Le bal des pleureuses

Alors que le parlement français a du mal à dégager une majorité pour adopter le projet de budget de l’Etat (526 Mds EUR en dépenses et 373 en recettes) et le budget de la sécurité sociale (677 Mds EUR en dépenses et 659 en recettes) le bal des pleureuses s’en donne à cœur joie sur les plateaux télévisés et dans les dîners en ville.

Il existe les classiques revendications de « plus de moyens » pour l’enseignement, la santé, la justice et la défense. Mais devant les perspectives financières peu réjouissantes d’une nation qui se rabougrit et d’un Etat qui frise la cessation des paiements tous les lobbies, corporations, syndicats, associations, groupes, individus… voyant venir le temps des vaches maigres veulent persuader les décideurs que l’augmentation des dépenses publiques dont ils bénéficient est vitale pour eux et que le pays va s’effondrer si on ne les satisfait pas.

On a ainsi :

  • Les retraités qui veulent le maintien de leur abattement spécial de 10% pour « frais professionnels »
  • Les chauffeurs de taxis qui veulent garder le même niveau de transports médicaux pris en charge par la sécurité sociale
  • Les auto-écoles qui exigent l’augmentation du nombre de fonctionnaires faisant passer l’examen du permis
  • Les directeurs de théâtres, de festivals ou de salles de spectacle qui refusent de voir baisser leurs subventions publiques
  • Les intermittents du spectacle qui veillent au maintien de leurs avantages en termes de chômage
  • Les musées qui ont besoin de toujours plus de sous pour entretenir leurs bâtiments souvent délabrés
  • Le secteur du bâtiment toujours à la chasse aux subventions pour construire plus de logements sociaux
  • Les écologistes qui veulent dépenser plus pour la transition écologique
  • Les travailleurs actifs qui veulent ramener l’âge de la retraite à 62 an, voire 60
  • Les salariés démissionnaires qui veulent continuer à bénéficier des avantages de la « rupture conventionnelle »
  • Les chômeurs qui ne veulent pas voir baisser leurs indemnisations, ou la durée de celles-ci
  • Les fédérations sportives qui se plaignent que les promesses de soutien publique post-jeux olympiques Paris 2024 ne sont pas tenues par l’Etat
  • Les maires de France (actuellement réunis en congrès) qui exigent un doublement de leurs dotations reçues de l’Etat
  • Les psychanalystes qui veulent plus de remboursement de leurs consultations à leurs patients

La liste est loin d’être exhaustive et elle s’allonge tous les jours…

Les résidents français n’ont pas encore bien compris qu’un pays dont la croissance du produit intérieur brut (PIB) s’est sérieusement ralentie ces dernières années n’améliore quasiment plus sa production de richesses. Il faut donc que le rythme de croissance des dépenses publiques suive la même voie, au moins en tendance. Si les dépenses continuent à augmenter plus vite que la richesse nationale c’est alors l’endettement qui permet de combler la différence. Nous en sommes là. A ce stade, le projet de budget de l’Etat est en déficit de 153 Mds, soit 29% des dépenses, ce qui signifie que pour 100 EUR à dépenser par l’Etat, les impôts en financeront 71 et que la République devra en emprunter 29 pour combler le déficit. Nos enfants rembourseront. Les discussions parlementaires en cours rivalisent d’ingéniosité soit pour créer des impôts nouveaux, soit pour baisser les dépenses. Nous verrons ce qui en sortira d’ici le 31 décembre. Ce n’est même plus la peine de discuter dans les dîners en ville ou sur les plateaux télévisés, les arguments des uns et des autres sont bien connus, personne ne convainc personne et chacun déroule son rationnel considéré comme irrationnel par celui d’en face. Personne ne bouge, chacun s’accroche à ses certitudes et le pays continue à dériver.

Riss – Charlie Hebdo (05/12/2018)

Alors le mieux est de laisser le parlement se prononcer puis l’Etat exécuter le budget décidé. Les électeurs (et l’INSEE) en analyseront les conséquences, bonnes ou mauvaises, et auront moulte occasions de s’exprimer dans les urnes au cours des 24 prochains mois pour rendre leur verdict et, s’ils le souhaitent, changer d’orientation.

A ce stade, personne n’a remis en cause la ligne budgétaire de 400 millions d’euros prévue dans le projet de budget 2026 pour la préparation des jeux olympiques Alpes Française 2030.

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