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  • « Chefs-d’œuvre de la Galerie Borghèse » au musée Jacquemard-André

    « Chefs-d’œuvre de la Galerie Borghèse » au musée Jacquemard-André

    Le musée Jaquemart-André rouvre après un an de travaux. Le visiteur ne voit d’ailleurs pas vraiment de changement par suite de cette rénovation qui devaient sans doute concerner plus la structure du bâtiment que son apparence comme intérieure. L’exposition de réouverture est le fruit d’un partenariat avec la Galerie Borghèse de Rome qui a prêté une quarantaine d’œuvres à Paris.

    C’est l’occasion de retracer le parcours de Scipion Caffarelli-Borghese (1577-1633), cardial romain qui fit construire la fameuse Villa Borghèse devenue désormais un musée dans lequel est exposé la richissime collection accumulée par le cardinal grâce à sa fortune accumulée via les taxes papales. On plonge ici au cœur de l’art de la Renaissance sous toutes ses formes. Les visiteurs peuvent admirer une formidable galerie de portraits de Raphaël, Titien, Le Caravage, et même de Rubens et quelques peintres européens du Nord étant passés par Rome. Ce sont des hommes et femmes de pouvoir qui sont portraiturés : nobles, bourgeois ou artistes. Les visages de ces personnages sont le plus souvent représentés sur un fond sombre mettant en valeur la finesse de leur représentation et le choix subtil des couleurs. D’ailleurs les murs sur lesquels sont accrochés les tableaux répartis dans huit pièces sont aussi peint en couleurs foncées, on se croirait dans l’obscurité de Saint-Agostino devant un Caravage…

    Evidemment les grandes sculptures présentes dans la Villa Borghèse ne peuvent pas être transportées en dehors de la Rome alors seuls quelques exemplaires des plus petites sont à Paris pour cette exposition dont une de Bernini.

    C’est un peu de la magie de Rome qui a été transportée boulevard Haussmann !

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  • « Lee Miller » d’Ellen Kuras

    « Lee Miller » d’Ellen Kuras

    Une production américaine avec ses biais habituels, notamment un peu de grandiloquence, mais un film qui a le grand mérite de faire porter le projecteur sur la photographe Lee Miller (1907-1977), une personnalité intéressante et émouvante qui a parcouru le XXe siècle et ses tragédies, dont elle ne s’est jamais vraiment remise, aggravées par ses propres drames qui ne sont à peine abordés dans le film dont son viol alors qu’elle était encore enfant.

    Emigrée des Etats-Unis vers l’Europe en tant que mannequin, elle devient photographe, rencontre les surréalistes Picasso, Cocteau, Eluard et Nush (qui apparaissent dans le film), devient la collaboratrice et amante de Man Ray, puis le quitte, réalise des photos de mode, se substitue à Man Ray dans nombre pour de ses commandes, repart aux Etats-Unis, revient au Royaume-Uni lorsque la IIe guerre mondiale éclate. Elle fait l’impossible pour être reconnue comme reporter de guerre pour Vogue et avoir accès au front, accès qui était alors refusé aux femmes. Finalement elle est envoyée à l’été 1944 à Saint-Malo où les combat entre les alliés et les Allemands font encore rage. Elle va suivre l’armée américaine dans sa marche vers l’Est, photographier l’ouverture des camps de concentration de Dachau et Buchenwald en avril 1945 où elle découvre l’indicible. Ses photos des déportés, survivants et morts, sont tellement effrayantes que Vogue refusera de les publier au Royaume-Uni. Elles ne seront dévoilées que dans l’édition américaine de Vogue. Le jour où Hitler se suicide à Berlin, elle accède à la demeure privée du Führer à Munich et fait prendre par son collègue-amant de guerre une photo d’elle en train de se baigner dans la baignoire d’Hitler !

    La suite est tout aussi tragique. Lee sombre dans l’alcool et ses dépressions se succèdent. En 1947 elle a un fils, Anthony, avec Roland Penrose dont elle partageait la vie à Londres en 1940. Elle continue son activité de photographe de façon intermittente. Après son décès en 1973 Anthony veille sur l’œuvre de sa mère (60 000 clichés). Selon le scénario il découvre ces photos après son décès et réalise le parcours suivi par sa mère au cœur de la barbarie européenne. Ces photos seraient restées relativement anonymes durant l’après-guerre jusque dans les années 1970, une époque durant laquelle il est vrai les horreurs de la guerre n’ont guère été révélées ni étudiées.

    Un film dispensable sur une femme exceptionnelle qui a développé une énergie hors du commun pour rendre compte du choc de la guerre. Elle y laissé son âme. En quittant la salle de projection, les spectateurs s’interrogent sur les hasards du destin qui transforme une femme issue du milieu éphémère de la mode en une reporter de guerre restée un modèle pour toute une profession.

  • « Musée Le Vergeur » à Reims

    « Musée Le Vergeur » à Reims

    Hugues Krafft (1953-1935) est un bourgeois d’origine allemande, né à Reims, de familles (paternelle comme maternelle) richement dotées, qui consacra sa vie à parcourir le monde avec son appareil photo en bandoulière. Il en revint avec force écrits et matériels photographiques qu’il publie et présente à l’occasion de conférences géographiques. Homme du monde il acquiert l’hôtel Le Vergeur en 1910 qui sera très endommagé au cours de la guerre de 1914-1918 et qu’il s’attachera à reconstruire et que l’on visite aujourd’hui, au milieu des souvenirs de voyages menés sur la planète entière, avec un attrait particulier pour les origines extrême-orientales.

  • « Musée de la reddition » à Reims

    « Musée de la reddition » à Reims

    Février 1944 le Gal Eisenhower est nommé commandant de toutes les forces alliées destinées à l’invasion de l’Europe occupée par l’Allemagne. Le débarquement en Normandie a débuté le 6 juin 1944, après de sérieuses batailles en Normandie les troupes alliés ont progressé vers l’Est.

    Février 1945, l’état-major allié « Supreme Headquarters Allied Expeditionnary Force – SHAEF » déplace son siège d’un château à l’ouest de Reims dans un lycée de la ville pour y diriger l’assaut final contre l’Allemagne. Les lycéens continuent à se rendre à leurs cours et croisent les militaires qui sont installés dans l’une des ailes du bâtiment. La présence du général à Reims Eisenhower est gardée secrète.

    30 avril 1945, Hitler se suicide avec Eva Braun dans son bunker berlinois écrasé sous les bombes soviétiques. Conformément au testament du dictateur nazi, c’est l’amiral Dönitz qui lui succède à la tête d’un Reich moribond. Il se consacre immédiatement à la négociation de la reddition allemande. Compte tenu des circonstances, la reddition fut prononcée, et acceptée, « sans conditions ». Le 7 mai Dönitz signe un accord/instruction pour la reddition de toutes les forces allemandes adressé au Gal Eisenhower.

