The Cure ont donné ce soir à Bercy un beau concert, le show d’un groupe de légende qui a marqué son époque plus que tout autre. Un concert sans trop de surprises sinon celle de nous ramener avec bonheur et sérénité aux années musicales de notre passé, mais un concert émouvant tant Robert Smith est le héros d’une génération, de plusieurs d’ailleurs si l’on en juge par la pyramide des âges de l’audience présente aujourd’hui.
Et notre héros est concentré sur sa musique, sa guitare et son chant, un peu ailleurs. Il n’a jamais été vraiment loquace mais il donne l’impression maintenant de s’être retiré dans son monde, celui de sa musique et de ses mots, qu’heureusement il entrouvre légèrement à… 20 000 fans ce soir.
Mal fagoté dans un sweat-shirt noir informe à zip et capuche, une rangée de colliers improbables au cou, ses cheveux filasses à la célèbre mise en plis en pétard qui commencent à grisonner voire à se raréfier, et le rouge à lèvres bien sûr ; c’est la panoplie classique curienne mais qui n’a plus grande importance au regard de l’œuvre. Elle est juste un rappel à la tradition, une fidélité de l’apparence qui fait partie de l’éthique du bonhomme. Sur sa guitare noire, une ligne de chiffres mystérieux…
Le groupe a changé sa composition depuis son dernier passage en 2008. Porl Thomson a été remplacé par Reeves Gabrels, guitar-heroe qui a connu son heure de gloire avec David Bowie qu’il accompagna brillamment (instrument et compositions) une bonne dizaine d’années avec Tin Machine et l’époque Hearthing. Tatouages, cheveux courts et barbichette peroxydés, il est plus en retrait que lorsqu’il accompagnait Bowie mais il est vrai que Smith est lui-même un redoutable guitariste et le créateur. Avec David il faisait plus qu’accompagner, il partageait. L’amitié entre Gabrels et Smith daterait de leur rencontre lors du concert pour les 50 ans de David où défilèrent nombre des rockers amis et inspirateurs du maître ! En présentant Smith lors de cet évènement, Bowie parla de « one of the best exentric British band », ensemble ils jouèrent magistralement The Last Thing You Should Do et Quicksand, Gabrels à leur côté !
Simon Gallup est à la basse quasiment depuis le début du groupe, Roger O’Donnell aux claviers pour cette tournée et Jason Cooper à la batterie. Le light show est modeste, tout est pour la musique. Et quelle musique : presque trois heures d’une set-list historique ; 40 années d’hymnes qui ont ponctué nos vies.
Evidemment le show est un peu plus tourné vers les tubes que les compositions plus fortes mais aussi plus torturées. Alors se succèdent Push, In Between Days, Just Like Heaven… Love Song, cette si jolie comptine offerte à Mary le jour de leur mariage : However far away/ I will always love you/ However long I stay/ I will always love you/ Whatever words I say/ I will always love you… Et, a priori, ils s’aiment encore.
L’audience, toutes générations confondues, crie sa joie et danse sans compter mais lorsque retentit la guitare déchirante de Smith sur One Hundred Years on revient sur la période gothique la plus brillante du groupe : It does’nt matter if we all die… pas forcément la plus optimiste ! Puis le show se termine ensuite sur End.
Le premier rappel se clôt sur le mystérieux et envoûtant A Forest: …I’m lost in a forest/ All alone/ The girl was never there/ It’s always the same/ I’m running towards nothing/ Again and again and again and again… Un cri qui se perd dans les étoiles de la nuit, scandé par une voix métallique étirée à l’infini sur une basse obsédante.
Deux autres rappels viennent encore prolonger notre plaisir avant que notre Robert Smith s’en retourne en coulisses, guitare en bandoulière, d’un pas lent après avoir évoqué avec nous ce soir quelques étapes de 40 ans d’une inspiration incandescente qui le place au niveau des plus grands.
Setlist : Open/ All I Want/ Push/ In Between Days/ Primary/ Pictures of You/ High/ Lovesong/ Before Three/A Night Like This/ The Walk/ Just Like Heaven/ Trust/ From the Edge of the Deep Green Sea/ The Hungry Ghost/ One Hundred Years/ End
Encore I : It Can Never Be the Same/ Burn/ Play for Today (Not planned in the setlist)/ A Forest
Encore II : Lullaby/ Fascination Street/ Never Enough/ Wrong Number
Encore III : The Lovecats/ Hot Hot Hot/ Friday I’m in Love/ Boys Don’t Cry/ Close to Me/ Why Can’t I Be You?
Warmup : The Twilight Sad
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