Il est vraiment temps que cette campagne électorale présidentielle française s’arrête. Chaque jour on croit avoir atteint le fond de la stupidité et de la démagogie, mais le lendemain on dépasse ce seuil qui n’en était pas un…
Sarkozy en rajoute tous les matins dans l’agitation, les propositions désordonnées et irréfléchies qu’il sort de son chapeau pour essayer de remonter son retard : la banque des jeunes à créer, celle des entreprises, la présomption de légitime défense pour les policiers, la viande hallal, etc., etc. Est-ce qu’il invente lui-même ces saillies le matin en se rasant ou est-ce son équipe de campagne qui les lui liste pendant qu’il se rase ? Dans un cas comme dans l’autre, c’est la responsabilité du candidat qui les endosse.
Hollande reste sur une posture plus présidentielle, assis sur un programme diffusé depuis plusieurs mois et ne sortant que fort peu de ce cadre, donnant l’image rassurante de la sérénité face à la tâche qui l’attend. Son programme comme celui de la droite sera sans doute balayé par les réalités, mais Hollande comme son challenger s’adaptera à la vraie vie, chacun avec son mode de fonctionnement, hystérie ou sérénité. L’un ou l’autre devra de toute façon tailler dans les dépenses et augmenter les impôts, c’est ainsi. Le déni français face à l’incurie budgétaire de leur République depuis plus de 30 ans va devoir tomber, ce sera l’honneur du futur président que de provoquer et d’accompagner cette inévitable prise de conscience. Les électeurs vont devoir choisir entre un trublion énervant et un placide fidèle, mais qui feront face aux mêmes réalités.
En attendant l’un et l’autre font les yeux doux aux électeurs du Front national parlant de citoyens égarés et « en souffrance ». Ils se trompent, lesdits électeurs de Marine Le Pen ne semblent pas plus désespérés que les autres, ils sont juste fatigués de l’absence de cohérence du monde politique parisiano-rive-gauche. De façon plutôt maligne, la candidate frontiste explique doctement qu’elle ne donnera ses consignes de vote pour le deuxième tour que lorsqu’elle connaîtra la position de l’UMP dans les cas (qui seront a priori nombreux) où un candidat du Front national arriverait devant celui de la droite classique eux élections législatives de juin… Comme Sarkozy n’a pas osé dire, pour le moment, qu’il appellerait à voter Front national aux législatives, le cas le plus probable est que l’électeur frontiste sera laissé à lui-même pour glisser son enveloppe dans les urnes du 6 mai prochain, ce qui ne changera pas grand-chose, puisque comme devrait le savoir les sondeurs, l’électeur (toutes couleurs confondues) n’en fait qu’à sa tête.