Ce film intemporel de Marguerite Duras est sorti en 1975, inspiré de son roman Le Vice-Consul publié en 1966. Nous sommes dans « les Indes » de l’empire britannique dans les années 1930, l’ambassade de France est encore située à Calcutta et nous suivons les déambulations d’Anne-Marie Stretter (jouée par Delphine Seyrig), épouse de l’ambassadeur dans les salons de la résidence où se déroule une réception diplomatique. On ne visualise que le salon où trône un piano à queue, et les cours de tennis dans le parc. Tout est filmé de nuit ou au crépuscule, le bâtiment est un peu décati comme le deviennent rapidement les immeubles, et les gens, sous les climats tropicaux (en fait le film a été tourné en France). Les personnages ne parlent pas, se contentant de glisser sur les tapis usés au milieu des miroirs et des fumées d’encens. Ce sont des voix off qui narrent l’ersatz d’histoire. Il y a Anne-Marie et quatre bellâtres, dont l’un qu’on imagine être l’ambassadeur, et le vice-consul de Lahore de passage à Calcutta. Ce dernier est follement amoureux de la femme de l’ambassadeur ce qui l’amène à des comportements inappropriés dans son exil du Pendjab : il tire au fusil sur les lépreux. La deuxième partie du scénario se déroule sur une ile sur le Gange, sorte de résidence d’été pour ce petit milieu diplomatique désœuvré.
Tout est lent, moite et pénible. Il est question de solitude, de tromperies et d’amour vain. Ce personnel français exilé à l’autre bout du monde vit dans son cocon où le plus grand danger semble venir les moustiques et de l’ennui qui les ronge. Les attachés d’ambassade sont préoccupés par la séduction d’Anne-Marie autant que par leur prochaine affectation.
La diction des voix-off est aussi mystérieuse (et parfois irritante) que le parti-pris du scénario d’une grande immobilité pour rendre le néant de la vie de ces Robinson du Bengale. On n’entend très peu de bruit de fond sinon quelques croassements de grenouilles et des bourdonnements de moustique. Tout est feutré et silencieux. Les personnages ne remuent pas les lèvres sauf pour effleurer parfois celles de l’ambassadrice. Ceux qui connaissent un peu le milieu diplomatique européen dans ces contrées tropicales y retrouvent quelques évocations de ce microcosme parfois lunaire.
Tout se termine mal pour le vice-consul amoureux et l’on apprend qu’Anne-Marie est enterrée à Calcutta… C’est un film étrange que l’on peut revoir aujourd’hui en version remastérisée. Il faut être patient et ouvert, Marguerite Duras n’est pas une créatrice simple.
Il y avait cinq spectateurs dans la salle Pathé au lancement du film ce samedi, nous n’étions plus que trois pour le générique de fin…
A l’occasion d’un match d’un championnat de rugby se tenant bien malencontreusement en France, et plus précisément à Marseille, un joueur français se fait casser la gu… par un adversaire namibien. Le choc est violent et le garçon en sort avec une fracture de la mâchoire. Comme il est le chef de l’équipe des brutes avinées françaises le désespoir envahit les bistrots où des milliers de supporteurs boivent des hectolitres de bière devant les écrans de télévision retransmettant les matchs car il est peu probable que le costaud blessé puisse revenir dans les stades avant la fin de la compétition le 28 octobre (mon Dieu, encore un mois d’abrutissement général…).
Dans un monde civilisé cet évènement aurait été immédiatement qualifié de « tentative de meurtre » mais nous sommes dans l’univers du rugby il s’agit donc d’un choc « viril », certes rude, qui n’empêche pas les propagandistes de vanter « valeurs de partage du rugby » sur le site Internet de la fédération mondiale de ce sport :
Le respect envers les coéquipiers, adversaires, officiels de match et tous ceux qui sont impliqués dans le Rugby est une valeur fondamentale.
La solidarité, le Rugby crée un esprit d’unité, de loyauté et de camaraderie, des liens d’amitié pour la vie, un sens du collectif, qui transcendent les différences culturelles, géographiques, politiques et religieuses.
Il semble que cette agression carabinée ait pris quelques libertés avec « le respect des règles », slogan répété comme un mantra par tous ces paquets de muscles. Espérons que cette compétition interminable ne va pas se terminer avec des morts sur le terrain. Il est malheureusement plus que probable que les chocs encaissés vont laisser des traumatismes durables dans les cerveaux de ces brutes qui les provoquent et les encaissent, sous couvert des « valeurs de l’ovalie »
C’est l’histoire d’un employé parisien moyen, Parissot, qui, pour suivre les recommandations de son médecin et changer d’air, se promène le dimanche dans la banlieue ouest de la capitale qu’il rejoint en train ou en bateau (l’Hirondelle). C’est à Saint-Cloud, Maisons-Laffitte, Bougival, sur les bords de Seine qu’il pérégrine au hasard des sous-bois et des rencontres. Il en profite pour ressasser sa vie tristounette d’employé de bureau soumis à l’ironie de ses collègues ou l’autorité de ses petits chefs.
La nouvelle principale « Les Dimanches… » est suivie d’autres qui semblent avoir été des brouillons de la première, assemblés ensuite pour la composer. Maupassant (1850-1893) se moque gentiment de la France moyenne représentée par Parissot, un peu borné, un peu bourru, mais pas un mauvais bougre. Il y place certains évènement de sa propre vie comme la rencontre avec Zola à Médan, la guerre de 1870 contre les Prussiens…
C’est en somme une agréable et ironique chronique journalistique de Paris en fin de XIXème siècle.
Thomas Lilti a réalisé ce joli film sur la vie d’une équipe de professeurs dans un collège de la région parisienne, on croirait presque un documentaire tant semble réaliste cette tranche de vie dans un établissement qui ne semble ni trop favorisé ni pas assez. La fiction ne sombre pas dans le misérabilisme habituel lorsqu’on évoque le thème de l’éduction nationale, mais relate la vie « normale » d’une bande d’enseignants de tous âges dans l’exercice de leur métier, eux-mêmes soumis à leurs propres difficultés avec leurs enfants, leurs couples…
Le collège vit sa vie, au gré des petits évènements qui font son ordinaire, les enfants sont normalement agités, certains un peu plus que d’autres, l’équipe pédagogique est engagée dans sa noble tâche, discutaille sur les enfants dans la salle des professeurs, boit du champagne pour fêter l’anniversaire de leur aîné, se chamaille avec le directeur à la vision administrative, mais il faut bien administrer cette société, et tout ce monde cherche à faire fonctionner pour le mieux ce collège au service de l’éducation des plus jeunes.
Les acteurs sont à leur place et jouent avec humilité le rôle de ces milliers d’enseignants qui, bon an mal an, enseignent à nos enfants à travers la France : le jeune (Vincent Lacoste) qui découvre le métier, l’ancien (François Cluzet) qui apaise ses collègues et les enfants, les autres (Adèle Exarchopoulos, Louise Bourgoin…) chacun animé de ses convictions et de ses doutes. On est probablement là au cœur de ce qu’est un collège moyen en France, ni point de deal, ni rassemblement d’enfants de CSP+, avec une équipe de professeurs motivés et impliqués. Ainsi va l’enseignement en France qui, cahin-caha, prépare les jeunes générations à assumer la direction du pays lorsque les vieux seront à la retraite.
