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  • A la soupe

    Nos politicards sont incorrigibles, devant les offres de maroquins proférés par la droite, ils frétillent tels des gardons dans un bocal, ils n’en peuvent plus de faire des rodomontades avant d’accepter les honneurs. Mais ils vont se faire croquer telles des souris qui se goinfreraient du fromage servi par le chat.

  • Corrida & cie

    Le bon peuple espagnol se fait encorner à Pampelune par des taureaux en fureur lâché dans les rues et les vapeurs d’alcool de la soirée précédente : traditions et arriération font souvent bon ménage.

  • Viva Madonna

    Une incroyable version de La Isla Bonita pour le final du Live Earth de Londres ce soir. Madonna est apparue avec un duo guitare/violon de vieux gitans complètement azimutés, les Gogol Bordello, récupérés on ne sait où mais qui ont fait spectacle redoutable sur ce vieux classique.

  • Renvoi d’ascenseur

    La France propose la candidature de Strauss-Kahn pour la tête du FMI : entre coup de Jarnac et illusion sur la puissance de notre nation à imposer qui que ce soit dans cette institution, Sarkozy s’agite pour occuper l’espace.

  • Rock’n’Roll 39-59

    Rock’n’Roll 39-59

    Très belle exposition à la Fondation Cartier : Rock ‘n’ Roll 39-59 sur les origines de cette musique dans l’Amérique des années 40-50.

    L’après-guerre outre-Atlantique voit foisonner les innovations musicales en même temps que se libèrent les mentalités. Les rythmes du blues des noirs du Sud profond élaboré dans les champs de coton vont influencer pour toujours le Rock ‘n’Roll en gestation dans les villes blanches. Le blues qui leur a fait endurer les souffrances de l’apartheid sera l’un des véhicules de leur reconnaissance et une incroyable revanche sur le monde blanc de par sa paternité incontestable sur le Rock. L’exposition montre photos, juke-box étincelants, un studio d’enregistrement, une Cadillac arrondie, des coupures de presse de l’époque crachant leur venin sur cette musique dépravée, et un superbe film Rock‘n’ Roll The Early Days où se croisent Fats Domino et Little Richard, Elvis bien sûr et Buddy Holly. A ne manquer sous aucun prétexte.

    Décidément cette Fondation Cartier pour l’Art Contemporain présente une programmation de plus en plus riche. Un musée dans la librairie duquel trônent en bonne place des poésies de Patti Smith ne peut pas être un mauvais endroit ! Et le visiteur repart avec Auguries of Innocence de William Blake dans sa besace.

  • FOREST Philippe, ‘Tous les enfanst sauf un’.

    Sortie : 2007, Chez : .

    Après la mort tragique de sa fille il y a dix ans emportée par un cancer foudroyant, Philippe Forest a écrit deux romans sur la barbarie révoltante que représente la mort d’une enfant de trois ans. Cette fois-ci il s’attaque à un essai où dans un style plutôt froid il démonte les mécanismes de la douleur et son environnement : l’hôpital, le refus de la mort dans notre monde moderne, la commercialisation de la douleur, l’anormalité du malheur, le sens d’écrire (comme une fidélité et non une thérapie). Toute entier, et pour toujours, habité par cette tragédie, il a titré son livre de la phrase extraite de Peter Pan :

    Tous les enfants, sauf un, grandissent.

    inscrite sur la tombe de sa fille.

  • Angot Christine, ‘Rendez-vous’.

    Sortie : 2006, Chez : . Les confessions impudiques d’une femme amoureuse d’un homme qui ne l’est pas. Entre eux il y le livre qu’écrit Christine Angot en direct sur cette désespérance, comme une bouée lancée dans l’océan en furie de la passion à sens unique. L’écriture n’est que ce qu’elle est, pouvant déclencher l’admiration mais rien d’autre. Le style est plutôt direct, peu littéraire, mais l’excitant est de savoir écrire sur soi-même dans l’immédiateté, démonter ses névroses, transcender ses échecs amoureux. Christine y réussit plutôt de façon plaisante.