    En 1977, il est décédé en 1980 en Allemagne après avoir été condamné à 10 ans de prison par le tribunal international de Nuremberg, il attestera de la validité de cette archive. Dans les premiers jours de mai Le Gal Jodl de l’état-major suprême allemand tente de négocier une reddition séparée avec les alliés et leur propose de poursuivre la guerre avec eux contre les soviétiques, il essuie un refus et, le 7 mai à 3h du matin il signe la reddition sans condition de l’Allemagne avec un général américain (Gal Walter Bedel-Smith) et un officier soviétique (Gal Ivan Sousloparov). Autour de la table siègent également un officier britannique (Major-General Strong) qui tient lieu d’interprète et un major-général français (Gal François Sevez) comme témoin puisque cet acte était finalisé sur le sol français. Jodl est entouré de deux militaires allemands. Eisenhower, d’un grade supérieur à Jodl est resté dans son bureau où il reçoit rapidement les trois allemands après la signature avant de prononcer son célèbre discours dans la salle où fut acté la reddition.

    Selon la presse anglosaxonne présent sur place, les signataires alliés demandèrent à Jodl s’il avait bien compris les termes de ka reddition. Il répondit « Yes » et ajouta en allemand :

    With this signature the German people and armed forces are for better or worse delivered into the victors’ hands. In this war which lasted more than five years both have achieved and suffered more than perhaps any other people in the world.

    Gal Alfred Jodl

    Seule concession accordée aux Allemands, un délai de presque 48h avant de rendre public la reddition afin de permettre au plus grand nombre de soldats et civils allemands de quitter les zones occupées par les Soviétiques pour rejoindre l’Ouest. Une délégation de journalistes avait été amenée sur place par les forces pour assister à la cérémonie avec engagement de respecter cet embargo de 48h. Evidement l’information fuita et dès le lendemain l’annonce de cette reddition s’affichait en première page des journaux mondiaux.

    Jodl sera condamné à mort à l’issue du procès de Nuremberg et pendu en 1946. Après son retour aux Etats-Unis Eisenhover effectua deux mandats de président de son pays de 1953 à 1961.

    La salle des cartes où fut signé l’accord est ouverte au public qui peut examiner, derrière une vitre, la table et les chaises de cantine où se sont rassemblés les officiers. Au mur s’étalent les cartes immenses du champ de bataille à la date du 7 mai. L’Union soviétique s’étant plainte que la cérémonie n’ait pas assez rendu hommage aux 25 millions de morts, civils et militaires, exigea qu’une nouvelle cérémonie se déroule à Berlin. Elle eut lieu le 8 mai (9 mai pour l’Union soviétique compte tenu du décalage horaire) et fut signée par trois généraux allemands dont Keitel, en présence de Joukov, chef d’état-major de l’Arée rouge et grand vainqueur de la bataille de Berlin, Tedder, officier général britannique de la Royal Air Force représentant les forces alliées, ainsi que deux témoins, de Lattre pour la France et Spaatz pour les Etats-Unis.

    Le musée rémois explique en détail les étapes de ces quelques semaines ayant mené à la reddition et le profil des personnages clé qui y participèrent, avec nombre documents d’époque et matériel photo et vidéo. Dans le musée se succèdent des groupes de jeunes encadrés par leurs professeurs d’histoire. La porte à côté, les lycéens vaquent à leurs occupations journalières. Sans doute ont-ils pris connaissance de ce qui s’est passé dans cet immeuble. Passionnant !

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  • « Les graines du figuier sauvage » de Mohammad Rasoulof

    « Les graines du figuier sauvage » de Mohammad Rasoulof

    Nous sommes en Iran après la mort de Mahsa Amini, étudiante iranienne d’origine kurde et de religion sunnite, arrêtée pour port de son voile non conforme. La ville de Téhéran est parcourue de manifestations de protestation contre ce qui ressemble fortement à un assassinat dans les locaux des services de sécurité. Le scénario du film de Mohammad Rasoulof nous emmène au cœur d’une famille bourgeoise iranienne tiraillée entre les tensions qui déchirent le pays depuis l’instauration de la dictature religieuse après la destitution du Shah d’Iran en 1979. Le père est enquêteur au ministère de la justice et, à ce titre, est impliqué dans la répression féroce que la police islamique mène contre les manifestants avec nombre d’exécutions décidées contre ceux-ci. Il est lui-même embrigadé par la propagande du régime qu’il sert tout en étant troublé par les décisions qu’il prend dans le cadre de ses fonctions. Son épouse est partagée entre son mari qu’elle aime et leurs deux filles, l’une étudiante, l’autre lycéenne, toutes deux en révolte contre le conservatisme de leur pays et… de leur père.

    Cette atmosphère familiale est à l’image de celle de l’Iran, écrasé sous la botte d’un pouvoir religieux moyenâgeux mais qui reste soutenu par une partie significative de la population. Comment concilier Dieu et le pouvoir temporel qui permet de développer un pays et sa population ? L’Iran n’a pas trouvé la solution et sa jeunesse aspire à une gouvernance éclairée sur un modèle plus ou moins occidental qui, notamment, permette l’émancipation des femmes maintenues, au nom de Dieu, dans un statut inférieur.

    Le film est parsemé d’images réelles des manifestations prises à l’aide des téléphones des manifestants illustrant la violence de la répression policière. La classique opposition entre les jeunes générations et leurs parents est ici exacerbée par l’aspect religieux qui rend non négociable la parole de Dieu pour gouverner le pays. C’est en son nom que plus de 500 manifestants ont été tués dans les rues, des milliers d’autres arrêtés et certains pendus après des simulacres de procès. Dans le film la foi du père dans ses certitudes religieuses le mène à appliquer les mêmes méthodes répressives contre sa propre famille qui se défend. Les choses ne vont pas se terminer très bien.

    Cette œuvre qui a reçu un prix spécial du jury au festival de Cannes 2024. Il laisse le spectateur fort peu optimiste sur l’avenir à court terme de l’Iran. La parole de Dieu apparaît irréconciliable avec les ambitions d’une jeunesse éprise de liberté et de Lumières. Les pays occidentaux ont eux aussi été confrontés à l’immobilisme et l’arbitraire religieux à un moment ou un autre de leur histoire. Ils en sont sortis en suivant des chemins différents. En France, les Lumières ont abouti à la laïcité, aujourd’hui remise en cause par une partie de sa population. Dans d’autres pays occidentaux le retour du fanatisme religieux veut rétablir la prééminence de la parole de Dieu sur la gouvernance des hommes. Personne n’est à l’abri d’un retour de l’obscurantisme et l’Iran ne semble pas prêt d’en sortir tant les religieux ont verrouillé le pouvoir dans leurs mains.

    D’ailleurs, le réalisateur Rasoulof qui a fait l’objet d’une nouvelle condamnation à 8 ans de prison en mai dernier pour « collusion contre la sécurité nationale », a fui clandestinement son pays pour pouvoir participer au festival cannois cette année. Auteur de différents films et documentaires critiquant le régime il avait déjà été emprisonné à plusieurs reprises.

    Après sa fuite d’Iran il a déclaré :

    J’ai toujours pensé que si je restais en prison pendant des années, je n’aurais ni la force ni la capacité de faire ces films… donc je dois d’abord les faire, et puis après, il sera toujours temps de rentrer et d’aller en prison.

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  • En passant par Reims

    En passant par Reims

    Le graphiste-pochoiriste parisien Singular vintage est passé par Reims pour y diffuser son humour punk embourgeoisé.

