Benoît Hamon, comme d’autres candidats de gauche à l’élection présidentielle, veut faire battre le cœur de la France, mais veut aussi alléger ses engagements en prônant « la mutualisation de la dette en zone euro » ! En mots plus compréhensibles, cela revient à faire cautionner la dette publique française par les autres, a priori par ceux qui gèrent mieux leurs finances, ceux qui ont une situation financière plus florissante. Quand vous avez besoin d’une caution pour signer un bail d’habitation, vous la demandez plutôt à votre grand-mère assise sur ses Louis d’or plutôt qu’au cousin désargenté.
Cautionner, cela veut bien dire que, in fine, votre dette sera payée par la caution si vous n’êtes pas en mesure de le faire vous-même. Alors bien sûr, quand l’Allemagne qui est en excédent budgétaire (c’est-à-dire que l’Etat dépense moins d’argent qu’il n’en encaisse) voit arriver les français avec leur cohorte de mauvaise gestion, de dette très significative et de déficit budgétaire chronique depuis les années 70’ (c’est-à-dire que l’Etat dépense plus d’argent qu’il n’en encaisse et ce depuis 40 ans) quand un utopiste leur propose la « mutualisation de la dette », ils ne peuvent s’empêcher de penser que ces maudits français veulent faire payer leurs dettes par les rigoureux allemands… Il n’est pas sûr que la proposition rencontre un franc succès à Berlin.
Passer la patate chaude au voisin permettrait de continuer à dépenser comme si de rien n’était. C’est la nouvelle illusion.
En fait, la dette des pays de la zone euro est déjà informellement mutualisée mais sous réserve que les Etats membres respectent des critères minima de gestion d’un bon père de famille. Le cas de la Grèce a bien montré que sa dette était mutualisée puisque les autres membres de la zone ont évité que ce pays ne soit prononcé en défaut en refinançant ses dettes et, très probablement, en les remboursant à la place de la Grèce le moment venu. Mais il faudra bien un jour avouer aux citoyens français qu’ils vont payer à la place des grecs une partie de sa dette qu’ils ont cautionnée et ne pas être remboursés d’une partie des fonds que la France a prêtés en direct.
C’est ainsi, en matière de prêt/emprunt, il y a toujours quelqu’un qui dépense au début et qui paye à la fin, ou qui n’est pas remboursé, ce qui revient au même en terme de trésorerie. En principe c’est la personne qui dépense qui doit rembourser… Ce principe basique est bien compris par les allemands et Benoît Hamon, sauf qu’ils n’ont pas exactement la même idée sur celui qui doit payer in fine la dette française.