Kerviel, le trader-fraudeur qui a fait perdre 5 milliards d’euro à son employeur banquier, a été reconnu coupable, condamné à 5 ans de prison dont 3 fermes et à 5 milliards de dommages et intérêts. Il est qualifié d’ « …unique concepteur, initiateur et réalisateur du système de fraude… Par son action délibérée, il a mis en péril la solvabilité de la banque, qui employait 140 000 personnes… » etc. La banque est blanchie et beaucoup s’en émeuvent autour des machines à café et sur les médias.
Kerviel voudrait passer pour un Robin des Bois alors que la Justice lui a taillé un costard d’escroc. Il continue à bénéficier d’une incompréhensible indulgence des citoyens qui auraient voulu voir tomber Goliath face à David. La banque a été au pire complice, mais si tel est le cas, suffisamment maligne pour ne pas se laisser prendre, au mieux et plus probablement incompétente pour avoir laissé commettre une telle fraude par un employé, fut-il trader. L’incompétence n’est pas pénalement punissable, et heureusement car les prisons seraient encore plus surchargées qu’elles ne le sont aujourd’hui s’il fallait embastiller les incompétents. Donc la banque s’en sort.
La Justice a-t-elle voulu faire un exemple ? Très certainement, et elle a pensé que la sanction ferait réfléchir les candidats traders-fraudeurs avant de commettre l’irréparable. Les 5 milliards de préjudice ne seront jamais payés certes. La Loi prévoit que tout salaire contient une partie non cessible, nombre de condamnés à des petits bidouillages divers le savent qui ne pourront jamais non plus s’acquitter de leurs dettes vis-à-vis de la société. Il s’agit ensuite d’organiser son insolvabilité pour limiter les prélèvements ; Bernard Tapie a pratiqué longtemps ce sport avant de se refaire sur le dos du contribuable.
Donc Kerviel ne s’acquittera jamais de ces 5 milliards mais il conviendrait à tout le moins que s’il revient un jour à meilleure fortune il reverse une partie de ses gains.