  • Lou Reed – 2007/06/26 – Paris le Palais des Congrès

    Lou Reed – 2007/06/26 – Paris le Palais des Congrès

    – Hey Lou Reed/ Do you hear me?/ I don’t want to be no one…/ Does it get cold and alone/ When you’re all on your own in NYC?/ Lisa says, Caroline says, Candy says she wants to be with me…

    chante The Servant  sur son dernier disque sorti en 2006, How To Destroy a Relationship. L’influence morbide du poète new-yorkais est toujours prégnante sur la musique d’aujourd’hui…

    Ce soir Lou Reed plante son décor au Palais des Congrès à Paris pour y jouer l’intégrale de Berlin, plus de trente années après sa sortie. Berlin, une ville où Lou n’avait jamais mis les pieds avant d’écrire son chef d’œuvre, Berlin le disque le plus déprimant de l’histoire du Rock ‘n’ Roll, mais Berlin la pièce maudite de l’un des artistes le plus influent de son temps.

    Ce soir Lou Reed nous rejoue le disque de nos nuits d’encre. Il a rameuté Steve Hunter, le guitar-hero de Rock and Roll Animal, le virtuose démoniaque de l’intro légendaire de Sweet Jane ! Bob Ezrin le producteur de l’époque est de la partie, Julian Schnabel a tourné un documentaire sur les shows de New York qui sera présenté aux festivals du film de Venise et de San Sebastian, Emmanuelle Seigner la nouvelle égérie rock underground (chanteuse du groupe Ultra Orange, sévèrement inspiré par le Velvet, et femme de Roman Polanski) joue Caroline dans les films projetés durant le concert, et nous, les purs, sommes là à nous presser dans les escaliers de cette salle généralement consacrée aux assemblées d’actionnaires… Mais après tout, nous détenons des titres sur la Lou Inc. depuis le temps que cet artiste diabolique capte nos investissements émotionnels et nous en reverse les dividendes de sang et de larmes.

    Un chœur d’adolescentes, des cuivres et des cordes viennent adoucir l’électricité et enrober la voix chevrotante de celui qui va nous narrer une fois encore l’histoire sordide et blafarde de Jim et Caroline.

    Le concert démarre sur les accords de Steve, à la guitare acoustique, coiffé d’un bonnet de marin breton et d’une blouse d’hôpital psy bleu pâle, accompagnant les vestales sur le refrain de Sad Song. Le ton est donné : triste ! Puis vient le piano bastringue émergeant d’un cabaret berlinois interlope où se pressent espions, putes et Gi’s :

    In Berlin/ By the wall/ We were five foots ten inches tall/ It was very nice/ Candelight and Dubonnet on ice

    Et Jim et Caroline nous entraînent à la suite de leur histoire d’amour underground et son cortège de jalousie, de violence, de drogue, de déchirure et de mort. Une atmosphère glaçante et parfaitement rendue par un son épuré et simpliste au milieu d’une mise en scène statique et quasiment sans éclairage. Les jeunes chanteuses en aubes falotes ondulent au long des mesures marquées par la voix profonde de Lou. L’ambiance cathédrale de la salle donne à l’ensemble un air de messe maudite. On dirait que la musique s’échappe de catacombes où seraient entassés les ossements blanchis d’une époque révolue, pour atteindre nos cœurs corrompus par le temps. Une époque où violence et poésie savaient encore se marier, où des artistes pouvaient écrire la vraie vie et en tirer de purs sanglots.

    Les rumeurs les plus folles ont couru sur les conditions d’enregistrement de ce disque : Lou perdu dans les drogues, Ezrin en dépression à l’issue des sessions, les cris déchirants de ses propres enfants appelant leur mère, enregistrés sur The Kids. Et l’album est devenu une icone majeure de l’œuvre de Reed qui a marqué et marque encore des générations de musiciens et d’amateurs éclairés.

    Et alors que Jim et Caroline entament leur descente vers les abysses, le Maître nous fait défiler les 10 titres ce cet album d’exception. Men of Good Fortune est un must. L’enchaînement Caroline Say II / The Kids / The Bed / Sad Song est une douleur infinie qui nous vrille l’âme, alors que nous accompagnons Caroline au bout de sa route ; ses enfants enlevés, ses poignets ouverts, sa vie s’en va dans un flot de sang et notre stupeur est à la hauteur de ce désastre : And I said oh oh oh oh oh oh what a feeling.