Eh bien il n’aura pas fallu attendre bien longtemps pour que l’aide humanitaire française non sollicitée par le Maroc à la suite du tremblement de terre de la région de Marrakech le 9 septembre soit employée pour une autre cause tout aussi légitime : une tempête a généré des inondations cataclysmiques en Libye causant plusieurs milliers de morts, selon les premiers bilans, dans la ville de Derna. L’aide publique française y a donc été envoyée et elle y sera aussi bien employée qu’au Maroc qui semble affronter avec efficacité les suites du tremblement de terre subi.
La France a par ailleurs un peu à se faire pardonner en Libye par suite de son intervention militaire de 2011, il est donc aussi bien qu’elle se concentre sur les inondations de ce pays où cohabitent, plutôt mal, deux Etats pour une même nation. La compétition humanitaire est l’un des péchés mignons des pays occidentaux, on en voit l’illustration malsaine avec les catastrophes naturelles qui touchent à peu près au même moment ces deux pays d’Afrique du Nord. L’idéal serait d’ailleurs ces aides transitent par les différentes agences de l’Organisation des Nations-Unies (ONU), qui ont d’ailleurs été créées pour ça, ce qui éviterait la tentation morbide des pays aidants à vouloir planter leur petit drapeau national sur les sacs de riz qu’elles proposent d’envoyer sur les spots de la misère humaine. Hélas l’ONU est également soumise aux vanités nationalistes des uns et des autres, ou complètement bloquée par les conflits divers et variés de ses Etats membres.
Alors en attendant un monde pur et parfait où tous les pays du Monde s’uniraient dans l’harmonie pour aider ceux d’entre eux qui affrontent des catastrophes, l’Espagne aide le Maroc et la France aide la Libye. C’est très bien ainsi et même si cette division du travail choque l’égo de certains en France aux vues post-coloniales un peu rances, l’essentiel est que les populations dans le besoin soient secourues. D’autant plus que rien n’empêche la mise en place de flux d’aide privée de la France vers le Maroc comme cela semble être le cas.
Des militaires prennent le pouvoir en cascade en Afrique par des voies non « démocratiques » ou, à tout le moins, « non-constitutionnelles ». Les processus de ces pronunciamientos sont assez similaires, les résultats de cette nouvelle gouvernance galonnée risquent de l’être aussi. Pour les anciennes colonies françaises, c’est sans doute la dernière étape de la décolonisation puisque celle-ci n’était pas véritablement achevée. Ces pays vont maintenant aller vers leur destin. Un premier bilan pourra être mené d’ici quelques années.
Il reste maintenant à accélérer le démantèlement de la zone monétaire du Franc CFA, annoncé par les présidents français et ivoirien en décembre 2019. Ce projet a été freiné par la pandémie de la Covid mais il faut profiter des évènements politiques en cours en Afrique pour l’accélérer et l’achever.
L’histoire se déroule dans une famille bourgeoise, lui chef d’entreprise, elle avocate, toujours un verre à la main, hôtel particulier dans les bois, équitation pour les deux petites filles asiatiques adoptées, grosses voitures allemandes garées sur allées gravillonnées, lorsque le fils de son mari entre dans le paysage, sorte de post adolescent, mi-gouape mi-ange, et déclenche l’attirance physique de sa belle-mère.
Elle va se laisser aller à cette passion charnelle, pleine de remords et de désir. Lui y trouve du plaisir et une revanche contre son père. Mais il va aussi croire tomber amoureux. Lorsque l’affaire éclate au grand jour, elle nie pour sauver son couple et sa carrière, il l’attaque en justice pour se venger, peut-être pour préserver un amour impossible, peut-être pour y trouver un avantage financier, sans doute les deux. Le mari croit aux dénégations de son épouse avant de se rendre à l’évidence…
Ce film de Catherine Breillat relève du sujet de cœur de l’écrivaine-réalisatrice : le sexe, en l’occurrence, l’attirance d’une quinqua pour la chair fraiche. Il arrive que le désir fasse tomber les règles de bienséance ou empêche d’agir avec raison. C’est une vieille histoire, plutôt bien racontée dans ce film.
C’est le roman désopilant dont le titre, « Clochemerle », est devenu le symbole des petites embrouilles villageoises franchouillardes qui ne sont pas bien graves mais agitent les conversations des commères. Publié en 1934 par Gabriel Chevalier (1895-1969) il décrit la vie ordinaire d’un village du Beaujolais où s’affrontent deux clans. Nous sommes dans l’entre-deux-guerres et la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat n’est pas loin. Alors nous avons le curé, la baronne et le notaire d’un côté qui se heurtent à l’instituteur et au maire républicains, mais tout le monde se retrouve au bistrot pour picoler et pérorer.
Le projet du maire, qui vise un poste de sénateur, est d’installer une pissotière au milieu du bourg. Aussitôt dit aussitôt fait mais ce monument hygiénique va déclencher un grave conflit dans le village qui va remonter jusqu’aux plus hautes instances religieuses et républicaines dans la capitale qui vont devoir se mêler des affaires de Clochemerle pour calmer le jeu. Les coucheries du village servent de détonateur à cette guerre de tranchée et en anime toutes ses étapes.
Bref, un vraie histoire de village racontée avec un humour subtil. Les dialogues entre la baronne et le curé sont burlesques, ceux entre la vieille fille acariâtre grenouille de bénitier et la plantureuse tenancière de la galerie commerciale sont impayables, les virées du notaire chez les prostituées de Lyon, la rencontre entre le préfet et l’évêque, la dégringolade du dossier Clochemerle dans tous les échelons de l’administration du ministre de l’intérieur… tout n’est que petits arrangements, intérêts personnels bien compris et coucheries bien organisées.
Gabriel Chevalier maîtrise admirablement la langue. Il joue sur les mots avec un cynisme joyeux et une habileté retorse. C’est un enchantement d’écriture, un joyau de gaieté, une plongée dans l’ironie. Tout cela est léger et malicieux et, finalement, révèle une admirable vision d’un peuple de « gaulois réfractaires ». Près d’un siècle plus tard, il n’y a guère une ligne à changer dans cette description, sauf peut-être que la violence a remplacé la légèreté.
Au Gabon, un clan de galonnés a mis fin un peu brutalement ce 30 août dernier au règne plutôt longuet de la famille Bongo, à la tête du pays depuis 1973. D’abord le père durant 42 ans puis le fils pour 13 ans jusqu’à ce pronunciamiento. Le leader de ce débarquement est le chef de la garde républicaine qui était chargée de protéger… la présidence. Il vient de se faire nommer président de la République.
Le fils Bongo venait lui de se faire réélire pour un troisième mandat au terme d’élections douteuses, comme elles l’ont toujours été dans ce pays dit « démocratique ». Il avait été victime d’un grave accident vasculaire cérébrale lors de son précédent mandat et il n’était probablement guère en état de gouverner. Assigné à résidence quelques jours il semble maintenant libre de ses mouvements. On l’a vu dans une vidéo assez pathétique appeler « ses amis » à « faire du bruit » pour protester contre ce coup d’Etat. Personne n’a crié bien fort jusqu’ici et peu de monde ne semble regretter ce départ du clan Bongo par la petite porte. La question qui reste à résoudre maintenant est de savoir si les galonnés seront aussi incompétents que la famille Bongo pour gouverner ce pays riche ?
