Bruce Springsteen & The E-Street Band – 2012/07/04 – Paris Bercy

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Il y a 33 ans Bruce Springsteen débarquait en Europe avec son E-Street Band après avoir été érigé en nouveau messie de la jeunesse occidentale. Il faisait à l’époque les couvertures de Newsweek et de Times qui le qualifiaient de successeur génial de Dylan et voyaient en lui l’avenir du monde. The Boss incarnait (et incarne toujours) le conteur de l’Amérique profonde, le père spirituel d’une société post-guerre du Vietnam, le héraut d’un prolétariat américain alors que démarrait la décrépitude industrielle. Des concerts fleuves de plus de trois heures, la sortie de Darkness of the edge of town salué comme le chef d’œuvre du siècle, c’est peu dire que Paris attendait son héros, et Paris ne fut pas déçu avec le concert de Puteaux de 1978 (ou 79 ?) : ébahis et irrémédiablement marqués, les spectateurs qui assistèrent à cet incroyable show s’en souviennent encore.

Beaucoup sont revenus à Bercy ce soir 4 juillet 2012, fête nationale américaine, pour le Wrecking Ball Tour, ils ne seront pas plus déçus qu’il y a 33 ans… De l’eau a coulé sous les ponts du New Jersey depuis Darkness, beaucoup de musique a été produite, des kilomètres parcourus et des décibels délivrés à travers la planète, des disparitions dans le groupe (Clarence Clemons et Danny Frederici), des engagements politiques, des dissolutions et des reformations du E-Street Band, des explosions commerciales et des succès d’estime, mais Bruce est toujours là, rocker pur et tendre, chic type de premier ordre.

16 musiciens en plus du Boss sont sur scène. Clarence, irremplaçable, a été remplacé par une section cuivre de 5 personnes (dont son neveu Jake Clemons), c’est mieux ainsi et évite les comparaisons forcément douloureuses. 4 percussionnistes-choristes, 1 violoniste, Steve Van Zandt et Nils Lofgren aux guitares, Garry Talent à la basse, Max Weinberg à la batterie, et Patty Scialfa bien sûr, la femme du patron, guitare et chœur. Tout ce petit monde est habillé de jeans et chemises noirs, chaussé de cuir de la même couleur. Ce sont les cow-boys d’Il était une fois dans l’Ouest descendu dans l’arène de Bercy !

Lumières allumées l’intro est lancée à deux accordéons qui jouent les premières notes de La vie en rose de Piaf, sympathique coup d’œil à l’escale française de cette tournée, les musiciens s’installent sur la vieille ritournelle et après le One-Two/ One-Two-Three-Four de circonstance repris par 15 000 fans, lancent le show avec deux nouveaux titres avant d’asséner un Badlands d’anthologie. Bercy est déjà en flamme. Debout sur leurs sièges, des gamins nés 25 ans après la sortie de Darkness scandent cette chanson de légende avec le Maître de l’univers rock :

Lights out tonight, trouble in the heartland./ Got a head-on collision, smashin in my guts man./ Im caught in a crossfire that I don’t understand./ But there’s one thing I know for sure girl: Talk about a dream; try to make it real./ You wake up in the night with a fear so real./ You spend your life waiting for a moment that just don’t come./ Well don’t waste your time waiting/
Badlands you gotta live it every day/ Let the broken hearts stand/ As the price youve gotta pay/ Well keep pushin till it’s understood/ And these badlands start treating us good.
Badlands…

6 guitares sur le front de scène, le Boss nous gratifie du solo grinçant d’origine, reprend le refrain avec Steve sur le même micro et termine l’interminable final d’un tonitruant « bonsoir Pariiiiiiiiiiis ! ».

Et c’est parti pour 3h30 du rock et de sueur, des allers retours joyeux entre le passé glorieux et les créations récentes, 17 musiciens explosifs et joyeux à l’assaut d’un des plus fantastiques répertoires de l’Histoire. La citadelle de Bercy ploie sous la charge et les coups de boutoir de l’électricité. Les mots virevoltent dans l’atmosphère sur-vitaminée, ils n’ont plus guère d’importance dans cette fureur de jouer, mais on sait qu’ils sont là et donnent du sens à cette débauche de notes et ce déluge d’énergie. C’est une éruption solaire, une explosion nucléaire, sous la botte en cuir du Boss !
Tout y passe : Because the Night, Sandy, The River, City of Ruins, Johnny 99, Darkness… Sur Waiting on a Sunny Day il fait monter sur scène une jeune fille à peine nubile, lui passe le micro et lui fait reprendre le refrain dans l’allégresse, qu’elle termine en chantant « I don’t remenber the words… Bruce je t’aiiiiiiiiiiiiime », il la prend alors dans ses bras et la redépose délicatement dans la foule dont il l’a extraite. Sur Dancing in the Dark, guitare en bandoulière, il danse la valse avec la mère de la pré-nubile.

Il joue seul au piano Independance Day. Même les plus vieux fans ne l’avaient jamais vu au piano sur scène, mais en cette soirée du 4 juillet il a décidé « something special for today. »

Bien sûr les sections cuivres et percussion donne à ce show une allure un peu plus soul que le E-Street Band d’origine plus ramassé et rock, mais qu’importe, le groupe trace sa route.

Un rappel flamboyant de 60 minutes est lancé sur l’enchaînement miraculeux Born in the USA/ Born to Run. Les premiers rangs défaillent. Entre deux riffs ravageurs Bruce fait le porteur d’eau et vient arroser le public. Et puis sur Tenth Avenue, démarré debout sur le piano de Roy, une longue interruption, les deux bras levés il rend hommage à Clarence dont les images défilent sur les écrans.

Tout le monde jubile, pleure, hurle, trépigne, hoquette et rend les armes devant une telle gigantesque performance. Le feeling de ce musicien avec son public est quelque chose d’indicible, ses shows sont une tranche de vie inoubliable dans le monde du rock qui en a pourtant vu d’autres.

Bruce Springsteen : une légende !

Set-list : Intro (La Vie en Rose)/ 1. We Take Care Of Our Own/ 2. Wrecking Ball/ 3. Badlands/ 4. Death to My Hometown/ 5. My City of Ruins/ 6. Spirit in the Night/ 7. The E Street Shuffle/ 8. 4th of July, Asbury Park (Sandy)/ 9. Jack of All Trades/ 10. Because the Night/ 11. Darkness on the Edge of Town/ 12. Johnny 99/ 13. Darlington County/ 14. Easy Money/ 15. Waitin’ on a Sunny Day/ 16. The Promised Land/ 17. Apollo Medley/ 18. Independence Day/ 19. The River/ 20. The Rising/ 21. Out in the Street/ 22. Land of Hope and Dreams/
Encore : 23. We Are Alive/ 24. Born in the U.S.A./ 25. Born to Run/ 26. Bobby Jean/ 27. Dancing in the Dark/ 28. Tenth Avenue Freeze-Out/ 29. American Land