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  • Les gangs marseillais affichent leurs appartenances

    Les gangs marseillais affichent leurs appartenances

    A Marseille la guerre des gangs qui prospèrent sur le trafic de drogue fait rage. Les assassinats en pleine rue sont légion, parfois dans des conditions barbares où des gamins sont brulés vifs dans des voitures. On a appris récemment qu’un enfant de 14 ans avait été commandité par un dealer, depuis sa prison, pour tuer un concurrent. A défaut de l’avoir trouvé, il aurait assassiné d’une balle dans la tête le chauffeur de taxi qui l’avait conduit et refusait de l’attendre pour le retour.

    On découvre à cette occasion que l’un des groupes mafieux qui domine ce narcobanditisme sanglant dans la cité  phocéenne se surnomme « DZ Mafia ». Sans doute peu de citoyens savent que « DZ » est le code standardisé attribué à l’Algérie par l’Organisation internationale de normalisation ISO. Ce sont généralement les deux premières lettres du nom du pays dans sa langue qui sont retenues, FR pour la France, US pour les Etats-Unis, DE pour l’Allemagne. Dans le cas de l’Algérie D et Z sont les deux premières lettres du nom Algérie exprimé en langue arabe « الـجَزَائِر », ce qui donne « El Djazaïr » en lettres latines. Sans qu’on le lui demande ce groupe de narcotrafiquants affiche lui-même son appartenance. Peut-être s’agit-il d’une provocation pour tromper sur ses origines, peut-être pas ? Il s’attribue aussi lui-même le statut de « mafia » dans sa dénomination.

  • Au musée d’Ennery – Paris

    Au musée d’Ennery – Paris

    Adolphe d’Ennery (1811-1899, né Adolphe Philippe) est un auteur et dramaturge à succès dont la réussite financière doit beaucoup aux plus de 200 pièces de théâtre qu’il a écrites ou coécrites. Après une longue vie commune il épouse Clémence qui fut successivement sa maîtresse, puis sa compagne, puis, enfin, sa femme. Profitant de l’expansion « bourgeoise » de Paris sur son flanc ouest, le couple acquiert un terrain sur ce qui deviendra l’avenue Foch et va y construire un hôtel particulier plutôt cossu. Clémence va s’y consacrer à son goût pour les objets d’art d’origine extrême-orientale en constituant une collection de plus de 6 000 objets qui sera léguée par le couple à l’Etat avec l’hôtel particulier en imposant que celui-ci soit transformé en musée et que la collection y soit exposée sans être dispersée. Ami du couple, Clémenceau fut leur exécuteur testamentaire et veilla à la bonne exécution de leur volonté. Emile Guimet qui créa et dirigea le musée qui porte son nom, dédié à l’art oriental, créa ce musée d’Ennery comme une succursale du musée Guimet. Le musée n’a pas toujours été ouvert au public, de rénovations en complications administratives, c’est finalement cet établissement que l’on peut visiter aujourd’hui sur réservation, par petits groupes.

    Clémence qui était actrice n’avait pas de formation ni de connaissances particulières concernant l’art asiatique. Elle n’a jamais voyagé ni au Japon, ni en Chine, ni ailleurs en Asie mais s’est révélée une acheteuse instinctive qui a développé sa collection avec beaucoup de goût. Le statut de la femme étant ce qu’il était à l’époque sa passion était considérée comme superficielle et les objets acquis comme sans beaucoup de valeur. En réalité, tous les experts qui ont eu à se pencher sur ceux-ci ont unanimement conclu à leur grand intérêt artistique et patrimonial.

    Alors la douzaine de visiteurs admis pour chaque visite guidée défilent devant de vastes vitrines encadrées dans des meubles conçus par Clémence et construits sur ses instructions par assemblage de boiseries aux motifs asiatiques. La collectionneuse était fascinée par les animaux fantastiques et autres chimères que l’art chinois produisait en quantité. Elle avait aussi un fort intérêt pour les Netsuke japonais, minuscules figurines servant à bloquer la cordelette fermant une pochette attachée à la ceinture du kimono. Ils sont confectionnés en bois, en ivoire, en porcelaine, en laque ou autres matériaux. Clémence était sans doute aussi quelque peu compulsive dans son goût de la collection et chimères ou netsuke sont un peu entassés mais qu’importe, la visite vaut aussi par cette plongée dans l’art oriental et l’histoire de ce couple mécène singulier. A leur succession, ils sont décédés à quelques mois d’intervalle, une femme se disant la « fille naturelle » d’Adolphe a tenté de récupérer une partie de l’héritage. La justice considéra qu’elle n’avait pas de droit sur l’héritage d’Ennery qui n’avait aucune descendance connue par ailleurs.

  • Bondieuseries à la Closerie des Lilas

    Bondieuseries à la Closerie des Lilas

    Depuis plusieurs années la petite place située devant la Closerie des Lilas à côté du Jardin du Luxembourg dans le Vie arrondissement de Paris sert de rendez-vous réguliers à des catholiques traditionalistes en lutte contre l’avortement. Cet après-midi encore, une petite dizaine de manifestants prient, agenouillés au pied de la statue de Maréchal Ney, sous une banderole et un hautparleur qui diffuse un rosaire « de réparation en raison des avortements volontaires ». Au feu rouge une militante distribue un tract rappelant que « Ste Mère Teresa de Calcutta » était opposée au « crime commis contre l’innocent enfant à naître ».

    Le tract est signé « SOS TOUT-PETITS ». Le site Internet de l’association https://sos-tout-petits.org/ est généralement bloqué par les anti-virus et qualifié de « page suspecte ». Si l’on force le barrage numérique on aboutit sur un site religieux militant parsemé de prières diverses, d’un guide pour les femmes enceintes, d’archives variées et de l’agenda des prochaines manifestations anti-avortement sur la voie publique. On se souvient que lors des discussions parlementaires sur la légalisation du mariage homosexuel en 2013 des militants religieux se retrouvaient tous les soirs devant l’entrée de l’assemblée nationale, place du Palais-Bourbon, pour prier à genoux contre ce projet de loi félon.

    Mais aujourd’hui Dieu n’intervient plus beaucoup dans les affaires des démocraties. La France a même intégré le droit à l’avortement dans sa constitution contre l’avis de son clergé. La persévérance de ces militants opposés à l’avortement comme au mariage homosexuel en est presque touchante. Contre vents et marées ils n’abandonnent pas leur combat même si plus grand monde ne les soutient comme cet après-midi sous la statue de Ney. C’est sans doute ce qu’on appelle la foi ! Mais qui peut savoir si la France, soi-disant « fille aînée de l’Eglise », ne se replacera pas un jour sous les fourches caudines de la religion toute puissante ? Les militants de SOS Tout-petits y croient certainement et attendent ce moment avec patience.

  • AUSTER Paul, ‘L’Invention de la solitude’.

    AUSTER Paul, ‘L’Invention de la solitude’.

    Sortie : 1982, Chez : Sun / Actes Sud.