Le Gabon caractérise jusqu’à la nausée les dérives de la « Françafrique » et les responsabilités sont largement partagées entre Paris et Libreville. C’est un émirat pétrolier très peu peuplé qui aurait dû être un Etat prospère s’il avait été géré avec un minimum de rigueur. Dès l’indépendance en 1960, le premier président, Léon Mba, doit être rétabli sur son trône par l’armée française après un coup d’Etat en 1964. Il gouvernera sous la tutelle de la France jusqu’à sa mort en 1967. Omar Bongo lui succède avec l’aval du général de Gaulle. Commence alors un long règne de prévarication et de compromission. Le développement de la production pétrolière attise les convoitises et accroit les moyens de corruption dans les mains du clan Bongo qui ne se prive pas de les utiliser au mieux de ses intérêts. Nombre de forbans et de partis politiques français semblent en avoir profité en plus des Bongo qui se sont constitué un patrimoine considérable à travers le monde. Cerise sur le gâteau, une partie de la dette gabonaise vis-à-vis de la France a été annulée, c’est-à-dire remboursée par les contribuables français… Et pour bien faire, les convictions religieuses de la famille semblent bien moins fermes que son avidité : en 1968 le patriarche se convertit à la religion catholique, puis à l’Islam en 1973. Albert devient Omar et fiston né Alain-Berard devient Ali. Le Gabon est toujours très majoritairement peuplé de catholiques et d’une minorité protestante, le tout fortement teinté d’animisme.
Bienvenue au Gabon dans le nouveau monde de la gouvernance militaire !
La France des plateaux télévisés est en émoi, empilant les émissions spéciales, les cagnottes diverses et les interviews de VIP franco-marocains ou d’origine marocaine (il y en a beaucoup), dégoulinant de compassion par suite du tremblement de terre dans la nuit de vendredi dans la zone de Marrakech. Tous ces communicants aux petits pieds s’étonnent que le Roi du Maroc n’ait pas encore « communiqué » sur cette catastrophe naturelle trois jours après le drame.
Evidemment, vue de Paris où n’importe quel élu de quartier pond des tweets ou des messages sur les réseaux dits « sociaux » comme la pluie tombait à Gravelotte, le plus souvent pour se mettre lui-même en valeur, un silence de plus de trois minutes face à un évènement aussi considérable est juste incompréhensible et ledit élu fait part de consternations sur… les réseaux dits « sociaux ».
En réalité, le souverain qui était en France le soir du drame est d’abord revenu rapidement dans son pays, puis il s’est mis à travailler avec ses ministres pour organiser l’après-séisme, puis il est venu visiter aujourd’hui les blessés sur place. Bref, il arbitré en faveur de faire son boulot plutôt que de diffuser à tout va des messages sans intérêt. Son choix ne semble pas mauvais et pourrait inspirer les élus et dirigeants français : faire le job pour lequel on est payé plutôt que de perdre son temps à comptabiliser ses « like » sur des messages stupides et sans intérêt.
Tout n’est pas bon à prendre dans la gouvernance marocaine, notamment la façon plus ou moins licite dont la famille royale a pu accumuler sa fortune considérable ou le sort que le père de l’actuel souverain réserva à ses opposants, mais au moins sur l’efficacité privilégiée sur la communication il y a matière à inspirer nombre de gouvernants républicains !
Palme d’or 2023 du Festival de Cannes ce film démonte la mécanique infernale du soupçon et de la justice qui écrasent une mère et son fils de 10 ans à la suite du décès du père et mari de façon violente. Est-ce un meurtre ou un suicide ? Si nous sommes dans le premier cas, la mère est-elle coupable ? Elle est en tout cas inculpée et voit ressortir toute sa vie au procès auquel assiste son fils qui devra lui-même témoigner.
Le fils était parti en promenade avec son chien au moment du drame, c’est lui qui retrouve le corps de son père au pied du chalet de montagne qu’ils habitent tous les trois, un peu loin de monde. Seul le couple était sur place. Elle est écrivaine à succès, lui cherche à l’être et est professeur. Le couple est déchiré depuis quelques temps : bataille d’égos, frustrations de créateurs, affrontement des ambitions, amour à la dérive, prétentions à l’exclusivité de l’amour du fils (qui subit son handicap à la suite d’un accident alors qu’il était sous la responsabilité de son père) …
Tous ces ingrédients de vies relativement ordinaires ressortent au procès, sont utilisés et abusés par un avocat général persuadé de la culpabilité de cette femme allemande, à la froideur toute germanique, contrecarrés par l’avocat de l’accusé, à moitié amoureux de sa cliente. On a même l’intervention au procès du psychanalyste du défunt qui dévoilent ce qu’il a compris de sa personnalité. Le rôle du gamin cherchant sa vérité dans ce drame dont il est un des acteurs est magnifiquement joué. La mère est acquittée, son fils est rassénéré. La justice a parlé mais le spectateur peut s’en faire une autre idée.
Un beau film sur le thème du déraillement de la vie lorsqu’un grain de sable s’y faufile, en l’occurrence la mort d’un homme, et sur tous ces petits détails insignifiants de nos existences de tous les jours qui peuvent nous revenir en boomerang lorsqu’un processus judiciaire devient nécessaire. Crime ou suicide, on ne sait forcément si la vraie vérité est conforme à la décision de la justice. Mais que ce soit l’une ou l’autre des deux hypothèses, les dommages sont irréparables pour les survivants qui vont sans doute traîner doutes et regrets pour encore longtemps. Il faut être fort pour continuer à vivre avec les suites d’un tel bouleversement.
On aurait pu se passer de la déclaration incendiaire de la réalisatrice contre la réforme des retraites en France lors de la cérémonie de remise de son prix à Cannes, dans un pays où la culture reste encore significativement subventionnée par les contribuables. Il faut bien trouver l’argent quelque part…
A la suite d’un tremblement de terre dans la zone de Marrakech au sud du Maroc vendredi dernier, dont le bilan est déjà de plus de 2 000 morts et est encore loin d’être définitif, des polémiques de plateaux télévisés se développent en France sur le fait que l’Etat du Maroc n’aurait pas encore officiellement demandé l’aide de Paris mais a cependant déjà accepté l’aide de différents autres pays dont le Royaume-Uni. La France (en tous cas ses journalistes) se sent insultée de ne pas être en tête de gondole pour dispenser son aide humanitaire et disperser ses spécialistes en catastrophes sismiques sur le terrain.
Les raisons de contentieux entre la France et le Maroc sont multiples depuis quelques années à commencer par la volonté française de réduire le nombre de visas octroyés aux citoyens marocains désireux de voyager ou de s’installer en France. Paris qui cherche également à ménager son ancienne colonie algérienne n’a pas reconnu la souveraineté du Maroc sur la Sahara occidental, ancienne colonie espagnole que la Maroc souhaite recoloniser à son profit sans consulter les populations locales comme le demande les Nations Unies et le frère ennemi, l’Algérie. Plus quelques détails comme celui qui voudrait que le Maroc aurait espionné le président français via le désormais célèbre logiciel espion Pegasus acquis auprès d’une société israélienne. Il n’est pas à exclure que la susceptibilité marocaine à fleur de peau explique que Rabat ne soit pas pressée de faire appel à la France compte tenu de tous ces contentieux en cours. Si tel était le cas, ce serait d’ailleurs plutôt une noble attitude à mettre au crédit du Maroc qui ne veut tendre la main à un pays qu’elle critique.
