A défaut d’avoir obtenu un engagement ferme d’annulation totale ou partielle de la dette qu’elle doit aux contribuables européens, la Grèce décide d’organiser un référendum le 5 juillet pour demander à ses électeurs s’ils acceptent ou non la conditionnalité posée par les gouvernements représentant les prêteurs, c’est-à-dire nous tous. Le gouvernement grec appelle quant à lui ses citoyens à voter non… Il n’est pas encore question à ce stade d’organiser des référendums dans les pays prêteurs pour demander à leurs citoyens s’ils sont d’accord pour continuer à prêter à la Grèce.
Le référendum est un outil délicat à utiliser pour des questions complexes. Surtout son organisation déclenche en toutes circonstances assaut de populisme et de simplification partisane. Le cas actuel de la Grèce en est oh combien l’illustration.
Le pays est en faillite pour avoir vécu trop longtemps au-dessus de ses moyens. La baisse de son niveau de vie a été lancée pour le ramener plus ou moins au niveau de ses revenus comme ce fut également le cas en Espagne, au Portugal ou en Irlande, comme ce n’est malheureusement pas assez le cas en France. Il est d’ailleurs intéressant de voir que ce sont les « petits » pays de l’Union européenne où souvent le niveau de vie est inférieur à celui de la Grèce qui s’opposent avec le plus de fermeté à continuer à financer un pays qui refuse de se réformer. Le gouvernement grec ne veut plus imposer de sacrifices à ses citoyens et va donc leur demander de se prononcer dimanche prochain pour la poursuite ou non de ce programme d’austérité.
Que la réponse soit oui ou non, les contribuables européens vont devoir continuer à financer la Grèce et pour encore des années. Si les électeurs répondent non et marquent ainsi leur refus de la poursuite des plans d’aide européens actuels le pays devra sans doute se tourner vers les institutions multilatérales FMI et Banque Mondiale qui imposeront des conditions certainement encore plus dures et l’Europe participera à ces financements mais en deuxième ligne, sans mener les négociations. Le pays sera soumis à une disette encore plus drastique. Si le non l’emporte les effets sur le reste de l’Europe sont pour le moment inconnus et imprévisibles. Le pire est possible mais personne n’est vraiment capable de l’anticiper.
On est face à un classique problème de dérive budgétaire et d’endettement d’un Etat mal géré et il faut bien ramener les dépenses au niveau des recettes. De multiples situations similaires ont été gérées dans le passé avec plus ou moins de succès : crise de la dette sud-américaine dans les années 70, asiatique dans les années 90, occidentale dans les années 2008/10, etc. La spécificité du cas grec est son appartenance à une Union européenne et à une zone monétaire euro qui lui a permis un accès quasiment illimité à des financements sous forme de subventions et de prêts. La faiblesse politique endémique de l’Union qui ne sait pas dire non et à personne a conduit au désastre. L’addition est présentée aujourd’hui et il faudra bien trouver quelqu’un pour la payer.
Tout ou partie de la dette grecque sera bien évidemment annulée et prise en charge par la communauté internationale. Il faudra alors prévoir des compensations pour les pays comme le Portugal ou l’Espagne qui elles sont en train de s’acquitter de leurs dettes.
La leçon la plus évidente à l’heure actuelle de ces évènements est l’inextricable blocage de l’Union européenne qui n’est plus vraiment en mesure de défendre les intérêts de ses citoyens. Tout le monde s’accorde à admettre que Chypre partiellement occupée par la Turquie n’aurait jamais dû intégrer l’Union tant qu’un accord politique n’avait pas été trouvé avec les turques, que la Grèce n’aurait jamais dû entrer dans la zone euro, que la Roumanie ou la Bulgarie n’étaient pas prêtes ni économiquement ni politiquement à adhérer à l’Union, etc. etc. Mais malgré tout, les partenaires européens englués dans leurs intérêts nationaux et leurs égoïsmes populistes n’ont pas pris les décisions rigoureuses qui s’imposaient à l’époque. Et les choses ne s’arrangent pas avec les négociations d’adhésion en cours avec d’autres pays qui ne sont pas plus en état d’adhérer.
Peut-être que le désastre financier grec, outre son coût considérable pour les contribuables européen, permettra aux dirigeants qu’ils soient un peu plus conscients de leurs responsabilités ?
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