Taxe sur taxes

Au Café du Commerce et dans les dîners en ville les convives progressistes braillent à n’en plus finir qu’il faut « taxer Bernard Arnault » pour rétablir l’équilibre des finances publiques françaises tout en pensant, beaucoup moins bruyamment, « cela évitera une augmentation de mes propres impôts ». Et quand on rappelle les principes qui ont guidé l’administration fiscale à moins taxer les revenus financiers, dits « du capital », que les revenus des personnes physiques on se heurte soit à l’incompréhension du mécanisme (les citoyens français sont peu formés à l’économie) soit à encore plus de révolte, la fortune des plus riches en France déclenchant immédiatement une espèce de réflexe pavlovien révolutionnaire pour mener les plus fortunés à l’échafaud fiscal.

La réalité est que ces fameux dividendes sont un revenu du capital qui a déjà subi l’impôt au niveau de la société, personne morale, qui les verse. Les taxer de façon additionnelle au niveau de l’actionnaire qui les reçoit revient donc à imposer deux fois le même euro, contre une fois seulement lorsqu’il s’agit d’un euro de salaire versé à une personne physique.

C’est pour éviter cette double taxation que le système fiscal français a mis en place différents mécanismes pour atténuer l’effet de cette double imposition : avoir fiscal, abattement, flat tax, etc. l’objectif étant de rendre l’investissement en France attractif. Ces mesures ont été régulièrement votées et adaptées par les élus du peuple dans les lois de finance de la République. Si on veut les changer il suffit d’en voter d’autres dans les mêmes enceintes et de gérer les éventuelles conséquences qui en résulteront car augmenter l’imposition des revenus du capital diminuera d’autant le rendement de celui-ci. C’est d’ailleurs l’objectif actuellement affiché par l’ensemble de la gauche, qu’elle soit propalestinienne ou pas. La droite, cependant, s’y oppose afin de ne pas obérer l’attractivité de la France pour les investisseurs. Les jours à venir diront qui va l’emporter.

Et pendant que les idéologues s’affrontent sur la fiscalité on parle beaucoup moins de l’incontournable baisse de la dépense publique qui est pourtant vitale pour arrêter la chute du pays vers l’abime. La préparation des jeux olympiques Alpes françaises 2030 bat son plein avec son cortège de dépenses somptuaires, certainement pas prioritaires, que très peu d’économistes ni d’élus, encore moins de citoyens contribuables, ne remettent en cause.