Le fond du problème est que la France ne sait pas arbitrer entre le Maroc et l’Algérie, les deux ennemis héréditaires du Maghreb. Ne voulant froisser ni l’une ni l’autre, particulièrement pour ce qui concerne le sujet du Sahara occidental, la France est fâchée avec les deux pays qui sont et resteront des sources de problèmes pour l’ancienne puissance coloniale (de l’Algérie) et mandataire (du Maroc). Même lorsque Paris veut rester neutre et s’en remet à l’ONU sur le sort du Sahara occidental, il prend des coups de part et d’autre. Mais la neutralité française dans cette affaire est la seule possible. Laissons donc le Maroc et l’Algérie régler leurs problèmes avec l’aide de l’ONU pour ce bout de désert contesté comme ce fut le cas pour mettre la fin à la « guerre des sables » entre les deux pays en 1964.
Si le Maroc peut gérer les suites du tremblement de terre avec l’aide des pays qu’il choisit, eh bien c’est parfait ainsi. L’essentiel est que les sinistrés marocains reçoivent l’aide qui leur est nécessaire sur la durée, que celle-ci soit française ou pas. Et si le Maroc ne souhaite pas bénéficier des apports de la France, eh bien il y a bien d’autres pays qui sont demandeurs. En matière d’aide post-catastrophes naturelles il y a insuffisance de l’offre, pas de la demande. Alors que Paris ravale son arrogance et envoie son aide humanitaire officielle ailleurs. En attendant il y a bien d’autres moyens privés pour aider le Maroc via des ONG ou des fonds privés et ils dont d’ailleurs déjà mis en œuvre sans se préoccuper des pudeurs diplomatiques de relations gouvernementales plus guidées par des querelles d’égos mal placées que par les véritables intérêts politiques des deux pays.
Cerise sur le gâteau : on apprend que le Roi du Maroc était en soins médicaux à… Paris le soir du tremblement de terre à Marrakech ! Il semble qu’il reste encore un peu de chemin à parcourir avant une véritable indépendance. Ces atermoiements politico-mondains ne semblent guère émouvoir les peuples si l’on en juge par l’importance du flux de migration du Maroc vers la France et, à l’inverse, du nombre de Français vivant au Maroc (on parle de plus de cinquante-mille migrants français au Maroc). Les chiens aboient, la caravane passe.
C’est un torrent de rock et de fraicheur qui a débordé sur l’arène de Bercy ce soir emportant tout sur son passage, le retour des Louise Attaque sur la route depuis fin 2022 a connu ici une apothéose.
La scène ronde surélevée est installée au milieu du parterre avec en son centre comme une immense manche-à-air installée verticalement entre sol et plafond. Et lorsque les lumières s’éteignent et que retentit un sonore « Paris » lancé par Gaëtan, la manche à air se relève en s’enroulant sur elle-même, dévoilant une petite estrade ronde supportant le batteur et les trois Louise historiques qui jaillissent aussitôt pour s’égayer sur la scène. Des pieds de micro sont installés à chaque quart de la scène et les musiciens vont s’y relayer pour faire face alternativement à chaque quart de public. Tous les deux ou trois morceaux, un roadie se faufile discrètement sur la scène pour faire réaliser un quart de tour à l’estrade du batteur qui a ainsi l’occasion de battre devant tous les spectateurs.
A peine toute cette installation stabilisée le groupe entame Amours. Gaëtan Roussel, grand gaillard, les veines saillantes sur son crane glabre, est habillé d’un blouson de cuir bicolor, bleu nuit et crème, et de sa guitare acoustique rayée de partout. Arnaud Samuel le violoniste porte une veste élégante et de grosses lunettes, Robin Feix est en tenue plus détendue derrière sa grosse basse acoustique sous une casquette de titi parisien. Le batteur est le jeunot du quatuor qui l’a rejoint en 2015 après le départ Alexandre Margraff.
A peine terminé Amours sur les chapeaux de roue, Gaëtan court partout en interpellant « Paris » avec qui il va dialoguer tout au long du concert, pour nous annoncer cette fois-ci que le groupe va rejouer intégralement son premier disque, « Louise Attaque », sortie il y a 25 ans, déjà. Le groupe était alors totalement inconnu et ce disque rock, chanté en français, aux textes malins, a été alors vendu à 2 ou 3 millions d’exemplaires, déclenchant une bordée de tubes inoubliables qui sont tous repris ce soir dans l’enthousiasme général : J’t’emmène au vent,Les nuits parisiennes, Fatiguante… Et puis quand Gaëtan annonce une « vieille copine » on sait qu’il va nous reparler de l’inoubliable Léa :
Léa Elle est pas terroriste Elle est pas anti-terroriste Elle est pas intégriste Elle est pas seule sur Terre Elle est pas commode Non, elle est pas comme Aude Elle est pas froide Elle est pas chaude pour une nuit, réaliste Elle est pas créditeur Elle est pas méchante Mais putain qu’est ce qu’elle est chiante…
Repris en chœur par tous ceux qui connaissent si bien la vieille copine Léa !
Sur Fatiguante, le final instrumental n’en finit pas lorsque Gaëtan nous crie « on est bloqués Paris, on est bloqués »… et de demander à la foule un gros effort pour crier et débloquer la machine. Et figurez-vous que cela fonctionne à la fin !
Sur le final de Cracher vos souhaits la manche à air est re-déroulée jusqu’au sol, cachant la batterie. Les 3 Louise restant tournent autour en chantant a capella, la voix de Gaëtan juste posée sur la petite ritournelle de violon. Et puis la manche à air est enroulée, il n’y a plus de batterie sur la scène mais une nacelle qui descend du ciel avec à bord, la batterie et un second guitariste, pendant que qu’émerge du sol un claviériste et ses claviers. Les deux nouveaux portent fièrement le masque de Louise avec ses grands yeux et ses cheveux roux qu’ils gardent pendant la chanson Sortir de l’ordinaire qui introduit cette deuxième partie comme le dernier disque « Planète Terre ».
Le set est plus électrique et puissant grâce à l’apport des deux musiciens additionnels. Sur La frousse, les trois anciens s’assoient sur la nacelle qui remonte à un mètre de hauteur pour la durée de la chanson. A l’atterrissage, chacun s’empare d’une guitare électrique pour une interprétation éblouissante de Si l’on marchait jusqu’à demain. C’est le seul moment où Arnaud laisse son violon, il est chargé de la petite ritournelle de guitare qui ponctue la chanson :
Avalé par des yeux immenses En parler comme si c’était les miens Nager dans tes yeux leur élégance Voilà que moi, je baisse les miens
Longer tes jambes, immenses Tout ça mais comme alors si de rien Et ta démarche, quelle élégance Si l’on marchait jusqu’à demain
Oui mon chapeau, c’est une évidence N’a rien à voir avec le tien Mais notre amour, notre exigence…
L’arène de Bercy transpire avec ses héros.