    C’est le premier livre publié par Paul Auster. Constitué de deux parties, la première « Portrait d’un homme invisible » est un retour sur son père décédé récemment, sa vie à épisodes avec sa famille, sa vie supposée en dehors et, plus fondamentalement, le lien entre un père et son fils et même son petit-fils. Il évoque les petits riens de la vie et les grands traumas de l’existence au hasard des objets de la maison paternelle qu’il doit vider de son continu, chacun d’entre eux le ramène à un épisode familial. Mais pour cerner ce père « invisible » il doit aussi laisser divaguer son esprit vers des hypothèses et des constructions dont il ne saura plus désormais si elles ont la moindre réalité, dont celle d’une grand-mère meurtrière… Un bel hommage à un père finalement peu connu sur fond du temps qui passe inexorablement !

    La seconde partie « Le livre de la mémoire » expose une suite de réflexions sur la mémoire d’un personnage nommé « A ». C’est un peu décousu, empli de références littéraires, poétiques, bibliques et artistiques, sans doute très inspiré de la vie d’Auster. Le hasard percute la réalité de l’Histoire dans laquelle les générations qui ont précédé A ont été engagées. Et toujours l’histoire du temps qui passe et de la mort qui fait son œuvre.

    Les fragments d’un poème (un peu abscons) de Mallarmé conclut cet ouvrage troublant qui annonce certains des thèmes majeurs de l’œuvre de Paul Auster.

    Il pose une feuille blanche sur la table devant lui et trace ces mots avec son stylo. Cela fut. Ce ne sera jamais plus.

    1er paragraphe du Livre de la mémoire
  • La presse en France

    La presse en France

    Les grands capitaines d’industrie continuent d’acheter les titres de la presse française et différents médias. La dernière acquisition en date est celle de l’hebdomadaire Paris Match par le groupe de Bernard Arnault après celle encore toute fraîche du groupe BFM par l’armateur CMA-CGM. Généralement ces hommes d’affaires sont plutôt libéraux, voire « de droite » et les médias dont ils sont désormais propriétaires ne diffusent pas vraiment d’idées révolutionnaires. Quelques exceptions toutefois avec les quotidiens Libération et Le Monde, financés eux aussi par des hommes d’affaires mais qui laissent une liberté éditoriale à ces journaux via différents instruments (fondations, pôles d’indépendance…). Le premier affiche une ligne éditoriale clairement « de gauche », le second plutôt de « centre gauche ». Ces sensibilités restent minoritaires dans une presse nationale française globalement acquises aux idées conservatrices et, surtout, au simplisme politique.

    Dans les dîners en ville les bourgeois « pas bohème » s’émeuvent de la « bolchévisation » du Monde depuis qu’en mai 1981 il a appelé à voter François Mitterrand. Peut-être sont-ils devenus eux-mêmes plus conservateurs depuis toutes ces années. Les bourgeois restés « bohème » se satisfont de ce journal intelligent, longtemps dit « de référence ». Dans le reste de la population, le journal Le Monde est un O.V.N.I. tant l’abrutissement des masses s’aggrave. Alors que les campagnes électorales se déroulent désormais plus chez Cyril Hanouna que sur les médias historiques, lire des articles de deux pleines pages d’un quotidien, fût-il « de référence », relève de la mission impossible dont plus grand monde n’a envie.

    On doit se féliciter qu’il existe encore des financiers capitalistes disposés à financer ce journal en lui laissant sa liberté éditoriale. Pas sûr qu’ils ne soient disposés à le faire encore très longtemps, hélas !

  • La guerre civile au Soudan se poursuit

    La guerre civile au Soudan se poursuit

    Au Soudan la guerre civile déclenchée par deux galonnés, étouffés par un hubris débordant, se poursuit sans espoir de la voir se terminer à court terme. Le pays est dévasté, au bord de la famine, des millions d’habitants ont été déplacés vers les pays avoisinants ou dans de gigantesques camps de réfugiés, les crimes ethniques se sont multipliés avec leur cortège de meurtres, de viols, de pillage…

    Les deux généraux qui s’affrontent semblent disposer de ressources sans limites et on se demande d’ailleurs comment ils arrivent à financer leur arsenal meurtrier compte tenu du niveau de sous-développement extrême du Soudan. Malgré tout les armes affluent de toutes parts vers le pays et alimentent la guerre. On ne sait pas bien comment ni par qui elles sont payées, mais on sait comment elles sont utilisées.

    Dans différentes enceintes internationales ou au sein d’organismes humanitaires on critique l’Occident qui reste inactif face à ce désastre, et qui se préoccupe plus de l’Ukraine que du Soudan. C’est incontestable mais l’interventionnisme de l’Occident, en Afrique comme ailleurs, a montré ses limites et a été tout aussi critiqué. De la Somalie en 1992, au Mali en 2012, en passant par l’Afghanistan, les interventions armées menées par l’Occident ces dernières décennies ont été des échecs politiques, même si parfois assises sur des succès militaires. Mais à chaque fois les troupes ont dû être piteusement repliées, laissant au passage des dizaines de morts dans leurs rangs, sous les huées des populations locales. On comprend que les pays de l’Ouest soient réticents à se lancer dans de nouvelles interventions.

    L’Organisation des Nations Unies (ONU) est impuissante. Les embargos sur les armes prononcés sont contournés et ses propositions d’interventions de « forces de la paix » sont rejetées par les parties. L’Afrique est aussi plutôt silencieuse sur le sujet du Soudan qui symbolise le pire de ce que deux forbans peuvent faire vivre à un pays sur lequel ils exercent leur pouvoir maléfique. Pour le moment il n’y a guère de solution efficace possible sinon attendre que l’un terrasse l’autre. Le plus rapidement serait le mieux.

  • Les masques tombent, les finances publiques s’effondrent

    Les masques tombent, les finances publiques s’effondrent

    Les finances publiques semblent échapper au contrôle du gouvernement. Le déficit de l’année 2024 est maintenant estimé à 6,1% du produit intérieur brut (PIB) c’est-à-dire que l’argent public déversé sur le pays excède largement les recettes recouvrées sur les contribuables, personnes physiques comme morales. 6,1% de déficit est un chiffre considérable et un score rarement atteint par la France, digne d’un pays sous-développé. Dans son discours de politique générale le nouveau premier ministre a annoncé ses objectifs de revenir à 5% en 2025 et 3% (la norme plus ou moins admise au sein de la zone euro) en 2027. Bien entendu, c’est la énième fois que la République repousse cet objectif des 3% et prend des engagements qu’elle ne sait pas tenir…

    Depuis plusieurs jours les chiffres fuitent sur le bouclage du budget 2025 à 5% de déficit, toujours en devenir à l’heure actuelle. Ce matin un montant de 60 milliards d’euros était annoncé, 40 milliards d’économies à faire sur les dépenses et 20 milliards d’impôts nouveaux à collecter. Ces sommes sont gigantesques, particulièrement les 40 milliards à économiser en un an. Les ordres de grandeur donnent le frisson et on voit mal comment ce pays addict à la dépense publique pourrait réaliser un tel exploit. Si on ramène ce chiffre aux dépenses du budget initial de l’Etat pour 2024, soit 453 milliards, cela fait une baisse de dépenses de 9%. Beaucoup de ménages ou d’entreprises ont eu à un moment ou un autre de leur existence à consentir un tel effort ; l’Etat français, jamais. Et encore, cette économie laissera subsister un déficit de 5% du PIB en 2025…

    C’est un sérieux aveu d’échec pour le gouvernement précédent et le président. Lors de sa première élection en 2017 Emmanuel Macron avait fait du redressement des finances publiques post François Hollande une priorité. Il avait réussi à tenir les 3% de déficit en 2017 et 2018 puis la crise sanitaire de la Covid est arrivée avec l’annonce du « quoi qu’il en coûte » dont le pays n’a jamais réussi à sortir.

