John Cale, une de ces discrètes légendes du rock moderne est de retour à Paris à la Maroquinerie, petite salle pour grand bonhomme entouré de trois musiciens dont un excellent, barbu et rigolard guitariste.
Comme en 2005, John Cale succède à quelques semaines près à son compère Lou Reed. Faut-il le rappeler, ces deux là ont créé le Velvet Underground, l’un des groupes les plus influents du XXème siècle, puis connu des parcours variés, Lou dans ses monologues poétiques qui aboutirent à quelques unes des plus irréparables compositions du rock, John dans une veine plus expérimentale, produisant de nombreux artistes importants ; mais l’un comme l’autre tenaillé par l’ambition créatrice et le talent continuent à plus de 70 ans à… créer. Cette ténacité brûlée sous la flamme du feu sacré de la musique est la marque des grands artistes.
Ce soir nous somme face à un mythe qui déboule en blouson col relevé et T-shirt, chevelure et petit bouc roux, le visage raviné par les années mais toujours animé du même enthousiasme. Il vient de sortir un disque Extra Playful (dont sa fille Eden a dirigé la vidéo promotionnelle de Catastrofuk) et a programmé un concert parisien supplémentaire au Centre Pompidou. La traduction française de son autobiographie « What’s welsh for Zen? » est disponible chez Au diable vauvert depuis mai dernier.
John Cale et son ensemble jouent 1h30 durant un programme de morceaux classiques et d’envolées plus progressistes ; pas de retour sur le Velvet. Il passe de la guitare acoustique aux claviers derrière lesquels il joue les sons les plus modernes et chante au gré des dissonances électroniques et des cassures de rythmes, agrémentées des touches étranges de son guitariste virtuose. Il n’a renoncé à rien et surtout pas à l’innovation musicale qui est sa marque de fabrique. De son pays de Galles natal au New York d’Andy Warhol et de Lou Reed, du monde underground sous cocaïne aux opéras enflammés écrits pour Nico, John Cale nous revient au cœur de la vieille Europe continentale toujours investi de la même mission : guider ses congénères avec une musique qui vient de l’âme !
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