    Comment des mélodies aussi simples, une voix aussi monocorde, des mots aussi triviaux peuvent-ils déclencher un tel torrent émotionnel sinon du fait du noir génie de leur auteur ? Et notre artiste ne semble guère se soucier de ce qu’il provoque. Il joue, tranquillement accroché à sa guitare, plutôt absent, revenu de tout, carrément ailleurs dans son monde de mots et de notes.

    Après les derniers accords de Sad Song il laisse un peu attendre la salle avant de lui offrir en rappel Sweet Jane / Satellite of Love / Walk On the Wild Side / Rock Minuet, toujours avec autant de nonchalance. Et Steve nous refait note pour note le Sweet Jane solo. Nous sommes touchés au cœur.

    Lou salue, Lou offre des fleurs aux vestales qui nous ont tiré des larmes sur Sad Song, Lou embrasse Ezrin et puis Lou s’en va de son pas indifférent.

    Ce soir il a créé Berlin ! Nous étions la pour partager ce moment d’anthologie.

  • Ségolène Royal en crise

    Ségolène fait la politique de la chaise vide au comité directeur du PS après avoir affirmé que le SMIC à 1 500 EUR et la généralisation des 35 heures défendus dans son programme présidentiel étaient des imbécilités. Toute vérité n’est pas bonne à dire et les éléphants du parti s’étranglent de colère. Tout ceci est plutôt comique, on ne sait pas qui va l’emporter de la Jeanne d’Arc socialiste contre les archéos, mais voir Mélenchon avaler sa cravate de fureur est un petit plaisir dont il ne faut pas se priver en ces temps difficiles.

  • Pologne vs. Allemagne

    Plus c’est gros et plus ça passe ! Au cœur de la négociation européenne sur le poids respectif des pays dans les votes communautaires, les Polonais affirment que s’il n’y avait pas eu la seconde guerre mondiale, ils seraient aujourd’hui peuplés de 66 millions d’habitants au lieu de 38. Les Allemands ont dû apprécier…

  • Cynisme à Tripoli, mais pourquoi se priver ?

    Avec un cynisme assez exceptionnel dans les discussions internationales, pourtant très performantes en la matière, la Lybie négocie la libération des « infirmières bulgares » accusées d’avoir propagé le sida à des enfants, contre des compensations financières à peu près équivalentes à celles versées par ce pays aux Etats-Unis et à la France à la suite des attentats contre les avions de la TWA et d’UTA qui avaient faits quelques centaines de morts. Et la Lybie va sans doute obtenir satisfaction. C’est la quintessence de la prise d’otages par un Etat, une remarquable négociation libyenne, assez ubuesque, où la raison des Etats les plus riches fait pencher la balance du côté du plus faible qui en profite pour régler ses comptes avec brio.

  • Juppé se détend

    Eh bien voilà le Juppé qui se lâche et qui agresse un journaliste insupportable. Ce matin il a annoncé qu’il gardait la mairie de Bordeaux (fauteuil pour l’amour duquel il a tout de même fait démissionner le conseil municipal il quelques mois à peine). C’est bien mon Juju, vas-y, laisse-toi aller ! D’abord profite de la vie dans le sud-ouest, elle est cool. Flingue quelques journalistes, il en restera toujours assez pour poser des questions stupides. N’hésite pas à leur dire qu’ils sont des crétins, tu verras cela détend merveilleusement, comme une thalasso à Biarritz. Et puis prend ton vélo et va pédaler dans les landes, au grand air, cela va te régénérer, tu es tout pâle ces derniers temps.

    Mon Juju, plus ça va et plus je me sens proche de toi, sans bien entendu prétendre égaler ta haute stature. Tous les deux nous sommes honnêtes et droits, rigoureux et inspirant la confiance aux belles-mères, mais tristes et déprimant, et sans une once de sens commercial. Alors Juju, ce n’est pas grave, c’est comme ça, c’est tout ! Il faut prendre la vie comme elle est et ne pas éternellement chercher à inverser le cours de choses. Il vaut mieux essayer de s’intégrer avec harmonie dans le courant qui nous porte.