Mais la fin du show se profile, sur un Tu dis rien qui s’étire à l’infini, les deux nouveaux musiciens chaussent leurs masques de Louise et Gaëtan joue une dernière fois avec son public en lui faisant réaliser des Hola ! avec téléphones allumés. C’est joyeux et bon enfant, suivi de la longue présentation des musiciens et de tout le staff, un par un suivi d’un sonore « s’il vous plaît » pour provoquer les applaudissements délivrés de bon cœur par une assistance aux anges.
Pour le rappel, les 3 historiques sortent de terre sur la nacelle qui tourne sur elle-même, en chantant cette simple et mélancolique chanson, l’Insouciance, trois notes de bass et une ritournelle de violon.
Ressentir petit à petit Plonger sans trouver d’abri Et l’insouciance qui me fuit Sentir son coeur qui s’amoindrit Il est si tard aujourd’hui Pas envie, pas envie, pas envie Et l’insouciance qui me fuit Voila le train qui me conduit
Et puis comme personne n’arrive à partir, le groupe reprend J’t’emmène au vent, à six cette fois-ci, et termine le morceau dans la fosse en une longue chenille qui chemine au milieu des fans repus et débordant de bonheur, avant de disparaître par l’une des portes du fond avec un puissant « Paris on vous aime ».
Ce groupe singulier et sympathique a marqué encore une fois par la qualité de sa musique et de ses textes, ainsi que par l’enthousiasme qu’il partage sur scène et déclenche dans les gradins. Une délicieuse soirée musicale !
Setlist
Set 1 : album Louise Attaque
Amours/ J’t’emmène au vent/Ton invitation/ La Brune/ Les nuits parisiennes/ L’imposture/ Savoir/ Arrache-moi/ Léa/ Fatigante/ Tes yeux se moquent/ Vous avez l’heure/ Toute cette histoire/ Cracher nos souhaits
Set 2 :
Sortir de l’ordinaire/ Nous, on veut vivre nous/ La frousse/ Si l’on marchait jusqu’à demain/ Lumière du soir – Lumière du jour/ Si c’était hier/ Avec le temps/ Tu dis rien
Encore :
L’insouciance/ J’t’emmène au vent
Warmup : Manon Bouquet présente Réalité dans lequel 3 danseurs et 2 danseuses sont lancés dans cet espace circulaire et tournicotent autour de la manche à air sur un fond musical dans une sorte de danse mi-contemporaine mi-hip-hop, pas désagréable à regarder.
C’est une fin violente qui a finalement été réservée au Russe Evgueni Prigojine : l’avion privé dans lequel il était monté avec tout son état-major pour voyager entre Moscou et Saint-Pétersbourg est « tombé » en flammes au milieu du chemin. Personne ne se fait guère d’illusions sur l’origine de cet « accident » très probablement voulu et provoqué par le Kremlin. L’homme avait en effet mené, à la tête de son armée de mercenaires, une tentative de putsch le 24 juin à laquelle il met fin dans la journée après que sa troupe de forbans marchant vers Moscou abatte quelques avions et hélicoptères de l’armée russe officielle qui cherchaient à l’arrêter et sans que l’on ne connaisse vraiment les dessous de la négociation menée entre Prigogine et le pouvoir russe pour aboutir à cette issue inattendue.
Prigogine était un repris de justice (12 ans de prison pour brigandage et escroquerie) qui s’était recyclé dans la restauration ce qui lui permit de se rapprocher du président russe Poutine et d’emporter des contrats importants pour le catering de l’armée. A partir de 2014, il crée une société de mercenaires qui s’implante en Afrique, prestant un service de sécurité aux Etats locaux en échange de concessions minières octroyées à ses sociétés. Il a créé ce business avec un associé, également tué dans l’avion « tombé » en flammes, admirateur de l’idéologie nazi et arborant des croix gammées tatouées sur le cou, se faisant appeler « Wagner » de son nom de guerre en hommage au compositeur allemand chéri des hitlériens et qui sera également retenu pour désigner les mercenaires de Prigojine : « les Wagner ». Lorsque la guerre d’Ukraine s’aggrave avec l’invasion de février 2022, une partie de ses troupes sont rapatriées sur le front ukrainien où elles se distinguent par leur violence et leur sauvagerie.
On se souvient notamment de l’exécution d’un de ses mercenaires, coupable de trahison, à coup de masse sur la tête, dont les images ont été abondamment diffusées sur les réseaux dits « sociaux » et au sujet de laquelle M. Prigogine avait publié ce commentaire :
Il n’a pas trouvé le bonheur en Ukraine et a fini par rencontrer des gens durs mais justes. Ce film devrait s’appeler “une mort de chien pour un chien”. Excellente réalisation, qui se regarde d’un souffle. Aucun animal n’a souffert durant le tournage.
Evgueni Prigogine
Par suite de cette communication du genre cynique, le Kremlin lui avait sans doute demandé d’être un peu plus discret dans ses commentaires car il déclarait quelques jours plus tard que, finalement, « les Wagner » respectaient la loi… La masse est devenue ensuite l’emblème du « groupe Wagner ».
Prigojine s’est aussi distingué durant la participation de son groupe à la guerre d’Ukraine car il avait reçu le pouvoir de recruter ses troupes dans les prisons russes en échange d’une amnistie. On le voit ainsi sur des vidéos publiques dans les cours de prison proposer ce choix aux prisonniers dont certains criminels condamnés à de lourdes peines. Beaucoup sont morts au combat car Wagner ne ménageait pas trop ses hommes selon les vieilles habitudes soviétiques, les combattants n’étant que des inputs comme les autres. On a aussi beaucoup vu le chef de Wagner se mettre en scène en tenue de combat, arme à l’épaule, faire des sorties à l’encontre de l’armée officielle russe dont il accusait l’état-major et le ministre de la défense d’être incompétents et responsables de la mort de ses hommes par leur refus d’approvisionner suffisamment en armes et en munitions.
Bref, Evgueni Prigojine n’était pas vraiment un poète et il est mort par où il a péché : la violence et la félonie. Après avoir trahi le président Poutine et son pouvoir en marchant sur Moscou, personne ne donnait bien cher de sa survie tant la traîtrise n’est pas tolérée en Russie pas plus qu’elle ne l’était en Union soviétique.
Björk a délivré ce soir un show féérique dans l’arène de Bercy. La tournée de son spectacle Cornucopia avait été lancée en 2019 puis interrompue pour cause de pandémie avant d’être remodelée et relancée en Europe en ce mois de septembre. Les spectateurs sont avertis, il n’y a pas de première partie, il faut donc arriver à l’heure. En s’installant ils découvrent la scène masquée par un rideau de filins souples sur lequel est projeté une des images étranges qui peuplent l’univers éco-poétique de l’artiste, une sorte de gorgone sous-marine en couleurs pastel, pendant que sont diffusés les bruits de la jungle avec des cris d’oiseaux mélodieux.
