Corruption à grande échelle et aux dramatiques effets

Après les valises de billets africains voici les rétro-commissions sur les contrats publics de ventes d’armes françaises au Pakistan. On est là dans du plus sérieux, au moins en nombre de zéros. Aux niveaux de la morale et de l’implication de la République, c’est comparable. Deux de ses affidés affairistes viennent d’être mis en examen par la justice, notamment par suite des dénonciations de leurs ex-épouses. Comme il est question que ces rétro-commissions aient cofinancé la campagne électorale présidentielle de Ballamou en 1995 dont Sarko l’agité était le porte-parole et l’ambitieux vassal, la presse se fait un plaisir de faire des rapprochements.

La présidence de la République française publie un communiqué dans lequel elle écrit notamment : « S’agissant de l’affaire dite de « Karachi », le nom du chef de l’Etat n’apparaît dans aucun des éléments du dossier. Il n’a été cité par aucun témoin ou acteur de ce dossier. » alors que ledit dossier est en principe seulement connu du juge d’instruction.

Encore plus cocasse, Hortefeux, conseiller à l’Elysée, était sous écoutes téléphoniques judiciaires dans cette affaire, ce qu’il semblait ignorer. La police a enregistré une conversation avec l’un des deux affidés affairistes dans laquelle il le prévient que son ex-femme « balance » alors qu’il n’est pas censé être au courant des procès-verbaux de ce témoin en principe anonyme…

Résumons : la France vend des armes au Pakistan, des intermédiaires louches sont de la partie à qui sont versés des montants importants de commissions dont une partie est appelée à revenir en France via rétro-commissions pour des buts peu transparents, on ne connaît pas bien les destinataires de ces rétro-commissions. Ce qu’on sait est qu’elles sont illégales, le juge en cherche les bénéficiaires, notamment dans la sphère politique actuelle, et il place des personnages haut-placés sur écoute. Au passage un attentat au Pakistan tue une dizaine de techniciens français qui participaient au montage des sous-marins objets de la vente d’armes, l’une des questions est de savoir s’il existe un lien entre ces commissions/rétro-commissions et ces morts.

La justice de nos démocraties a le pouvoir légal de placer ses princes sur écoutes, le plus étonnant, de Berlusconi à Hortefeux, c’est que lesdits princes soit n’aient pas les moyens d’avoir des téléphones cryptés, soit n’aient pas la jugeote nécessaire pour ne pas se répandre au bout du fil sur leurs actes illégaux, l’un au sujet de ses turlutes avec des gamines mineures, le deuxième pour avoir violé le secret de l’instruction. Pour qualifier ces errements on hésite entre incompétence ou sentiment d’invulnérabilité.

Des frégates de Taiwan aux sous-marins du Pakistan, de la gauche à la droite, tout ceci n’est guère brillant et fait passer les valises de Bourgi pour de la petite bière.

Que la justice passe !