La France s’engage dans les affaires des autres

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Et voici maintenant la France en guerre en Côte d’Ivoire pour sortir l’ex-président Gbagbo qui s’accroche à son fauteuil. Les militaires français installés depuis des lustres dans ce pays, avec un statut légal incertain, envoient des hélicoptères bombarder résidence et palais présidentiels pour faire taire les armes lourdes des troupes le soutenant encore.

C’est la pire des situations pour l’ancienne puissance coloniale qui depuis des décennies n’arrive pas à se dépêtrer de son néo-colonialisme d’un autre âge par faiblesse de son pouvoir politique face aux lobbies françafricains. Après que l’armée française ait tiré sur la foule ivoirienne (pour des tas de bonnes raisons) en 2004 elle recommence en 2011. La relation franco-ivoirienne est telle que tant que la République entretiendra une soldatesque sur le territoire de ce pays il y aura toujours d’excessives tentations et d’irrépressibles justifications pour faire parler des armes françaises contre des citoyens ivoiriens. Nous n’avons pas su y résister dans le passé nous ne saurons pas plus y résister à l’avenir. Chaque fois la France dit « c’est la der des ders » et chaque fois elle replonge dans ce marigot glauque et nauséabond.

Il faut sortir l’armée française de ce pays où elle n’a rien à faire sinon qu’à prendre des coups et, accessoirement, à en donner pour un bénéfice politique catastrophique à court, moyen et long terme. Il faut donc couper le cordon ombilical déjà bien moisi.

Au passage les 10 à 12 000 français (dont la moitié de binationaux ivoiriens-français) doivent de nouveau être regroupés, protégés et potentiellement évacués dans les ventres de vieillissants Transall de l’armée de l’air. Ceci a déjà été fait en 2004 et la plupart y sont retournés. Aujourd’hui est la fois de trop, leur avenir n’est plus dans ce pays. Ils ont trop souvent servi dans le passé à justifier justement la présence de l’armée française dans ce pays étranger. Ils ont mangé dans la soupe des décennies durant mais la pitance est désormais par trop amère. La violence anti-française en 2004 a été terrible, elle s’annonce encore pire dans les mois à venir. Bien sûr il est n’est pas aisé d’admettre ce revirement et de devoir abandonner une vie et des intérêts, parfois depuis plusieurs générations, dans un pays. Ce fut le cas des rapatriés d’Algérie en 1962, entre 1 et 1,5 million de personnes revenues en France en quelques mois, avec drames et souvenirs, amertume et énergie, et puis finalement les choses sont plus ou moins rentrées dans l’ordre.

Un seul mot d’ordre devrait désormais guider la politique française en Afrique : se faire oublier !