    Mon Juju, les électeurs c’est comme les femmes, ils couchent avec les gens qui les font rêver, pas avec les comptables ! Et je n’ai pas besoin de te faire un dessin, toi et moi on est plutôt dans la deuxième catégorie. Donc pas de déprime, pas de tentation de Venise ou d’ailleurs, just keep cool la vie est belle Juju, consacre-la simplement à ce que tu sais faire, c’est-à-dire pas les élections ou la politique, tu es trop pur pour ça.

  • Les repris de justice ne sont pas repris par les électeurs

    Grande avancée conceptuelle à l’issue de ce deuxième tour des élections législatives, il semble que le statut de repris de justice ne soit plus un aussi fort argument électoral que par le passé : Juppé, Carignon, Mellik sont dégagés, seul Tibéri réussit à se faire élire.

    Bon, Juppé-le-contracté se fait sortir par la bourgeoisie bordelaise, que l’on ne savait pas particulièrement révolutionnaire ; il faut quand même le faire ! Il a sans doute déployé les derniers efforts pour arriver à un tel résultat. Il est vrai que nos us et coutumes sont quand même un peu bizarres : son chef Fillon l’oblige à être élu député pour rester ministre puis à démissionner aussitôt pour s’installer à Paris alors que c’est justement s’il n’était pas élu à Bordeaux qu’il aurait le temps d’être ministre puisque s’il est député il a plus le loisir d’être ministre. Peut-être que les Bordelais raisonnent ainsi et ne comprennent pas grand-chose à ces embrouillaminis politicards ?

    Donc, Juppé-raide-comme-un-passe-lacet a démissionné du gouvernement et devrait se retirer une deuxième fois de la vie politique. Malgré ses cotés plutôt sympathiques (il a accepté de payer en justice pour Chirac sans broncher pour les affaires de la mairie de Paris) il va falloir qu’il réalise une bonne fois pour toutes que les Français ne l’aiment pas et le rejettent systématiquement où qu’il se présente. C’est ainsi. Pourquoi continue-t-il à s’acharner ? Ne peut-il essayer de profiter de la vie à Québec ou à Bordeaux : un petit mandat municipal, un peu de consulting politico-communicant, plus sa retraite d’ancien ministre et la vie sera belle ? Il pourra emmener sa jeune épouse faire du shopping et un peu de tourisme culturel. Que demande le peuple ?

    L’UMP pleure des larmes de crocodiles sur le sort de Juppé-le-raide-comme-la-Justice avec une mauvaise foi remarquable. On va bien arriver à le remplacer au ministère du développement durable, ce n’est quand même pas le bout du monde. Et puis on parviendra aussi assez bien à se passer de son caractère soupe au lait et surtout de sa fidélité à Chirac.

    Juju, crois-le, il y a une vie après la politique (c’est ton maître Chirac qui l’a dit), et puis promis, o, t’emmène voir les Stones la prochaine fois tu pourras reprendre I can’t get no satisfaction! avec Mick. Et d’ailleurs samedi soir au stade de France, Mick nous a dit entre deux chansons que Fillon était dans l’assistance. Donc tu vois, lui il était peinard, déjà réélu et pendant que tu sonnais aux portes pour faire la manche aux voix, il se la coulait douce. Tu crois qu’il serait venu donner un coup de main à Bordeaux à son ministre en chef ? Que nenni il a préféré les Rolling Stones au soutien à un concurrent. Il t’a laissé te faire étriller sans remord. Prends-en de la graine Juju, détend toi, souris, arrête de courir, de prendre des coups, sois cool et tout ira bien !

  • The Rolling Stones – 2007/06/16 – Paris le Stade de France

    The Rolling Stones – 2007/06/16 – Paris le Stade de France

    Hummm… les Rolling Stones sont en ville, une ambiance de merguez flotte au-dessus du Stade de France, 80 000 fans sont en train de migrer vers Saint-Denis pour s’abreuver autour de leur point d’eau, pas encore trop asséché par le temps ! Enfin, pas tout à fait 80 000 car les tribunes tout en haut du stade sont vides, couvertes par des bâches au logo lingual pour cacher la misère !

