chah. Il aurait servi de monnaie d’échange pour la libération de Clotilde Reiss.

Quelques temps auparavant Bakhtiar avait déjà subi une tentative d’assassinat dont il avait réchappé mais qui avait tué une voisine et un policier français. Le terroriste libanais Anis Naccache avait été ensuite arrêté à Paris et condamné à perpétuité pour cette tentative d’assassinat avant d’être gracié et expulsé dix ans après les faits, un peu plus tôt que la perpétuité à laquelle il avait été condamné…

En 2022 Olivier Grondeau avait été condamné pour espionnage à 5 années de prison puis libéré après 29 mois d’emprisonnement sans que l’on sache véritablement ce que la France a dû concéder pour cette libération. Il faisait a priori du tourisme dans le pays au moment de la répression qui s’était abattue sur les jeunes Iraniens manifestant leur colère face à la mort en détention de Mahsa Amini où elle avait été placée pour un voile mal ajusté. Grondeau aurait participé à, ou soutenu, ces manifestations.

En 2022 également, un couple français, Cécile Kohler et Jacques Paris, est arrêté en Iran où ils termine un séjour touristique. Les autorités iraniennes mettent six mois à reconnaître qu’elles détiennent ces deux citoyens puis diffusent une vidéo dans laquelle Cécile « avoue être agent du service de renseignement extérieur de la France ». Ils sont en prison depuis trois ans et viennent d’être inculpés pour « espionnage pour le Mossad », « complot pour renverser le régime » et « corruption sur terre », accusations qui peuvent être punies de la peine de mort dans ce charmant pays.

Cette semaine c’est à nouveau un jeune touriste franco-allemand de 18 ans qui a été arrêté pour « avoir commis un délit » selon les autorités locales. Le garçon parcourait la région à vélo et se répandait bien entendu sur les réseaux dits « sociaux » pour publier au jour le jour là où il se trouvait et en se permettant d’ironiser sur les consignes données par le gouvernement français de ne pas voyager en Iran ! Au cas où la police iranienne aurait eu du mal à le trouver il lui suffisait de suivre son compte Instagram…

Dans un contexte de tensions régionales élevées, il est fortement recommandé aux ressortissants français de quitter le pays.

L’espace aérien iranien et l’aéroport international de Téhéran demeurent fermés. En revanche, les frontières terrestres, avec l’Arménie et la Turquie notamment, sont à ce stade ouvertes.

Note du 26/06/2025 de France Diplomatie

Plus léger mais aussi symptomatique de l’incompatibilité des « principes » islamiques avec les « valeurs » occidentales, à plusieurs reprises sous différentes présidences françaises, à commencer par celle de Chirac, des repas à haut niveau ont été annulés car la délégation iranienne entendait interdire la présence de bouteilles de vin sur la table officielle. Il est évidemment plus facile pour Paris d’être ferme quand il s’agit de broutilles de cet ordre que lorsque la vie de Français est en cause.

De cette liste de méfaits qui est loin d’être exhaustive on peut tirer deux grandes conclusions :

  • L’Iran n’aime pas la France, et cela risque de durer encore pour quelques générations,
  • Il vaut mieux éviter d’aller y faire du tourisme tant que les choses ne se sont pas améliorées.

Il est dommage que les trois touristes français toujours emprisonnés en Iran n’aient pas partagé ces conclusions, d’abord pour eux car on ne peut pas vraiment être sûr qu’ils seront libérés un jour et, même s’ils en sortent vivants, ce sera après un séjour plus ou moins long (déjà trois ans pour Cécile Kohler et Jacques Paris) dans des conditions qui n’ont pas l’air d’être très agréables.

C’est aussi regrettable pour la France qui se retrouve à chaque fois embarquée contre son gré dans des négociations extrêmement difficiles avec un pays qui ne respecte pas les mêmes règles qu’elle. Même si elle ne l’avoue pas officiellement la France doit à chaque fois en rabattre avec ses principes qu’elle estime moins importants que la vie de ses ressortissants.

Peut-être faudrait-il interdire aux citoyens français de voyager en Iran ? Ce serait mieux pour tout le monde. Après tout, pendant très longtemps les citoyens américains étaient interdits de mettre le pied à Cuba, c’était même écrit sur leurs passeports.

La civilisation perse est 4 fois millénaire, on peut sans doute attendre quelques décennies avant de retourner profiter de sa mugnifiscence.