On voit derrière en transparence et toute la soirée sera un jeu permanent d’ouverture/fermeture des différents niveaux de rideaux s’étageant sur la largeur de la scène et sur lesquels sont projetées les vidéos fantasmagoriques de l’univers de Björk depuis la sortie de ses deux derniers albums Utopia (2017) et Futura (2022). Ce dernier est basé sur l’inspiration nouvelle trouvée par l’artiste dans les champignons et la terre quand Utopia parlait de la recherche de l’amour, l’urgence écologique, le féminisme et l’exploration de l’utopie.
Au sujet de Futura, écrit et enregistré en Islande durant les confinements des années 2020-2021, elle écrit :
Chaque album commence avec un sentiment que j’essaie de transformer en son. Cette fois, le sentiment était que j’arrivais sur Terre et que j’enfonçais mes pieds dans la terre. C’est aussi lié à la façon dont j’ai vécu l’instant présent. Cette fois, 7 milliards d’entre nous en ont fait l’expérience en restant dans nos maisons, en nous isolant assez longtemps dans un seul et même endroit pour que l’on prenne racine.
Lorsque les lumières s’éteignent Björk et ses musiciens restent derrière le rideau frangé avant que celui ne s’entrouvre et laisse apparaître une scène divisée en deux pétales de nénuphar comme posés sur un lac, un peu décalés dans l’espace en hauteur et en largeur, et sur lesquels se succéderont les artistes. Une petite avancée circulaire au-dessus de la foule accueillera Björk ou l’un de ses musiciens au fil des morceaux. La disposition du parterre de Bercy est en places assises, pas d’excitation ni d’hystérie, juste la méditation que provoque la musique de l’artiste.
Sur la gauche des feuilles de nénuphar trône le percussionniste devant ses caisses et des xylophones étranges. Sur une chanson il mènera le rythme sur une espèce d’aquarium sonorisé en provoquant des effets d’eau qu’il fait couler depuis des calebasses qu’il manipule. Sur la droite se trouvent le claviériste et ses ordinateurs. Les autres musiciens sont composés par le sextet islandais de flutistes-danseurs Viibra et d’une harpiste. Les flûtes sont traversières et certaines sont singulières, la partie dans laquelle on souffle étant coudée à 180° par rapport au reste de l’instrument. Ces flutistes sont costumés de blanc, leurs atours, spécifiques à chacun d’eux, les font ressembler à des libellules ou des oiseaux plein de pureté.
Björk est habillée d’une robe bleue qui l’enserre de la tête aux pieds avec des excroissances en forme d’épaulettes, un drapé sur les jambes, un masque bleu-vert autour des yeux, descendant du front aux pommettes et, sur le ventre et le torse, comme un pétale d’hibiscus avec un grand dard dressé au milieu, au relent phallique et reproducteur peu caché, qu’elle portera fièrement durant tout le show.
Le concert débute sur trois morceaux d’Utopia et dès les premières notes de The Gate on plonge dans la musique particulière de la voix de Björk, douce et métallique, sans vibrato, qu’elle porte parfois à un paroxysme d’aigus :
My healed chest wound Transformed into a gate Where I receive love from Where I give love from
And I care for you, care for you I care for you Care for you, care for you
Ovule est la première référence à l’album de 2022 puis on remonte aux albums Début de 1993 avec Venus as a Boy et Medulla (2004) avec Show me Forgiveness avant de revenir à ses thèmes et disques plus récents : l’amour et la rencontre (Pagan Poetry), la souffrance (Losss), le désir (Blissing Me), la nature et les racines (Fossora), les origines (Sue me), le patriarcat (Tabula Rasa)…
Chaque chanson est une chorégraphie en soi, un enchantement de projections sur les voiles vaporeux qui créent un environnement poétique céleste. On ne comprend pas grand-chose à ces formes qui se créent sous nos yeux, grossissent, rampent, s’absorbent de façon un peu inquiétante mais nimbées de couleurs douces et rassurantes. On n’arrive guère à qualifier cette musique éthérée, entre jazz et électro. Est-elle harmonieuse ? Est-elle rythmée ? Elle est Björk, tout simplement et nous transporte dans le monde si original et personnel fruit de l’imagination débordante de sa créatrice et de ceux avec qui elle collabore pour produire ses disques et ses spectacles.
Avant que les musiciens ne reviennent pour le rappel, un discours de Greta Thunberg est projeté sur le rideau. Puis Björk revient habillée d’une robe classique crème à laquelle sont accrochées des tiges supportant des pétales de fleurs blanches sur le haut du corps et ce qui ressemble à des plumes qui entourent ses jambes. Le show se termine sur Notget, une ode à l’amour comme remède à la mort :
we carry the same wound but have different cures similar injuries but opposite remedies
after our love ended your arms don’t carry me without love i feel the abyss understand your fear of death
i will not forget this not get will you not regret having love let go after our love ended
your spirit entered me now we are the guardians we’ll keep her safe from death
love will keep us safe from death
Et Björk quitte la scène sur un cri en français : « merci beaucoup ».
On n’est pas sûr d’avoir tout compris ni des mots, ni de la musique, ni des images, mais on a tous été transportés dans l’univers onirique de cette artiste si particulière et, après tout, c’est l’essentiel. Et puis, le nom donné à cette tournée, Cornucopia, est le mot latin qui veut dire « corne d’abondance », tout n’est donc pas perdu.
Setlist
01. Family (intro)/ 02. The Gate/03. Utopia/ 04. Arisen My Senses/ 05. Ovule/ 06. Show Me Forgiveness/ 07. Venus As A Boy/ 08. Claimstaker/ 09. Isobel/10. Blissing Me/11. Arpegggio flute solo//12. Victimhood/ 13. Fossora / Atopos/ 14. Features Creatures/15. Courtship/16. Pagan Poetry/17. Losss/18. Sue Me/ 19. Tabula Rasa
Jean Hougron (1923-2001) a passé cinq années aventureuses en Indochine à partir de 1947. Commerçant, puis chauffeur de camion, puis planteur de tabac, puis marchand de bière… il parcourut le Laos, le Cambodge, la Chine, la Thaïlande à une période où la rébellion contre la colonisation française commençait à se lever. Il en revint avec des notes qui allaient fonder son œuvre « La nuit indochinoise », une somme de sept épisodes pus ou moins indépendants, dont « Rage blanche » est extrait. Avec Jean Lartéguy, Hougron est devenu l’un des auteurs clés de la vie des colonies françaises dans la seconde moitié du Xxème siècle, toujours entre guerre et commerce, tiraillées entre indépendance et compromission.
Ce roman raconte l’histoire d’un colon français, Legorn, exploitant une ferme dans les hautes vallées du Laos. Dès les premières pages on apprend que sa femme et leur fils sont morts au cours d’une attaque sur la piste les menant de Vientiane à leur village. Il va enquêter pour savoir qui a mené cette attaque : les rebelles du Vietminh ou un colon concurrent de sa vallée.
Et l’enquête nous amène à plonger dans le monde interlope où évoluent colons européens et colonisés asiatiques. Ce ne sont que basses histoires d’intérêts contradictoires, de commerces douteux (le business d’opium n’est jamais loin), de pouvoirs contestés et contestables, mais aussi de courage pour développer des activités dans des conditions difficiles. Il y a de rapides fortunes qui se créent et des faillites retentissantes qui dépouillent. Souvent la vie des acteurs ne tient qu’à un fil.