    Le deuxième show de la tournée A Bigger Bang, annulé en 2006 pour cause de chute de cocotier de Keith dans une ile du Pacifique, a lieu ce 16 juin 2007. La famille est de retour ! Nous ne manquons cette cérémonie désormais classique et venons rendre hommage à la persévérance de nos papys qui nous accompagnent dans nos rêves musicaux depuis si longtemps. Bien sûr on se raconte toujours un peu les mêmes histoires lors de ces réunions mais l’atmosphère est chaleureuse, la technique impressionnante et le blues est toujours le blues… alors pourquoi s’en priver même s’il faut pour cela reporter à la semaine prochaine ses courses d’été aux Galeries Farfouillette. Même Fillon est venu faire un peu de présence, félicité par Mick, et légèrement sifflé par l’assistance.

    Pas de surprise pour ceux qui ont déjà vu les premiers shows de cette tournée mondiale qui dure maintenant depuis deux ans, mais toujours beaucoup de plaisir à partager les performances de ce groupe fidèle et inusable. Et puis toujours cette montée d’adrénaline lorsque retentissent les premiers riffs du concert, ceux de Start Me Up en l’occurrence.

    Quelques perles avec Waiting On A Friend joué par Mick à la guitare électroacoustique, un hommage à James Brown I’ll Go Crazy et une belle version de Can’t You Hear Me Knocking, bluesy à souhait, à grand renfort de solos de sax, de guitare (Ron) et d’harmonica.

    Keith s’emmêle un peu dans ses paroles et ses accords sur Happy et I Wanna Hold You, accroché à sa vieille guitare éraflée, mais le public lui accorde toujours un succès d’estime et une définitive indulgence.

    La B-stage avance puis recule sans un couinement, tout est bien réglé. Le feu d’artifice final illumine le ciel sur les derniers accords de Jumping Jack Flash. Nos quatre tontons reviennent pour un dernier salut et chacun rentre chez soi, satisfait d’avoir constaté que la famille est toujours en forme.

    La set-list : Start Me Up/ Let’s Spend The Night Together/ Rough Justice/ All Down The Line/ She Was Hot/ Waiting On The Friend/ Can’t You Hear Me Knocking/ I’ll Go Crazy/ Tumbling Dice/ — Introductions/ Happy (Keith)/ I Wanna Hold You (Keith)/ It’s Only Rock’n Roll (to B-stage)/ It’s All Over Now (B-stage)/ You Got Me Rocking (B-stage)/ Honky Tonk Women (to main stage)/ Sympathy For The Devil/ Satisfaction/ Brown Sugar/ Jumping Jack Flash (encore)

  • The White Stripes – 2007/06/11 – Paris le Zénith

    Icky Thump le dernier disque des White Stripes ne sera en vente que la semaine prochaine dans les bacs parisiens mais déjà l’on sait que sa couverture est en noir et blanc, une première pour ce groupe qui a fait du rouge et blanc sa marque de fabrique. Faut-il s’attendre à une révolution ? Cette soirée au Zénith prouvera qu’il n’en est rien. Et pourquoi d’ailleurs faudrait-il changer quoi que ce soit à ce duo incroyable qui nous délivre un rock pur forgé aux sources du blues ?

    Le fond de la scène est tendu d’une immense toile rouge unie sur laquelle les musiciens joueront aux ombres chinoises comme unique light show. Mais nous ne sommes pas la pour la débauche technologique simplement pour écouter et voir la réincarnation de Jimmy Hendrix en extra-terrestre blanc venu de l’Ouest : Detroit, USA. Et le blanc débarque tout en rouge accompagné de Meg qui s’installe derrière ses futs. A peine les lumières éteintes, la guitare rouge et blanche siffle déjà des feulements de saturation sous les arcanes gonflées des toiles (rouges…) du Zénith parisien.

    Le son brut du groupe envahit l’atmosphère comme une épaisse fumée de sous-bois enflammés, humide et grasse qui pénètre les tympans pour s’y déposer en strates indélébiles. Après notamment un redoutable Dead Leaves, il faut attendre le quatrième morceau du show pour découvrir le titre éponyme du disque Icky Thump qui est enchaîné avec Effect and Cause, autre nouveauté pour laquelle Jack a ressorti une vieille électroacoustique au bois constellé de zébrures, une de ces guitares qui a traîné dans les bars du Tennessee (les White’s habitent Nashville) et arbitré des bagarres d’ivrognes.

