Les chypriotes contestent la taxe sur leurs dépôts bancaires, et les russes qui seraient les plus gros déposants dans la lessiveuse chypriote crient aux mesures « soviétiques » prises par le plan de sauvetage européen.
Le parlement chypriote ayant refusé de voter le plan, les banques sont restées fermées pour éviter la panique bancaire et il va falloir trouver une autre solution pour financer le sauvetage à 15 milliards dont 10 sont prévus sous forme de prêts du contribuable européen et multilatéral (FMI). Les 5 milliards manquant vont probablement être prélevés sous forme d’impôt sur le contribuable chypriote.
La psychologie populaire en matière bancaire a sans doute été sous-estimée dans cette affaire. Le déposant refuse tout net qu’on lui prélève une partie de ses dépôts mais il est indifférent lorsque l’inflation ou les dévaluations (avant l’euro) lui consomment gentiment son épargne, ou lorsque l’Etat lui augmente ses impôts. Bref, il faut sauver le citoyen déposant même au prix du sacrifice du citoyen contribuable.
L’Europe qui ne sait pas dire « non » a laissé entrer Chypre (i) dans l’Union européenne et (ii) dans la zone euro. Ce furent deux erreurs, surtout que durant de longues années la position européenne avait été de poser comme préalable avant toute adhésion la résolution du conflit entre Chypre et la Turquie. Las, les dirigeants communautaires qui ne savent pas dire « non » ont finalement laissé entrer dans l’Union une ile à moitié occupée (ou libérée selon les avis) par l’armée turque tout en menant parallèlement des négociations d’adhésions avec… la Turquie. On a abouti à une espèce de maelstrom kafkaïen comme seule l’Europe sait en créer.
Il n’en fallait pas plus pour que des flibustiers de la finance transforment le secteur bancaire local en lessiveuse monétaire, surdéveloppée et servant des intérêts sans rapport avec les conditions de marché, tout ceci bien à l’abri de la sécurité apportée par l’euro. La faillite de ces banques était inévitable.