C’est une espèce de far West asiatique magnifiquement rendu par le style de Hougron décrivant précisément l’atmosphère chaude, humide et malsaine de ces tropiques, perceptible en tournant les pages. Pour sont qui ont déjà été victime de crise de paludisme, sa description de telles crises est stupéfiante de réalisme.
Hougron retrace une époque révolue qui a marqué l’histoire de France et l’esprit d’aventure de certains de ses citoyens, pour le meilleur et, souvent, pour le pire.
Au cœur de la charmante petite cité bretonne de Pont-Aven dans le Finistère sud, son musée retrace l’histoire des peintres qui sont venus s’y inspirer et créer de nouveaux styles pour dépasser l’impressionnisme. Les artistes ont été touchés par la symphonie des lumières, l’estuaire de l’Aven changeant au gré des marées, les magnifiques paysages maritimes adoucis sur les rives du golfe et l’accueil chaleureux de la population qui met aussi à profit la fréquentation de ces artistes bohèmes pour développer hôtels et bistrots. C’est l’américain Robert Wylie qui inaugure le lieu dès les années 1860, provoquant l’arrivée de nombre de ses collègues anglo-saxons. Puis Gauguin (1848-1903) rendit célèbre Pont-Aven où il séjourna à plusieurs reprises entre ses voyages en Polynésie.
Le peintre Maurice Denis (1870-1943) a théorisé ce nouveau style avec Paul Sérusier, Gauguin et d’autres, qualifié de « synthétisme ». C’est comme un passage de l’impressionnisme vers l’abstraction, une sortie du carcan de l’académisme de l’époque. Les toiles sont en « deux dimensions », les personnages sont vaguement dessinés sans plus de précision qu’un liseré noir qui en marque le contour, les paysages sont des plaques de couleurs réunies entre elles (parfois « cubistes »), la perspective est étouffée dans l’ensemble.
A la fin du XIXème siècle, une quête de mysticisme saisissait le monde artistique dont Gauguin fut l’un des plus célèbres parangons, se représentant parfois avec le Christ comme dans les célèbres tableaux de 1889 « Portait de l’artiste au Christ jaune », inspiré du Christ en croix de couleur jaune que l’on peut toujours voir à la Chapelle de Trémalo dans un petit bois au-dessus de Pont-Aven, ou du « Christ vert », reprenant le calvaire de l’église de Nizon un peu plus loin sur la commune de Pont-Aven.
Maurice Denis, Paul Sérusier et Paul Gauguin vont faire prospérer ce qui deviendra « l’école de Pont-Aven » à l’orée du XXème, à la fois quête de spiritualité et innovation artistique. Le petit bourg est ponctué de panneaux scriptovisuels devant les situations que l’on retrouve sur leurs peintures : les lavandières sur l’Aven, les baigneuses dans le Bois d’Amour, les moulins à grains au bord de l’eau…
Un peu plus tard, le poète breton Xavier Grall (1930-1980) poursuivra cette quête mystique à travers ses mots. Il est aussi fêté dans la ville avec un parcours dédié.
Nous referons cette Cornouaille mortelle, secrètement dans le lit des hautes herbes. Et ton corps aux semences mélangées engendrera tout un pays de fougères et de genêts.
Xavier Grall
Bien sûr, le modeste musée de Pont-Aven n’a pas pu acquérir les toiles que ces géants y ont peintes. Il expose néanmoins des tableaux intéressants d’artistes moins connus et les utilisent pour retracer le destin de cette petite cité du Finistère sud, endormie au bord d’une charmante rivière donnant sur l’océan, qu’un improbable hasard et l’exceptionnelle créativité des peintres qui l’ont découverte il y a plus d’un siècle, ont transformée en source d’inspiration pour une génération d’artistes majeurs.
Artistes Voyageuses
Une exposition temporaire est consacrée aux « Artistes voyageuses » de la fin du XIXème jusqu’à 1944. Les femmes ont alors des droits civiques limités. Elles ne peuvent notamment pas accéder à l’Ecole des Beaux-Arts. Certaines, précurseurs, vont secouer l’immobilisme de la société de la IIIème République et, en 1900, un atelier de peinture réservée aux femmes est ouvert aux Beaux-Arts dont nombre de nos artistes voyageuses sont issues.
Ces femmes valeureuses sont parties découvrir le monde, principalement eu sein de l’empire colonial qui s’étendait de l’Afrique à l’Indochine en passant par des possessions dans l’océan Indien.
Elles en ont rapporté des tableaux, des photographies et des récits. Alexandra David-Neel fut la première femme à rentrer dans Lhassa au tibet en 1924. Isabelle Eberhardt s’est attachée à sa découverte de l’Algérie en se convertissant à l’islam, en parlant arabe, en parcourant le désert en tous sens habillée en homme, y croisant Lyautey et en déplorant les méfaits de la colonisation avant d’être emportée par la crue d’un oued en 1904.
Ces femmes ont beaucoup peint et dessiné. Des podcasts sont mis à disposition des visiteurs qui peuvent écouter des extraits de leurs récits. Le musée expose certaines de ces œuvres qui ont aussi aidé à faire connaître l’ailleurs et, parfois, à dévoiler la triste situation de la colonisation, largement cachée par les expositions coloniales.
Marguerite Duras raconte ici un conte écrit en 1990 à la suite du film « Les Enfants » qu’elle a réalisé en 1984. Nous sommes sans doute dans les années 1970-1980 et c’est l’histoire trouble et étrange d’une famille pauvre, immigrée d’Italie (le père) et du Caucase (la mère), à Vitry et dont les sept enfants déscolarisés traînent pendant que les parents s’alcoolisent au bistrot, et dont le frère et la sœur aînés, Jeanne et Ernesto, vivent un amour insensé et incestueux.
Ce dernier ne veut pas aller à l’école pour apprendre « des choses qu’il ne sait pas » et préfère s’instruire de lui-même. Son instituteur dont il a déserté la classe a identifié son potentiel et vient, par amitié, donner des cours particuliers à la fratrie désœuvrée (les « brothers and sisters ») pendant qu’Ernesto continue à lire des livres pour découvrir le monde. Il parle avec sa mère qui ne s’est jamais remise d’un amour perdu dans un train de Sibérie. Il subit son père, handicapé qui n’a jamais travaillé. Il voit la ville de banlieue s’urbaniser et se transformer en se déshumanisant, la vieille autoroute est détruite pour construire des barres HLM.
Il y a beaucoup de larmes dans cette famille, mais aussi d’amour et de regrets. Et d’admiration à l’égard d’Ernesto en qui tous mettent leurs espoirs pour sortir de la misère. Un livre surtout semble le fasciner, on suppose qu’il s’agit de la Bible, Ancien Testament, puisqu’il parle sans cesse des rois d’Israël. Puis il aborde la chimie, la philosophie allemande, se désole de « l’inexistence de Dieu » et progresse comme autodidacte de la connaissance avec des dons surnaturels. Ce savoir qu’Ernesto acquiert va l’amener à quitter sa famille et sa sœur aimée. Cette perspective les terrorise et on apprend à la dernière page qu’elle se réalise déclenchant un cataclysme familial.