    Alors à peine effleurées les incontournables mesures de correction qu’il faut prendre, augmentation des impôts et réduction des dépenses, le bal des pleureuses s’est ouvert pour expliquer que, certes, il faut économiser, pas chez soi, mais chez les autres bien entendu. Chaque corporation y va de ses lamentations, tous assènent des simplismes de première catégorie « va-t-on réduire le nombre de médecins ou de policiers ? », chacun explique qu’il n’est pas possible de baisser la dépense dans son domaine et tous conviennent qu’ils ne pourront pas affronter des augmentations d’impôt. En termes macroéconomiques d’ailleurs, les baisses de dépenses et les hausses d’impôt aboutissent un peu à la même chose : le redressement des finances publiques avec un risque récessif sur l’économie puisque dans un cas comme dans l’autre, il y aura moins d’argent injecté dans l’activité économie.

    La corporation du patronat (MEDEF) s’est exprimée par la voix de son président qui a expliqué dans les médias que les entreprises étaient prêtes à consentir un effort en payant plus d’impôts si et seulement si c’était pour un temps limité et dans la mesure où l’Etat ferait des économies. Cela ressemble à une (légère) ouverture… en tout cas à du réalisme. Mais il est peu probable que l’Etat soit capable de réaliser les économies annoncées, l’affaire risque de se terminer par une hausse durable des impôts sur les entreprises et sur les particuliers, et sans doute pas que les « très riches ».

    Pour le moment la France trouve toujours des prêteurs pour financer ses gabegies mais les taux d’intérêt augmentent. La République a levé des fonds ces derniers jours à des taux supérieurs à ceux consentis à la Grèce et au Portugal, deux pays qui ont eu à affronter une crise financière sévère ces dernières années qui se sont traduites par des réformes structurelles que la France n’a jamais réussi à mettre en œuvre. Le taux est lié au risque de non-remboursement que le prêteur estime prendre sur l’emprunteur. Celui-ci pense donc que pour le moment prêter à la France est plus risqué qu’à la Grèce. On ne peut pas dire que cela soit très brillant.

    Et pour le moment on n’a pas encore parlé de la Loi de finance de la sécurité sociale ce qui va encore être une autre paire de manches !

  • La France a voté à droite

    La France a voté à droite

    L’issue des élections législatives anticipées de juillet dernier a été de porter à l’assemblée nationale trois minorités : la gauche propalestinienne réunie sous la marque électorale Nouveau Front Populaire (NFP), un conglomérat de partis menés par La France Insoumise (LFI), un centre dominé par le parti présidentiel et Les Républicains (LR) et le Rassemblement National (RN), bâti sur les bases de l’ancien Front National d’extrême droite.

    L’entre-deux tours de ces élections a vu la reconstitution du « front républicain » consistant en des désistements et alliances improbables pour empêcher un candidat RN arrivé en tête au premier tour d’être élu au second. Les tenants de ce « front républicain » considèrent que le RN ne fait pas partie de « l’arc républicain » et que tous les moyens doivent donc être utilisés pour l’empêcher d’arriver au pouvoir, y compris, pour le centre droit, en faisant élire des députés LFI. Cette tactique a bien fonctionné et le RN, qui se voyait déjà aux commandes, n’a finalement eu « que » 143 députés élus si l’on compte aussi avec eux les candidats LR qui ont rallié le RN. Malgré les 11 millions d’électeurs qui ont voté pour ce dernier, les caractéristiques de ce scrutin à deux tours ne lui ont pas permis de faire carton plein et d’emporter la majorité, ce qui aurait été sans doute le cas si le scrutin avait été proportionnel ou si le « front républicain » n’avait pas fonctionné.

    Les tractations estivales menées alors que la France profitait des dépenses publiques considérables engagées pour les jeux olympiques d’été organisés à Paris ont aboutit au fait que le programme du NFP fait peur à tout le monde (sauf à ses électeurs) et qu’aucune des deux minorités de droite n’est disposée à faire affaire avec lui. Au contraire, le centre droit comme le RN ont affirmé leur volonté de censurer tout gouvernement comportant des ministres LFI. Prenant acte de cette situation, le président de la République a désigné un premier ministre de droite, Michel Barnier, issu du parti Les Républicains, qui ne représente que 8% de l’assemblée, mais qui a le mérite de pouvoir envisager de présenter des textes emportant le soutien, ou au moins l’abstention du centre droit, de LR ou du RN, alors que le NFP aurait quasi systématiquement vu ses projets contrecarrés par le centre et le RN réunis dans une même opposition.

    La gauche s’égosille et qualifie de « déni démocratique » le fait que le premier ministre ne soit pas issu de ses rangs mais elle a face à elle deux minorités qui peuvent constituer une majorité pour soutenir ce gouvernement, ou le faire tomber. On pourrait d’ailleurs voir un jour le RN s’associer avec la gauche propalestinienne pour voter une censure, ils pourrait y parvenir, au moins mathématiquement parlant. En attendant les représentants du NFP, relayés par les convives des dîners en ville, réaffirment qu’on ne peut pas parler ni négocier avec le RN. En réalité, le résultat de ces élections a marqué une nouvelle étape dans la « normalisation » du parti fondé par Jean-Marie Le Pen sur des fondamentaux de l’Algérie française et de la collaboration. Son successeur, le RN, présidé par Marine, la fille de Jean-Marie, s’est efforcé de gommer ces aspects rugueux. Par ailleurs, la génération de ceux qui ont connu la guerre d’Algérie, et encore plus la collaboration durant la seconde guerre mondiale, est en train de s’éteindre. Ces irritants vont progressivement disparaître. Et puis, le sujet de l’immigration, autre marotte du RN est maintenant une problématique largement partagée par les autres partis, sauf bien sûr LFI qui vante en permanence les mérites de la « créolisation » de la société française. Il ne devrait pas y avoir trop de difficultés pour le gouvernement Barnier à trouver un accord pour essayer de réduire certains flux migratoires. Pour le reste, notamment l’avenir de la réforme des retraites il faudra attendre pour connaître le sort qui lui sera réservé !

    Malgré les vociférations des uns et des autres, le résultat de cette élection législative impromptue montre que la France est « de droite ». Il n’est pas illégitime que le président de la République en ait tenu compte dans le choix du premier ministre. Toute nouvelle dissolution à court terme ne devrait pas fondamentalement changer les choses. Le gouvernement de la France dans ces conditions va être périlleux mais si les Français le voulait différemment ils auraient voté autrement. Il faut maintenant assumer le choix émis par les électeurs. C’est ce qu’on appelle la démocratie.

