Archive – 2011/04/04 – Paris le Grand Rex


Et revoici les Archive à Paris pour deux soirées avec un orchestre classique, pourquoi pas. Bien sûr l’environnement de nappes électroniques des claviers archivesques doit pouvoir être remplacé par des cordes et des cuivres alors le chroniqueur ému se rend à son troisième concert Archive en trois ans depuis la sortie de l’inoubliable Controlling Crowds !

Le spectateur est accueilli par Rosko qui platine tranquillement sur scène le temps que tout le monde s’installe. Il ne fera pas partie de la suite, son rapp probablement incompatible avec l’ambiance classique de la soirée.

Les musiciens/iennes s’installent dans un frou-frou de soie et accordent leurs instruments (légèrement amplifiés), un peu curieux de voir débarquer notre bande trip-hop toute de noir vêtue qui démarre Light. Darius est assis derrière un piano à queue noir sur lequel il plaque la petite ritournelle obsédante de son intro. Une musicienne derrière ses monumentales timbales donne la réplique à la batterie rock. Les envolées de tension électronique sont remplacées par les archers pesant sur les cordes, sous la direction d’un maestro. L’illusion est parfaite mais un peu déplacée. Les voix de Pollard et Dave piétinent et hésitent au début avant de trouver le bon réglage, les cordes pardonnent moins que l’électricité !

Lorsque Maria entame I will Fade, posant sa voix bouleversante sur un nuage de mélancolie offert par la formation classique un frisson parcourt le Grand Rex. Le vibrato d’une violoniste sur l’érable de l’instrument n’a pas son pareil pour briser le cœur. Le clavier électronique parle avec sa puissance et sa sophistication là où le violon, simple assemblage de bois, dévoile toute la grandeur de l’âme humaine. Maria enchaîne sur Collapse-Collide laissant l’assistance transie dans l’ouragan du refrain où se bousculent pour mieux se dépasser : la formation classique à plein volume, les guitares électriques déchainées, la brutalité des percussions, timbales et grosse caisse mariées, et par-dessus tout, la voix exceptionnelle de Maria portée à son paroxysme par ce multiculturalisme musical. Bullets termine brillamment le set.

Une jeune violoniste japonaise du premier rang de l’orchestre semble fascinée par les facéties rock de Pollard derrière son micro. Lorsqu’elle ne joue pas, elle bat légèrement la mesure de son archet dressé et de ses épaules mouvantes, puis éclate de rire devant Darius qui agite les bras derrière son clavier comme pour diriger le maestro ; ses yeux bridés se plissent de complicité et de perplexité devant cette union improbable entre le classique et le trip-hop !

Pour le rappel, l’intro électronique de Controlling Crownds est jouée en pizzicatos légers débités par les violons, comme des papillons voletant dans la brise de printemps avant que l’électricité ne reprenne le dessus : I’m scarred of their controlling crowds here they come/ I’m scarred of their controlling crowds here they come/…

L’expérience est probablement intéressante, pas forcément concluante. Il n’est pas bien sûr que le trip-hop, même aussi symphonique que celui produit par Archive, se mêle bien avec le son du classique. Il fallait essayer et puis ce fut ainsi l’occasion de passer une nouvelle soirée avec Archive, ce qui n’est jamais du temps complètement perdu.

Set list : Lights/ You Make Me Feel/ Headlights/ The Feeling Of Losing Everything/ Blood In Numbers/ To The End/ Organ Song/ Finding It So Hard/ I Will Fade/ Collapse-Collide/ Words On Signs/ Slowing/ Fold/ Black/ Pictures/ Bullets
Encore : Dangervisit/ Controlling Crowds/ Again