    Après cette première envolée, le public est déjà à genoux alors que Jack poursuit son combat de gladiateur pour maîtriser les hurlements de sa guitare qui vit son propre destin sous les doigts de fée qui terminent les biscoteaux d’athlètes émergeant du T-shirt rouge moulé.

    De la chevelure noire en bataille de Jack qui lui cache le visage, monte une voix aigüe et maîtrisée aux accents hard-rockeux mais à l’inspiration tellement blues dans ses vibratos et ses menaces qu’elle en fait le fils spirituel de Muddy Waters et B.B. King. Si ça n’était pas encore évident pour certains, il est désormais clair que ce garçon a replanté l’étendard de la musique américaine si haut que peu de musiciens de sa génération pourront aller le chercher.

    I Think I Smell A Rat déclenche un ouragan avec ses riffs qui claquent sous le dôme comme des éclairs, c’était sur White Blood Cells en 2001 comme The Same Boy… Sans répit Jack accroché à sa guitare parcourt la scène rouge où il alterne les micros face au public, ou sur un orgue d’anthologie peint en rouge vif dont il joue pendant que les accords de ses cordes vivent leur vie dans un délire de larsen sur-saturé, ou encore à coté de Meg White, aussi souriante sous sa frange de cheveux noirs qu’elle est violente sur ses peaux. Complice de toujours elle assure la rythmique de façon désarmante mais oh combien efficace. Et il n’y a pas besoin de plus, elle fait ce qu’il faut.

    Retour au calme provisoire avec Cold Cold Night chanté sur le devant de la scène par Meg à qui le public fait un triomphe en se demandant encore comment ce petit ange qui susurre avec tant de délicatesse :

    Come to me again/ In the cold cold night/ You will know that it’s warm inside/ And you’ll come run to me/ In the cold cold night

    est capable de batte le beat de Icky Thump ? Les démons du Mississippi certainement !

    Ball And Biscuit pour terminer le premier set et puis les rappels qui annoncent l’apothéose de Seven Nation Army joué devant un Zénith qui sent venir sa fin : And I’m bleeding, and I’m bleeding, and I’m bleeding/ Right before the lord/ All the words are gonna bleed from me and I will think/ No more/ And the stains coming from my blodd/ Tell me go back home.

    Tout n’est plus que sueur et déchaînement, stupeur et tremblement, lorsque Jack et Meg debout sur les enceintes tentent d’apaiser le brasier qu’est devenu le Zénith en se prenant en photo devant les spectateurs, au Polaroïd dont ils jettent les épreuves dans la foule. Jack offre des roses à Meg et ils repartent sereinement après nous avoir délivré le message de la grande Amérique, celui de racines violentes et ambigües, créatives et dissolues, multiples et exceptionnelles, irriguées par le sang du Rock ‘n’ Roll qui a engendré les plus belles pages de la musique de notre temps ! C’est bon, c’est bon, c’est bon.

  • Dolorès O’Riordan – 2007/06/06 – Paris le Bataclan

    L’égérie anorexique des années 90, ex-leader des Cranberries est de retour à Paris avec un agréable album solo Are You Listening? Toute de noir vêtue, comme il se doit, des cheveux de jais, les yeux bordés d’eyeliner sombre, elle est accompagnée d’un combo de guitaristes gitans, costauds bardés de tatoos et plutôt habiles, à coté desquels elle paraît toute pitchounette. Mais la gracieuse irlandaise est aujourd’hui pleine d’énergie positive. Elle déboule à la guitare électrique sur les riffs lourds de Zombie qui nous ramènent au bon vieux tempsle Bataclan est déjà en transe ! La voix est forte mais toujours rêveuse. Dolorès est souriante et bavarde

    Les nouvelles compositions coulent comme l’eau de source Angel Fire, Apple Of My Eye, Ordinary Day, Black Widow… et se mêlent harmonieusement aux anciens morceaux datés sinistrose, l’époque où l’on se demandait toujours avec angoisse si Dolorès allait vaincre ses démons et survivre un nouvel hiver. Alors aujourd’hui elle s’empare d’une guitare acoustique d’un blanc immaculé pour dédier Ordinary Day à sa fille : Beautiful girl/ Won’t you be my inspiration/ Beautiful Girl/ I’ll never let you down, juste les sentiments ordinaires d’une maman revenue de la bulle névrotique Cranberries pour se consacrer à la vie de tous les jours ; elle chante Apple Of My Eyes, une jolie love song sur un mari qui tarde à rentrer, Black Widow et la dévastation du cancer sur un être proche.