  • Les dépenses olympiques somptuaires et sans fin

    Les dépenses olympiques somptuaires et sans fin

    Avec une constance qui force l’admiration la République poursuit l’engagement de dépenses somptuaires non prioritaires malgré la situation déplorable de ses finances publiques. A peine la page des jeux olympiques (JO) d’été organisés en France refermée, avec ses dépenses publiques conséquentes, celle des JO d’hiver 2030 dans les Alpes s’est ouverte. Entre deux on a récemment appris que les restaurateurs et bistrots parisiens qui ont été gênés cet été par les zones protégées installées pour les spectateurs demandent des indemnisations à l’Etat, donc aux contribuables. Et cela vient après les multiples compensations déjà octroyées cette année à de nombreuses corporations et salariés pour prendre en compte une baisse d’activités pour certains, ou une hausse du travail pour d’autres. On se souvient du psychodrame mené par les bouquinistes des quais de Seine à qui on a d’abord demandé de démonter leurs boites le temps des jeux, avant finalement de les autoriser à les maintenir par suite du déclenchement d’une polémique au « Café de Flore » et devant les tribunaux.

    La candidature des Alpes françaises pour les JO d’hiver 2030 a été présentée et acceptée par le comité olympique international (CIO, organisation mafieuse installée à Lausanne en Suisse) sous réserve de ses habituelles exigences : exonération fiscale totale de ses activités commerciales et garantie financière en cas d’annulation ou de non atteinte des objectifs d’activité. Pour ce faire une loi est nécessaire et elle est en train d’être élaborée. Ces garanties présentent assez peu de risques de devoir être mises en œuvre, sauf si ces JO étaient annulés, en revanche, les exonérations fiscales délivrées sont non-seulement injustes et injustifiées, mais représentent un abandon de recettes très significatif pour l’Etat. Ces décisions financières inappropriées vont une nouvelle fois dans le sens de la facilité : il suffit de dépenser. L’incapacité congénitale du pays à prioriser ses dépenses publiques est sans limite. N’aurait-il pas été opportun d’expliquer aux citoyens-contribuables que le moment est venu pour un peu de sobriété budgétaire ?

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    Dans les dîners en ville la réaction générale est que « les Français ont été heureux cet été avec les JO à Paris », qu’il ne faut pas avoir « une vision comptable » des choses et que les dépenses afférentes étaient donc justifiées ; alors en avant pour les JO 2030 dans les Alpes. C’est le syndrome français, comme les enfants on veut tout en même temps, sans devoir choisir ni renoncer à rien. Les mêmes convives qui la phrase d’après se lamentent sur les inégalités dans le pays ne songent pas une seconde qu’on aurait pu affecter les dépenses des JO à réduire certaines de ces inégalités, ou à commencer à rembourser les dettes abyssales que nous laissons à nos enfants. Non, dépensons toujours plus, le contribuable paiera ! Il y aura sans doute un jour des limites à cet exercice, hélas…

  • Israël renforce l’option militaire

    Israël renforce l’option militaire

    Avec constance et une relative efficacité, au moins à court terme, l’armée israélienne réussit à tuer les cadres des mouvements terroristes qui cernent son territoire. Les conditions dans lesquelles sont « neutralisés » ces chefs de guerre dépassent souvent l’entendement et marquent à quel point les services israéliens ont infiltré leurs ennemis. L’histoire donnera sans doute un jour les détails de ces opérations d’infiltration, qui, et comment, délivre les informations nécessaires à Israël pour tuer les dirigeants ennemis.

    Certaines opérations sont assez peu « chirurgicales » et lorsque que l’armée est informée de la présence d’un ou plusieurs chefs dans un endroit précis c’est tout l’immeuble qui est bombardé sans trop s’inquiéter d’éventuels « dégâts collatéraux » parmi les populations civiles environnantes. D’autres sont réellement ciblées comme l’assassinat d’Ismaël Haniyeh, le chef du mouvement religieux Hamas qui gouverne la bande de Gaza, réalisé en plein Téhéran le 31 juillet dernier, alors qu’il effectuait une visite officielle dans ce pays. Cette opération n’est pas sans rappeler celle contre Ayman Al-Zawahiri, le dirigeant du groupe religieux terroriste « Al-Qaida », atteint par un missile américain en plein Kaboul en août 2022, alors qu’il était à son balcon. La munition semble avoir visé directement le balcon sans avoir causé aucun autre dommage que la mort du chef terroriste. On se souvient également que quelques mois plus tard, un physicien haut responsable du programme nucléaire iranien avait été assassiné dans Téhéran, sans doute à l’initiative d’Israël, malgré la protection renforcée dont il bénéficiait.

    La guerre en cours au Proche-Orient déclenchée depuis l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné une avalanche d’innovations techniques sidérantes mises en œuvre et employées dans des assassinats plus ou moins ciblés. Il y a quinze jours on a assisté avec stupéfaction à l’affaire dite des « bipeurs ». Le mouvement terroriste religieux Hezbollah avait interdit à ses membres d’utiliser des téléphones mobiles dont tout le monde sait désormais qu’ils sont traçables et écoutables et les avait remplacés par des bipeurs et des talkies-walkies, outils plus anciens et en principe moins visibles par « l’ennemi ». Eh bien mi-septembre, ce sont des milliers de ces instruments qui ont explosé quasiment au même moment au Liban dans les mains ou à la ceinture de leurs détenteurs. Il y a eu des milliers de blessés et quelques dizaines de morts. A priori tout le management moyen du Hezbollah a été blessé ou mis hors d’état de combattre d’un seul coup. Les « experts » de plateaux télévisés soupçonnent que les services secrets israéliens aient pu détourner les bipeurs et talkies-walkies avant leur livraison pour introduire quelques grammes d’explosif dans chacun dont l’explosion aurait été déclenchée à distance par Israël le moment venu. On découvre par ailleurs que l’ambassadeur iranien au Liban avait son propre bipeur et a donc été blessé dans l’opération, confirmant au passage par l’absurde les liens entre ce mouvement et Téhéran.

    Quelques jours plus tard c’est le grand chef du Hezbollah qui était à son tour assassiné dans la banlieue de Beyrouth. Il semble que l’absence de moyens de communication après la destruction des bipeurs ait forcé les hauts dirigeants à se réunir en face à face dans un bunker hypersécurisé. Un bombardement avec des munitions appropriées capables de forer le béton a fait le reste. Depuis d’autres attaques se poursuivent contre des dirigeants de la hiérarchie du Hezbollah, dont la tête pensante des attentats contre les forces françaises et américaines qui, il y a 40 ans, essayaient de mettre fin à la guerre dans le cadre d’une mission internationale de maintien de la paix. Il y avait eu 58 militaires tués côté français et 220 côté américain.

    Cette inventivité technologique israélienne n’est pas exclusive, malheureusement, de destructions massives comme celles engagées dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre qui auraient fait plus de 40 000 morts selon les chiffres du Hamas.

