Molly Johnson à Paris, chanteuse métisse noire-canadienne, tout en voix et en charme, et en trio avec un pianiste et un contrebassiste. Châle blanc sur robe noir, une fleur blanche dans les cheveux, et nous voilà partis pour un voyage de délices. Son dernier album Because of Billie, reprises de Holiday, doit paraître dans les prochains jours. Un peu lassée d’être comparée à l’américaine, elle explique qu’elle est ce qu’elle est à cause de son égérie mais pas sur terre pour la remplacer. Ce disque est un hommage et une prise de pouvoir.
Quelle plaisir de se laisser porter par la voix langoureuse de Molly et la rythmique chaloupée de ses deux acolytes. On plane doucement sur ces sonorités soul et jazzy. Ne serait-ce l’inconfort des chaises, on aimerait se laisser couler dans de grands fauteuils de velours rouge de part et d’autre d’un âtre où crépiteraient les bûches alors que dehors tomberait la neige du grand nord canadien.
La révolte noire de Billie Holiday a été passée à l’adoucisseur de Molly. Les temps ont changé grâce au combat méritoire de la génération précédente, l’heure est à la musique apaisée même si l’engagement reste fort. L’artiste mène ses activités philanthropiques en parallèle à sa carrière.
Qu’elle chante Billie Holiday ou ses propres compositions, tout n’est que nostalgie et beauté dans cette voix si remarquable. On en oublierait facilement les misères du monde et de nos vies mais le tragique de Billie reprend rapidement le dessus : My days have grown so lonely/ For you I cry, for you dear only/ Why haven’t you seen it/ I’m all for you body and soul [Body and Soul – BH]
Molly Johnson a joué pour la première fois au New Morning en 2003, plus de dix ans plus tard elle rencontre toujours le même succès d’estime dans les petites salles parisiennes : une voix cajoleuse, une artiste enjôleuse, une soirée délicieuse. A bientôt l’artiste !
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