    Tout ceci est un peu calibré FM, doux et parfois sombre, mais on aime cette artiste inspirée. Elle ne voit pas toujours le temps qui passe sous son jour le plus gai mais elle nous en restitue l’essence avec beaucoup de délicatesse. Le public en adoration la couvre de fleurs et de billets tout le concert durant, pavoise un drapeau irlandais et ne la laisse plus partir sur le final de Dreams : Oh my life is changing everyday/ Every possible way/ Though my dreams, it’s never quite as it seems/ ’cause you’re a dream to me.

    La set list : Zombie/ Angel Fire/ Animal Instinct/ Apple Of My Eye/ Ordinary Day/ Ode To My Family/ Human Spirit/ Stay With Me/ Black Widow/ Pretty/ When You’re Gone/ I Can’t Be With You/ Loser/ Salvation/ When We Were Young// Encore : Just My Imagination/ October/ Linger/ Dreams

  • McNeil David, ‘Angie ou les douze mesures d’un blues’.

    Sortie : 2007, Chez : . Les années 60 et le swinging London, les blueseux du Mississippi se percutent avec de jeunes anglais nommés The Rolling Stones et Angie est le fil conducteur de ce road-roman. Angie, belle et absente, promène sa morgue entre poudre et rock. Dans la vraie vie, Angie était la première femme de David Bowie. On dit que tous les rockers étaient amoureux et que Mick Jagger et Keith Richards ont écrit leut chanson éponyme pour elle.

  • Assouline Pierre, ‘Lutetia’.

    Sortie : 2005, Chez : . L’histoire du responsable de la sécurité de l’hôtel Lutetia, juste avant, pendant et juste après la seconde guerre mondiale. On y croise la vieille noblesse européenne qui fuit les nazis, l’abwehr qui y a établi son quartier général et enfin le défilé hallucinant des déportés de retour des camps. Roman historique ou se mêlent des personnes réelles et imaginaires, où le drame n’exclut pas l’humour dans la narration des ambigüités entre résistance passive et collaboration, mais où surtout explose l’absurde tragédie de notre XX° siècle. On a le cœur bouleversé lorsque reviennent les fantômes de Nuit et Brouillard, qui retrouvent, ou pas, les leurs sous les ors du Lutetia marqué à jamais par cette année 1945.

  • Patti Smith – 2007/05/28 – Paris l’Olympia

    Patti Smith – 2007/05/28 – Paris l’Olympia

    Patti est de retour à Paris pour un de ces shows « chair de poule » comme seuls les artistes d’un autre monde savent en délivrer. Et toujours lorsque cette poétesse incomparable entre en scène elle exhume toute notre vie musicale cachée dans le lobe émotion de nos cerveaux. Comme dans un dernier soupir elle nous accompagne sur la frontière ténue entre le plaisir musical et l’introspection intime. Une grande dame qui superpose avec tellement de subtilité les mots et les notes sous l’étendard du Rock ‘n’ Roll le plus pur.

    Les fidèles Lenny Kaye, guitariste, affublé comme toujours de ses gilets démodés, et Jay Dee Daugherty à la batterie, emmènent une set list idéale où se mêlent quelque unes des reprises objet de son dernier disque Twelve et les jalons musicaux d’un parcours exceptionnel entamé il y a 30 ans avec Horses. La tignasse grisonnante (elle vient d’avoir 60 ans) et toujours fringuée comme l’As de Pique, cette musicienne de légende nous fait partager ses révoltes comme ses nostalgies avec la foi d’une survivante. Sa voix n’a pas pris une ride. Elle en use et en abuse avec adresse et parfois violence.