    Mais la supériorité militaire de Tel Aviv sur les pays et mouvements qui la cernent n’est que tactique. Elle n’est d’ailleurs pas nouvelle et n’a jamais permis d’apporter la paix dans cette région sur une base durable. Elle a permis d’éloigner les ennemis du front pour un moment mais toujours ils sont revenus après avoir repris des forces. La guerre « des 6 jours », la guerre « du Kippour », les invasions passées du Liban et autres actions n’ont pas empêché chaque fois OLP, Hamas, Hezbollah de revenir sur le devant de la scène sous un nom ou sous un autre, avec de nouveaux dirigeants quand les précédents avaient été assassinés, et en générant toujours plus de haine et d’esprit de vengeance contre l’état religieux d’Israël. Les seuls pays frontaliers avec lesquels Tel Aviv entretient des relations à peu près apaisées sont ceux avec lesquels des accords de paix ont été signés : l’Egypte en 1979 et la Jordanie en 1994. Ces accords durent et permettent même à ces Etats de collaborer avec Israël dans la lutte anti-terrorisme.

    Il faudra sans doute un jour aller dans la même voie avec la Palestine et savoir développer une créativité cette fois-ci au service de la paix dans un contexte encore plus délicat qu’avec l’Egypte et la Jordanie car la Palestine n’est pas un Etat et sa représentation est très morcelée.

    En attendant, le Hamas et le Hezbollah, même considérablement affaiblis, continuent à tirer des missiles contre Israël et ne semblent pas rencontrer trop de difficultés pour recruter des soldats !

  • Souvenir de Rory Gallagher

    Souvenir de Rory Gallagher

    Un vieux vinyle exhumé des année 1970 : « Irish Tour’74 » de Rory Gallagher, à réécouter sans modération. Rory (1948-1995) fut un immense guitariste irlandais. L’album est un double live de blues-rock où s’exprime le génie du musicien. C’est du blues rugueux, parfois grincheux mené de main de maître par ce guitariste de légende qui chante avec une énergie dévorante. Il est mort bien jeune, à 47 ans. La surconsommation d’alcool et de médicaments en seraient la cause.

  • « Surréalisme » au Centre Pompidou

    « Surréalisme » au Centre Pompidou

    C’est le centième anniversaire de la parution du « Manifeste du surréalisme » par André Breton, le Centre Pompidou se devait de fêter l’évènement avec cette exposition « Le surréalisme d’abord et toujours », l’une des dernières avant la fermeture du musée plusieurs années pour rénovation à partir de l’été 2025 jusqu’à 2030. Le mouvement, auquel ont participé des intellectuels et artistes très divers, intrigue par son aspect délirant. Fondé sur les ruines de l’Europe dévastée par la première guerre mondiale il se veut un mouvement d’expression globale où s’entremêlent la poésie, l’art pictural, la photographie, le cinéma.

    Je crois à la résolution future de ces deux états, en apparence si contradictoires, que sont le rêve et la réalité, en une sorte de réalité absolue.

    André Breton

    Utilisant le ou les médias de son choix, les surréalistes sont sommés de laisser divaguer leur pensée pour ne se laisser guider que par leur créativité. Le résultat est souvent renversant : les tableaux de Max Ernst, Dali, Picasso, Magritte, les poèmes d’Apollinaire, d’Eluard, les revues animées par Breton, les références au rêve, à Freud, à l’inconscient, à la politique. Nombre des membres du mouvement ont été adhérents du Parti communiste français (PCF), beaucoup l’ont quitté. Breton a rédigé en 1938 le texte « Pour un Art révolutionnaire indépendant » qui, pour des raisons tactiques a été signé par Diego Riviera. Le tract évoque l’absolue nécessité de séparer propagande politique et subjectivité artistique. Malgré tout, Aragon sera chassé du mouvement au terme d’un « procès » mené par Breton qui l’accuse d’avoir trahi au profit de l’Union soviétique.

    Le surréalisme a été exporté dans différents pays et continents. L’un de ses procédés, l’écriture automatique où le psychisme prend le pas sur la conscience, a même été utilisée par David Bowie qui découpait des phrases dans les journaux puis les associait de façon aléatoire :

    I’m an alligator, I’m a mama-papa coming for you
    I’m the space invader, I’ll be a rock ‘n’ rollin’ bitch for you
    Keep your mouth shut, you’re squawking like a pink monkey bird
    And I’m busting up my brains for the words

    David Bowie (Moonage daydream)

    Un livre du poète Claude Cahun est ouvert à la page de ce poème abscond :

    J’ai mangé
    à mon déjeuner ;
    une gomme à effacer
    un setier de grains de beauté
    des graines de santé
    en purée
    la langue du chat
    deux montres en chocolat
    la queue d’un rat
    salé du sel d’un sablier
    des cheveux d’ange
    et une orange

    Claude Cahun

    De Cahun à Bowie…

    L’exposition est essentiellement picturale avec quelques références aux médias utilisés par le mouvement. Le visiteur non spécialiste n’est pas bien sûr de tout comprendre à ce parcours surréaliste, alors il achète les « Manifestes » (il y en a deux et même les prémices d’un troisième dans le Folio vendu pour 9,40 EUR à la librairie de musée) afin de retourner à la source.

    Surréalisme

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  • « Musée Soulages » de Rodez

    « Musée Soulages » de Rodez

    Pierre Soulages (1919-2022), peintre français, est l’un des rares artistes pour qui un musée fut érigé de son vivant, à Rodez, sa ville natale. D’allure moderne, ce musée inauguré en 2014 est composé de bâtiments cubiques construits en acier « Corten », de couleur rouge-rouille, imbriqués les uns dans les autres face au majestueux paysage du plateau de l’Aubrac. L’entrée se fait par la place du Foirail, qui tenait lieu autrefois de marché au bétail, transformée aujourd’hui en un agréable jardin public. Contrairement à la vraie matière-rouille, l’acier « Corten » n’évolue pas et reste figé comme le temps dans les toiles de Soulages. La fixation du temps, l’une des obsessions du peintre.

    L’exposition permanente commence avec des photos de l’artiste prises par Claude Gassian, photographe rock qui a figé sur sa pellicule Bowie, Dylan, les Rolling Stones et bien d’autres. Les portraits de Soulages ne sont pas posés, ils le montrent le plus souvent habillé de noir, très grand, un front puissant cerné par une chevelure blanche immaculée, le teint buriné, ridé par le temps qui passe. Le personnage en impose !

    La première salle est consacrée aux œuvres peintes de jeunesse, formes abstraites que l’on croirait représenter des calligraphies japonaises, mais qui n’en sont pas. Tracées à grands coups de brosse enduite de peinture noire, de larges lignes s’entrecroisent dans d’étranges messages. On y trouve aussi les « brous de noix », des toiles assez similaires dans la forme mais où la peinture est remplacée par cette mixture à base de noix, produisant une couleur brune plus ou moins claire, développant des signes cabalistiques incompréhensibles mais sensibles.

    Vient ensuite une série d’eaux-fortes et de lithographies, toujours aussi abstraites, montrant le sens de l’innovation technique qui animait l’artiste. Les formes étranges de fer ou de bronze, gravées puis trempées dans l’acide qui va en violenter les formes avant d’être encrées puis pressées sont présentées à côté des estampes-eaux fortes issues de leur pressage.

    La partie la plus frappante et caractéristique de l’exposition permanente est celle consacrée aux tableaux de couleur noire, dont le fruit d’une donation faite en 2023 par la veuve du peintre, les précédentes ayant eut lieu du vivant de Soulages.

