Le chaos en Grèce

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L’Europe est encore à hue et à dia pour cause de dette grecque sans issue pour laquelle on ne sait plus quoi avancer entre restructuration et refinancement. C’est le bal des faux-culs, le marché de la faux-jetonerie ! Tout le monde sait que les revenus du pays ne permettront pas de rembourser les échéances mais il ne faut pas le dire car cela déclencherait un véritable cataclysme que de regarder la réalité en face car du coup des situations similaires sauteraient aux yeux pour la France, l’Espagne et bien d’autres encore. Alors on parle d’évènement de crédit qu’il faut éviter car les agences de notation, dont l’incompétence panurgique n’est plus à démontrer, risqueraient dans un mouvement de panique incontrôlée de mener, pour une fois, une analyse économique cohérente en admettant l’évidence que nos Etats impécunieux ont dépensé sans compter et surtout sans prendre en compte les capacités de remboursement de nos économies, et que les prêteurs ont délié les cordons de leurs bourses sans réfléchir ! Quel besoin avait Athènes de dépenser tant d’argent pour accueillir des jeux olympiques en 2004 ? Quelle utilité a le contribuable français de fiancer la compétition de fouteballe Euro 2016 ?

En fait, l’évènement de crédit, en termes plus compréhensibles : la faillite, peut être évité tant que les contribuables sont tondus sans pitié. Mais dès que le secteur privé des prêteurs est en risque alors la catastrophe se précise. Dans le cas de la Grèce dont la principale qualité n’est sans doute pas la fidélité contributive de ses citoyens aux dépenses du budget de l’Etat, les créditeurs privés sont les banques européennes, françaises notamment, et chinoises désormais, qui ont misé nos petites économies en prêtant à Athènes. Donc si ces banques doivent admettre qu’elles ont perdu une partie de leur mise (donc de nos dépôts) elles vont devoir enregistrer ces pertes, rendre des comptes à leurs clients et leurs actionnaires, voire tomber elles-mêmes en faillite, et surtout, elles vont cesser de prêter à tous ces états décadents et amorcer ainsi le début d’une infernale spirale qui bloquera la confiance entre banques elles-mêmes et grippera le système comme en 2008 après la faillite de la banque Lehman Brothers, crise financière majeure qui n’a pu être résolue que grâce à une générosité additionnelle des contribuables des Etats concernés.

Pour repousser cette triste échéance la communauté internationale continue à tondre les contribuables internationaux (le FMI) et européens (l’Union européenne) puisque le contribuable grecque, espèce rare déjà très peu développée, est carrément en voie de disparition ces derniers temps.

En réalité la trésorerie d’un Etat c’est comme à la maison, on est toujours rattrapé par ses dettes. Quand il y a de l’argent sur le compte on peut faire du shopping, quand il n’y en a plus il faut calmer les dépenses. On peut légèrement repousser cette échéance en prenant un découvert à sa banque mais l’exercice a ses limites. Elles ont été largement dépassées par nos Etats du Sud de l’Europe. A la fin, il faut payer. Ce qui est finalement normal c’est que les citoyens qui ont bénéficié des dépenses (voire poussé leurs gouvernements à dépenser pour des raisons bassement électoralistes) sont finalement ceux qui vont les rembourser. Ce qui est immoral c’est que les prêteurs n’assument que rarement les risques qu’ils prennent et pour la couverture desquels ils perçoivent un taux d’intérêt censé couvrir ce risque. Ils l’ont fait lors de la crise de la dette en Amérique du Sud dans les années 80, ils ne semblent plus disposés à la faire aujourd’hui où les enjeux sont autrement plus gigantesques.

Tout ceci n’est guère brillant.