La difficile succession de dictateurs

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Les partisans de Moubarak sont de sortie en Egypte et se heurtent aux anti-Moubarak. Ils abominent l’Occident et ses représentants qui laissent tomber leur président, tabassent au passage quelques journalistes et citoyens étrangers. C’est sans doute inévitable, mais tout à une fin, même les régimes autoritaires.

Comme nous le disions précédemment, le problème avec ces autocrates ce n’est pas tellement l’autocratie mais leur incapacité à se renouveler. Ben Ali : 23 ans à manger dans la même soupe, Moubarak : depuis 30 ans dans le même fauteuil et ne sont pas comptées ici ses années de vice-présidence de Sadate. Le coup d’Etat ou la révolution ne sont finalement que le moyen de changer de président s’il ne se décide pas à mourir. Ben Ali a déposé un Bourguiba en proie aux affres de l’âge, Sadate a remplacé Nasser mort d’une crise cardiaque, Moubarak a succédé à Sadate assassiné, alors 30 ans plus tard, ne voyant pas mourir Moubarak, son peuple veut juste le remplacer.

Si les présidents tunisien et égyptien avaient été un tout petit plus conscients de l’intérêt de leurs pays, ils auraient passé la main au bout d’une quinzaine d’années (l’équivalent de 3 quinquennats tout de même !) à un successeur (un vrai successeur, pas leur fiston), les choses auraient changé progressivement, le peuple aurait repris espoir, un petit parfum de nouveauté aurait changé les idées des gens et la transition vers plus de modernité et de démocratie se serait poursuivi tranquillement. Au lieu de cela ils se sont désespérément accrochés à leurs maroquins alors maintenant qu’ils en partent, plus ou moins forcés, le changement risque d’être un peu plus brutal.

Il faut espérer que l’Egypte millénaire s’en sorte sans trop de violence et que chaque partie y mette du sien. Une transition bien négociée devrait permettre de sauver la mise d’un pays qui a eu le courage de pactiser avec Israël.

Les nostalgiques de l’ancien temps ont perdu d’avance. Les réussites économiques, militaires ou culturelles du Shah d’Iran, de Pétain ou de Ben Ali ne pèsent rien au regard de la tyrannie ou des compromissions qu’ils ont exercées. Au fur et à mesure du développement économique des pays, d’autres autocrates tomberont sous les assauts de leurs peuples. Et ces dernières années, finalement, il eut plus d’avancée vers la démocratie que de régression vers la dictature. C’est une bonne nouvelle !