Concert « Duo Mouret Kiani » à Penvern

Le duo Mouret-Kiani qui s’est produit ce soir est composé de deux musiciens qui se sont rencontrés à Leipzig où ils ont fait leurs études de musique et résident tous les deux.

Jean-Baptiste est un baryton-basse, à la belle voix puissante. Il s’est d’abord initié au piano puis passé à l’accordéon dont il joue pour s’accompagner. Il a été chanteur soliste de l’opéra de Leipzig entre 2017 et 2022 avant de devenir musicien itinérant. Pouria Kiani est arrivé d’Iran en Allemagne en 2016. Violoniste et altiste il voulait se perfectionner dans la musique baroque qui n’était pas enseignée dans son pays. Il est aussi luthier et a fabriqué lui-même son alto dans son atelier en Allemagne, un alto à… cinq cordes.

Le fil conducteur du programme présenté ce soir est une œuvre du compositeur baroque François Francoeur (1698-1787) dont les différents mouvements en sol mineur vont ponctuer la soirée et seront interposés entre des œuvres lyriques de Mahler, de Schubert et de Britten dans la même tonalité. Jean-Baptiste introduit les lieders pour les présenter au public. Ce sont souvent des poèmes mis en musique par ces grands compositeurs et magnifiquement chantés ce soir.

Ceux de Mahler sont basés sur « Des Knaben Wunderhorn », un recueil de textes traditionnels allemands : des histoires de jeunes gens courant joyeusement à travers une forêt verdoyante ou chantant un adieu à leur bien-aimé.

On est particulièrement touché par un lied de Schubert sur un poème de Heinrich Heine (Der Doppelgänger), composé alors que le musicien voyait approcher sa fin. Malade, il décède à 31 ans, laissant une œuvre fulgurante et tellement de regrets au sujet des merveilles qu’il aurait pu composer s’il avait vécu plus longtemps. Le tragique de la situation est merveilleusement exprimé par la voix grave de Jean-Baptiste et la lancinance de l’accordéon. Quel bel hommage à Schubert !

Les pièces de Benjamin Britten sont inspirées de musiques traditionnelles de différentes régions d’Angleterre. Leur simplicité les fait tendre à une pureté qui résonne si bien dans la chapelle.

Pouria alterne le violon et l’alto avec talent, posant le son de ses cordes sur celui de l’accordéon. Un duo plein d’originalité tant on est peu habitué à entendre ces deux instruments cohabiter dans un programme classique. Ils ont dû pour ce faire adapter certaines partitions à leur formation instrumentale avec quelques improvisations autour des thèmes originaux.