Le monopole des taxis et le contribuable

Les taxis classiques bloquent de nouveau la circulation dans les grandes villes pour manifester leur colère contre l’arrivée de la concurrence dans le monopole dont ils bénéficient. Celui-ci est organisé par la loi qui conditionne l’exercice de leur profession par la délivrance d’une licence par l’administration. Ils sont en principe ainsi protégés de la concurrence débridée et l’administration en ouvrant ou fermant le robinet des licences contrôle le secteur.

La principale récrimination des chauffeurs est « le coût d’achat de leur licence ». En réalité ces licences sont délivrées gratuitement par l’administration et en nombre limité justement pour protéger le marché. Par contre les détenteurs de licence se les revendent entre eux et ont ainsi créé un marché secondaire en dehors de l’administration. Si un chauffeur paye une licence 200 000 EUR c’est qu’un autre chauffeur la lui vend 200 000 EUR, c’est un jeu à sommes nulles entre chauffeurs de taxi dans lequel l’administration ne touche rien. Création de valeur économique = 0, création d’emploi = 0, il y a juste un profit financier réalisé par le vendeur qui vend un actif plus cher qu’il ne l’a acheté ou, pire, qu’il ne l’a reçu gratuitement de l’administration.

Aujourd’hui nous avons donc un secteur monopolistique, protégé par la délivrance de licences, qui a monétisé celles-ci et, en gros, se tourne vers le contribuable pour financer ses propres dérives et rembourser ceux qui se sont achetés des licences en enrichissant ceux qui les leur ont vendues… L’honnêteté intellectuelle devrait mener à faire annuler la vente des licences passées qui sont léonines. C’est évidemment impossible. Des solutions sont envisagées pour imposer une taxe aux nouveaux taxis arrivants qui permettrait d’indemniser progressivement ceux qui se sont faits escroquer par leurs petits camarades et ainsi laisser mourir de sa belle mort le système monopolistique des licences qui n’a plus lieu d’être.

Les chauffeurs de taxis ont réussi l’exploit de créer un marché dans un secteur administré. Les capitalistes les plus libéraux en auraient rêvé, nos taxieurs l’ont fait ! Et qui plus est ils se plaignent des effets de leur créativité. C’est un peu comme si un restaurateur qui aurait acheté un fonds de commerce à un prix prohibitif se retourne ensuite vers les contribuables pour leur en demander le remboursement, ou fait bloquer toute concurrence autour de lui pour maintenir artificiellement la valeur de son fonds.

Protégés par leur monopole les chauffeurs de taxi ont délivré des décennies durant une piètre qualité de service pour des prix élevés et leur capacité de nuisance importante n’a pas permis de libéraliser le secteur. Il faut en sortir et pour ce faire il va falloir payer puisque les chauffeurs se sont partagé entre eux la rente de leur commerce. Il serait heureux que ce coût hélas incontournable soit pris en charge d’une façon ou d’une autre par les consommateurs de taxis et non par les contribuables. Ce serait la solution la moins immorale bien que revenant à faire payer deux fois  les consommateurs : la première par les prix élevés depuis l’origine, la seconde par des prix taxés provisoirement de façon à pouvoir indemniser des chauffeurs qui se sont fait rouler par d’autres. Ce n’est pas idéal mais s’il faut en passer par là pour enfin casser le monopole ce sera un moindre mal.

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