    Malgré le formatage intellectuel marketé par l’industrie du disque et en dépit de l’abrutissement des masses généré par les médias, elle reste sereine et convaincue de son message, de sa mission. Lorsque Patti joue de la clarinette sur Are You Experienced  de Hendrix, se fait accompagner par un luth sur Smells Like Spirit de Nirvana, ou déclame des poésies après avoir chaussé ses lunettes rondes, ce sont les Dieux qui parlent aux Dieux. Et quand elle soulève petits et grands sur Rock ‘n’ Roll Nigger et Because The Night elle ne voit pas de réel motif de dévier de sa route, celle de la sincérité brute d’une rockeuse qui a voulu changer le monde avec des chansons et des poèmes. Et elle y a réussi puisqu’elle donne du rêve, elle diffuse de l’énergie, elle montre la nécessité de savoir s’indigner, elle oriente la vie de chacun vers le cœur et l’intelligence quand tout dans notre monde moderne tend à faire dériver les individus vers l’illusoire et l’égoïsme.

    Patti reste avec Lou Reed la grande prêtresse de la poésie underground. Ils ont traversé cette période à part, parfois excessive, mais tellement américaine, qui a si fortement influencé le Rock d’aujourd’hui. Et d’ailleurs Lou sera à Paris dans quelques jours… L’un et l’autre nous convient régulièrement à ces messes dites bien sûr sur un mode différent mais ils ne manquent jamais de communiants pour partager cette musique des anges qui parfois se transforment en démons, mais parfois seulement !

    La set list : Privilege/ Redondo Beach/ Birdland/ Are You Experienced/ Free Money/ Within You Without You/ Southern Cross/ Pastime Paradise/ White Rabbit/ Because The Night/ Pissing In A River/ Soul Kitchen/ Peaceable Kingdom/ Gloria/ Smells Like Teen Spirit/ Rock n Roll Nigger/ Helpless

  • Orchestral Manoeuvres in the Dark – 2007/05/25 – Paris l’Olympia

    Les adolescents synthétiques et fringants d’Orhestral Manoeuvres In The Dark (OMD) sont de retour pour un best of de leur carrière à l’Olympia. Pour la circonstance le parterre de la salle est en configuration quinquas avec sièges numérotés. Andy McCluskey and Paul Humphreys ont créé OMD à la fin des 70’s à Liverpool sur les traces de Kraftwerk et Gary Numan. Pop sucrée et claviers sophistiqués, on a aimé leurs ritournelles dont la justesse n’avait d’égal que leur caractère obsessionnel. Enola Gay… et bien d’autres ont fait la joie des DJ’s de l’époque. Les remix de Tesla Girls résonnent encore dans nos oreilles comme les glaçons dans les verres de GinTo. Alors on pouvait se faire remballer par des filles farouches, pas d’importance, on oubliait ces déconvenues sur les pistes de danse sous les stroboscopes fous d’Electricity.

    Deux claviers surélevés entourent la batterie, un immense écran sur le fond et Paul qui chante devant, avec parfois une guitare ou une basse. L’électronique a remplacé les Mellotrons. Le tout relève d’une esthétique très épurée. Le light show et les projections sont modernes et superbes. Andy et Paul ont vieilli, ils affichent un look à la  Gilbert & Georges et d’ailleurs certaines des scènes visuelles sur l’écran feraient bonne figure dans une exposition du vieux couple anglais.

    Il reste la musique, toujours entraînante et bien roulée. La voix d’Andy n’a pas pris une ride, les compositions tiennent encore la route et l’on ne va pas brûler ce qu’on a aimé. Les rythmes envoûtants poussent presque les spectateurs les plus vigoureux à esquisser quelques pas de danse, embourbés dans leurs fauteuils inconfortables. OMD est revenu et la setlist nous repasse la décennie 80 en 1h30 d’un concert plaisant.

    Set list : Architecture And Moralit/ Sealand/ The New Stone Age/ Georgia/ She’s Leaving/ Souvenir/ Joan Of Arc/ Maid Of Orleans/ The Beginning And The End/ Messages/ Tesla Girls/ (Forever) Live and Die/ If You Leave/ Pandora’s Box/ Talking Loud And Clear/ So In Love/ Locomotion/ Sailing On The Seven Seas/ Enola Gay/

    Encore : Walking On The Milky Way/ Electricity/ Romance Of The Telescope