    J’aime l’autorité du noir, sa gravité, son évidence, sa radicalité.

    Pierre Soulages

    Et l’on rentre dans le monde de ce peintre qui a travaillé cette couleur à l’infini ainsi que la matière dont il la constituait. Des tableaux grand format sont offerts aux yeux des visiteurs, souvent constitués de panneaux rectangulaires superposés, peints selon des concepts différents. Certains sont épais, construits à la spatule qui laisse des épaisseurs d’acrylique travaillées par Soulages pour leur impliquer un mouvement de rainures. Parfois des dépôts de matière ponctuent les vagues de peinture noire. D’autres panneaux, lisses, sont composés au rouleau et au pinceau ; ils sont plus reposants mais participent également au mouvement de l’ensemble. Les reflets produits par cette alternance du brillant et du mat, de l’épaisseur et de la finesse, varient au rythme de la lumière du jour ou de celle des projecteurs, la contemplation des œuvres n’est pas la même selon l’heure à laquelle on s’y consacre ou la position du regardeur par rapport à la toile, parfois le noir paraît blanc.

    On est entré dans l’espace de « l’outrenoir » cher à Soulages où se mêle le temps et la matière.

    Le temps est piégé par l’espace de la toile et tous deux sont là immobiles.

    Pierre Soulages

    Dans une vidéo disponible dans la salle il répond à une interview de son amie Agnès Varda qui propose d’assimiler « l’outrenoir » à l’outre-tombe ; en souriant il préfère une référence à l’outremer ou l’outre-Atlantique.

    On y voit aussi l’artiste sur la terrasse de sa villa dans les collines de Sète, face à l’immensité bleue de la Méditerranée. Après avoir acheté ce terrain où il fit construire sa maison-atelier il dira « j’ai acquis un horizon » et c’est sans doute aussi ce bleu sans faille qui lui inspira le noir torturé qui est devenu sa marque. En revanche, son atelier est installé au rez-de-chaussée d’où il ne voit pas directement la mer qui est cachée par les pins. C’est depuis la terrasse à l’étage qu’il peut laisser son regard divaguer dans la perfection de l’horizon avant de descendre d’un étage et le traduire dans ses toiles.

    Pierre Soulages (musée Soulages de Rodez)

    Une salle entière est consacrée aux vitraux de l’abbatiale Sainte-Foy de Conques (à quelques kilomètres de Rodez) dont un guide enthousiaste présente les reproductions, les photos et les similitudes avec les toiles. Soulages y a vécu une illumination mystique à l’âge de 12 ans et il sera chargé par l’Etat de concevoir le remplacement des vitraux dans les années 1980. Il travaille intensément avec des chercheurs verriers pour concevoir un verre translucide qui laisse enfin entrer la lumière à l’intérieur du bâtiment pour en révéler la magnificence. Il fera réaliser 800 essais de verres différents avant d’arrêter son choix. Comme dans « l’outrenoir » la couleur du verre translucide évolue avec l’heure du jour illuminant l’architecture intérieure et présentant un léger aspect bleuté lorsqu’on observe les vitraux de l’extérieur. Ceux-ci sont parcourus de lignes noires, similaires à la trace des traits de plomb qui séparent et lient les panneaux de verre des vitraux. Elles marquent mouvements et ruptures sans masquer la lumière. Le résultat est probant, le projet aura duré sept ans !

    C’est la journée du patrimoine alors l’entrée est gratuite. On en profite pour s’offrir un déjeuner entre bons amis au « Café Bras », intégré dans le musée, succursale lowcost du « Restaurant Bras » du Suquet, la fierté étoilée de l’Aveyron. Un régal ! Après ces agapes la majestueuse cathédrale Notre Dame de Rodez ouvre ses portes pour un instant bienvenu de recueillement face à la beauté des choses.

  • NAFISI Azar, ‘Lire Lolita à Téhéran’.

    NAFISI Azar, ‘Lire Lolita à Téhéran’.

    Sortie : 2003, Chez : Penguin Random House / Zulma.

    Azar Nafisi est une écrivaine iranienne née en 1955, exilée aux Etats-Unis dont elle a obtenu la nationalité. Professeur de littérature à Téhéran elle démissionne de son poste en 1995 lorsque le régime religieux veut lui imposer le port du voile. Elle organise alors des séminaires privés chez elles pour des étudiantes avec qui elle se consacre à la lecture d’œuvres occidentales. Les quatre parties du ce récit autobiographique sont consacrés à « Lolita » de Nabokov, « Gatsby » de Fitzgerald, « Portrait de femmes » de James et « Orgueil et préjugés » d’Austen.

    Il s’agit bien entendu de littérature (très) politiquement incorrecte pour le régime des mollahs au pouvoir. Ces livres « immoraux » sont l’occasion pour ces femmes de découvrir le monde occidental, les sentiments et attitudes universels y sont abordés, ceux qui restent « interdits » en Iran : l’amour, la liberté, la politique, le féminisme… Il n’y a pas d’hommes dans ces groupes mais certains apparaissent dans le roman, notamment Bijan, le mari d’Azar et « le magicien », une espèce de sage-poète auquel se réfère l’auteure pour échanger sur les sujets autant poétiques que politiques.

    Mme. Nafizi anime ces groupes littéraires de femmes avec une grande affection et un professionnalisme dévoué. Ils sont aussi un moyen de résistance contre l’oppression délirante des religieux au pouvoir. Les évocations qu’elle en fait sont l’occasion de narrer la dégradation de la vie de tous les jours. L’emprisonnement puis la réapparition de certaines de ses étudiantes, l’exécution d’autres, illustrent la folie d’un régime régressif et répressif. La littérature occidentale, mais aussi la poésie perse, permettent de tenter de survire face à l’absurbe.

    Toute œuvre d’art digne de ce nom, ai-je déclaré un peu pompeusement, est une célébration, un acte d’insubordination contre les trahisons, les horreurs, les infidélités de la vie. La perfection et la beauté formelle se révoltent contre la laideur et les désastres du sujet abordé. »

    Azar essaye de donner à ses étudiantes les clés pour survivre face à leurs « geôliers » qui veulent à tout instant formater leurs gestes et leurs âmes. Elle aborde l’existence de la forte opposition au Chah d’Iran, d’obédience marxiste-léniniste qui s’opposa aux mollahs, perdit ce combat, alors que finalement ces deux mouvements « révolutionnaires » étaient tout aussi idéologiques et totalitaires. Elle parle de la guerre contre l’Iraq et des bombardements sur Téhéran et, surtout, elle narre la vie ordinaire de jeunes intellectuels vivant dans une capitale sous oppression religieuse. Tout ceci est terrifiant mais écrit avec humour et légèreté, rendant d’autant plus incompréhensible un régime d’une telle nature dans ce pays à la culture millénaire.

    Issue d’une famille bourgeoise éduquée, son père fut maire de Téhéran, elle eut la possibilité de voyager à l’étranger au cours de ses études, puis de s’exiler pour fuir son pays et le régime d’un autre âge qui y sévit toujours. Dans un court épilogue elle parle bien sûr avec nostalgie de l’exil et de ses étudiantes qui ont connu des parcours divers mais qui, toutes, son restées inspirées par cette littérature rédemptrice.