Dans les dîners familiaux on écoute avec tendresse une jeunesse éprise d’absolu et d’égalitarisme prôner de « taxer Bernard Arnault » pour lutter contre les inégalités qui la choquent, tout en tentant de fuir le monde du travail pour réaliser une vie plus idéalisée. C’est l’éternel grand clash entre liberté et égalité affiché aux frontons de nos mairies et dans la pensée de Tocqueville. C’est beau comme l’antique !
Qu’importe que ces fortunes ne soient pas, pour la majorité d’entre elles, tombées du ciel, mais aient été constituées par l’investissement et le travail, elles sont jugées illégitimes du fait de leur ampleur. Cette jeunesse pourrait avoir comme objectif de se lancer, prendre des risques et avoir des idées pour créer des affaires aussi florissantes que celles des milliardaires qu’elle honnit, mais nous sommes en France, alors, avec des ambitions différentes elle opte pour leur faire payer leur réussite, assorti d’un « on ne va pas les plaindre ».
C’est sans doute ce qui différencie les mentalités anglo-saxonnes de celles des pays latins. Les « milliardaires » n’inspirent pas le désir de faire mieux, ils génèrent la rancune de ceux qui préfèrent les voir chuter à défaut de les imiter. On place son admiration où l’on veut.
Il reste en France quelques jeunes entrepreneurs qui prennent des risques, et même certains qui réussissent car il y a peu d’élus, mais c’est ainsi que progresse un pays dans le monde libéral. Le reste de cette jeunesse idéalisée, entre deux congés sabbatiques, va se faire employer par ces entrepreneurs dont ils souhaitent ardemment écrêter les fortunes au nom de la « pureté » de leur conception de l’égalité.
Quoi qu’il en soit, ces nouvelles générations vont bientôt prendre le pouvoir et sortir les « vieux » libéraux de leur prépotence. Elles auront tout loisir de « taxer Bernard Arnault » si telle est leur volonté démocratiquement partagée. En attendant il va quand même bien falloir composer avec une frange du pays qui ne semble pas encore totalement d’accord pour rogner la liberté au profit de l’égalité.
Blabla