The Cranberries – 2010/03/22 – Paris le Zénith

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Cela devient une manie avec The Cranberries, un concert sur deux est décevant. Celui du 25 mars est malheureusement à verser au passif du groupe irlandais. Plus ou moins séparés depuis 2003, ses membres ont ensuite vaqué à leurs projets solos, dont une ribambelle de quatre enfants pour Dolorès que l’on avait vue au Bataclan en juin 2007 venue présenter son premier disque solo Are you listening? Sympathique mais pas inoubliable.

Cette fois-ci le groupe décide de se reformer derrière la bannière énergique de leur inspiratrice. Il n’y a pas de nouveau disque, juste une tournée mondiale. Idée généreuse mais hélas pas guidée par une créativité débordante. Il n’y a pas de nouveau disque en vue alors le groupe surfe sur ces vieilleries que nous avons tant aimées, plus quelques chansons solo de Dolorès qui entre temps vient de sortir un deuxième disque personnel : No bagage.

Décor clinquant à souhait, style gay friendly avec empilement de colonnades et de teintures drapées-plissées qui se parent de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel au hasard d’une programmation électronique que l’on dirait réglée sur random.

L’égérie de tous nos phantasmes est vêtue d’une espèce de jupette médiévale à lanières, elle a coupé court ses cheveux noir geais et chaussé des bottes noires fruit d’un accouplement entre Dock Mertens et bottines pawnees. Elle parcourt l’immense scène de long en large, ponctuant ses allers-retours de tonitruant bonsoir mes amis et autres comment ça va Paris ? La scène est vide, pas un ampli ou un retour, tout le matériel est planqué derrière les teintures ce qui laisse un espace bien trop grand à notre princesse qui erre comme une âme en peine à la recherche désespérée de son inspiration. Les musiciens sont professionnels et inexistants. Un cinquième larron guitare-clavier est ajouté au quatuor d’origine pour la tournée, plaqué dans un coin.

Sa voix est restée la même, magnifique et exubérante, avec toujours ce petit décrochement si caractéristique quand elle passe dans les aigus. Elle en use avec efficacité, tout le tra-la-la qui entoure ce retour scénique en a quelque peu gommé l’émotion parfois déchirante qui la hantait dans le passé. Mais l’essentiel est resté.

The Cranberries au Zénith ce soir, sans doute pas un concert indispensable, ils ont vieilli, nous aussi, et ce n’est pas bien beau à voir. On avait adoré Dolorès à son époque neurasthénique (Zombie), on avait été rassuré lorsque jeune Maman elle retrouvait le chemin de la fantaisie (Bury the Hatchet), on avait aimé son premier disque solo (Are you listening?) mais ce soir il n’était pas nécessaire de faire la claque sur Ode to my family ou autres tubes des 90’s plutôt propices à la noirceur et l’introspection. Le (jeune) public du Zénith n’a pas semblé lui en vouloir malgré son allure Dorothée sur le plateau de TF1 dansant le twist sur Salvation. Reconnaissant, ledit public a explosé sur Zombie qui clôture ce show, ravie, Dolores repart avec des ballons aux couleurs irlandaises qu’agitent frénétiquement les trois premières lignes de fans.

Allez, The Cranberries reste un groupe marquant, ils furent ce soir toujours aussi talentueux mais juste décalés par rapport à notre imaginaire. Heureusement la jeune génération qui n’était pas née lorsque No Need to Argue est sorti et que Dolorès était blonde, n’a pas nos souvenirs.

Setlist : Analyse/ Animal Instinct/ How/ Ordinary Day/ Linger/ Dreaming My Dreams/ When You’re Gone/ Just My Imagination/ Switch Off The Moment/ Desperate Andy/ Time Is Ticking Out/ I Can’t Be With You/ Ode To My Family/ Free To Decide/ Salvation/ Ridiculous Thoughts/ Zombie
Encore : Shattered/ You and Me/ The Journey/ Dreams