Ce livre obscur mêle les thèmes la lutte des classes selon Duras et de l’émancipation par l’éducation. Il est probablement volontairement confus. Pas facile à lire !
Sortie : 1997, Chez : Editions de Fallois / Fayard.
C’est le deuxième tome des trois rédigés par Alain Peyrefitte (1925-1999), homme politique et écrivain, qui fut ministre de l’information et porte-parole du gouvernement à partir de 1962 pour cinq ans avant de poursuivre une carrière ministérielle jusqu’en 1981. C’est au titre du porte-parolat du gouvernement de De Gaulle et qu’il aura des entretiens particuliers avec le Général après chaque conseil de ministres. En tant que ministre de l’information il était le seul autorisé à prendre des notes en conseil des ministres. Dès sa prise de fonction gouvernementale il décide de consigner pour l’Histoire tous ces entretiens qu’il publie dans les trois volumes de « C’était de Gaulle ».
« Après avoir donné l’indépendance à nos colonies, nous allons prendre la nôtre »
Ce volume commence par traiter de la politique d’indépendance vis-à-vis des Etats-Unis qui inspira de Gaulle tout au long de ses années de pouvoir : alliance, certainement oui, mais indépendance du commandement militaire français qui ne doit pas dépendre de Washington pour la défense de la France ; d’où le développement de la force nucléaire française et la sortie du commandement intégré de l’OTAN et à sa conséquence immédiate : le démantèlement des bases américaines présentes sur le sol français depuis l’après-guerre. Obnubilé par l’objectif de rétablir la grandeur de la France après le désastre de 1940 il est guidé par cette nécessité.
La grandeur c’est le chemin qu’on prend pour se dépasser. Pour la France c’est de s’élever au-dessus d’elle-même, pour échapper à la médiocrité et se retrouver telle qu’elle a été dans ses meilleures périodes.
22/03/1964
« Il faut que les Américains s’en aillent »
Il n’est pas certain que si « les soviets » envahissaient l’Europe les Etats-Unis viendraient automatiquement son secours, malgré les accords, alors il veut une France indépendante capable d’appuyer sur le bouton nucléaire toute seule et être ainsi sanctuarisée.
Aujourd’hui, la guerre atomique remet en cause tous les engagements. Vous imaginez un Président des Etats-Unis prenant le risque de condamner à mort des dizaines de millions d’Américains en vertu d’un traité d’alliance ? Comment voulez-vous être sûr que le Président des Etats-Unis pressera sur le bouton, si le destin du peuple américain n’est pas directement menacé ? On peut être sûr du contraire.
29/09/1963
Les institutions
Sa volonté d’indépendance s’élargit aussi à la fonction présidentielle qui doit être libre des querelles partisanes, d’où la modification de la constitution de 1962 pour établir l’élection du président au suffrage universel : « le pouvoir de doit dépendre d’aucun parti, y compris celui qui se réclame de moi. »
Il règle au passage son sort au quinquennat mis en place en 2000 par l’un de ses lointains successeurs, Jacques Chirac :
Le risque, si on fait coïncider l’élection présidentielle et l’élection législative, c’est que la Président devienne prisonnier de l’Assemblée, c’est-à-dire des partis. Les deux consultations, dans la foulée, résulteraient de combinaisons électorales. … Il n’y a pas forcément accord parfait entre la majorité qui a élu le Président et la majorité législative. Mais le Président doit pouvoir se tirer d’affaire tant qu’il n’est pas désavoué par le peuple.
30/04/1963
Dans l’atmosphère plus détendue de ses entretiens entre quatre yeux avec Peyrefitte, le général se laisse aller à quelques jugements définitifs, mais toujours clairvoyants, sur la presse notamment (« en réalité ce sont des décadents. Ils présentent toujours le côté catastrophique, misérable et lamentable des choses. C’est une tendance qui a toujours caractérisé les décadents ! »), l’Algérie indépendante, certains de ses collègues présidents d’autres pays, l’Eglise de France (« ce n’est pas le patriotisme qui l’étouffe. »), les partis politiques… C’est toujours succulent.
François Mitterrand qui se présente aux élections présidentielles de 1965 en prend pour son grade lorsque de Gaulle raconte son passé vichiste (« Il avait travaillé pour Vichy avec tant de zèle que ça lui a valu la francisque. Il était entré dans ce corps d’élite. »), ou leur rencontre à Alger à l’hiver 1943-44 où le général lui propose de rejoindre une unité combattante, ce qu’il refuse. Il le qualifie de « Rastignac de la Nièvre » ou « d’arsouille ». Et alors que Mitterrand nommé secrétaire général intérimaire du ministère des Anciens combattants et Prisonniers (il s’est ensuite prétendu ministre) organise des manifestations à la libération pour obtenir la tête de son propre ministre (Henri Frénay), il est convoque par de Gaulle au ministère de la Guerre qui lui a laisse deux solutions : soit il n’est pas responsable des manifestations organisées par son mouvement et il exige sa démission immédiate, soit il est le chef et il signe immédiatement l’engagement aujourd’hui, sinon de Gaulle le met en état d’arrestation à la sortie de ce bureau. Mitterrand a opté pour la seconde alternative…
« Il faut bien que l’intendance suive »
En 1964, avec Giscard d’Estaing ministre des finances, il met en place un plan de stabilité destiné à rétablir l’équilibre du budget et de lutter contre l’inflation.
La rigueur s’impose à tous. Ce n’est pas seulement un problème d’équilibre des dépenses et des recettes, mais il faut que la part de l’Etat dans l’économie soit contenue. Sinon on va non seulement vers une inflation proprement dite qui emporte la monnaie, mais vers une inflation du rôle de l’Etat au sein de la société. Nous avons atteint une limite qu’il ne faut pas dépasser. L’Etat doit veiller aux équilibres ; à plus forte raison, il ne doit pas lui-même mettre en danger l’équilibre par sa propre masse.
02/04/1964
A cette époque les prélèvements obligatoires représentaient 34% du PNB, elles en représentent aujourd’hui plus de 55%…
Les autres thèmes abordés dans cette première moitié des années 1960 sont tous aussi passionnants : les premières actes postindépendance des anciennes colonies africaines, leurs coups d’état, les interventions militaires françaises pour y « remettre de l’ordre », l’Algérie bien sûr qui se débat dans ses contradictions internes tout en continuant à lorgner vers Paris, l’aide au développement à ces pays neufs, la communauté européenne à six membres et ses luttes intestines pour la défense des intérêts de chacun, la relation franco-allemande après le départ du Chancelier Adenauer et la signature du traité de l’Elysée, l’engagement américain au Vietnam qui s’intensifie, sans oublier les questions internes, la transformation de la France rurale, l’émergence du premier ministre Georges Pompidou qui succédera au général, tant d’autres sujets qui sont ceux d’un pays en pleine restructuration, dirigé par un homme de grande valeur.
Ces conversations dévoilent un président conscient de sa valeur, sûr de ses objectifs dont la finesse d’analyse et de jugement inspirent de l’admiration, dont l’intelligence supérieure force le respect quand on le voit maîtriser de haute main des sujets dont il n’est pas si familier, et ne délaissant pas un humour dévastateur ce qui ne gâche pas les choses.