Quelques décisions budgétaires publiques rappellent aux français que « baisser les dépenses » signifient que… les dépenses publiques vont baisser. La réduction de 5 EUR par mois de l’aide au logement, la baisse d’ici la fin de l’année des dépenses de l’armée de 850 millions, la suppression de la « réserve parlementaire » qui octroie chaque année 130 000 EUR dont il gère la distribution…, toutes des baisses de dépenses pour le moment encore symboliques ont déclenché le même hourvari de protestations. Dès ces annonces rendues publiques, une armée de pleureuses nous ont expliqué sur tous les plateaux et médias pourquoi il était impossible de réduire ces dépenses et comment ces décisions auront des effets catastrophiques pour la République.
Comme toujours, les citoyens sont d’accord pour baisser les dépenses de l’Etat mais à condition que cela touche leurs voisins, pas eux-mêmes. La majorité des électeurs a voté pour des candidats aux élections présidentielles prônant une forte réduction de la dépense publique, y compris celui qui a été finalement élu. Cet engagement commence à être mis en œuvre par un gouvernement qui, a priori, prend le risque de l’impopularité. C’est normal et responsable, même si inhabituel. L’intérêt général de la nation veut que l’on privilégie le taux d’endettement de l’Etat plutôt que le niveau de popularité dans les sondages.
La dépense publique bénéficie au citoyen d’une façon ou d’une autre et avec plus ou moins d’efficacité. C’est le rôle de la redistribution de l’Etat. Baisser les dépenses aboutira forcément à une réduction des prestations dont bénéficient des citoyens ou des organisations. L’idée macro-économique sous-tendue derrière est qu’en sortant l’Etat de ces prestations et donc en réduisant les impôts nécessaires à leur financement on libérera l’initiative privée censée est plus efficace.
Ces mesurettes ne sont qu’un hors d’œuvre et il est souhaitable que la suite du programme soit appliquée, même s’il déclenche l’impopularité. Il nécessitera aussi beaucoup de pédagogie pour vaincre cette addiction française à la dépense publique et… à l’impôt qui sert à la financer.