Sortie : 2014, Chez : libre Champs.
L’histoire contrastée de deux allemands qui se croiseront en 1945 : Hanns Alexander, juif exilé au Royaume-Uni dans les années 30 qui deviendra chasseur de nazis ; Rudolph Höss, officier SS et patron du camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau. Le premier arrêtera le second après la guerre alors qu’il préparait sa fuite en Amérique latine. L’auteur Thomas Harding est le petit neveu de Hanns et découvre le passé de son grand-oncle à l’occasion de l’hommage qui lui est rendu lors de ses obsèques en 2006. Il décide alors d’enquêter.
Le livre se lit comme un thriller et revient méthodiquement sur les faits de cette sombre période. Il analyse avec précision les parcours oh combien divergents de ces deux citoyens allemands et tente de faire comprendre comment deux hommes issus de la même cultures ont pu évoluer si différemment. Le mystère humain que représente la double personnalité d’un Rudolph Höss qui a organisé et supervisé l’extermination d’1,3 million de prisonniers à Auschwitz durant les trois années où il dirigea le camp tout en rentrant s’occuper de sa femme et ses cinq enfants le soir dans sa villa de fonction (située dans le camp lui-même), ne laisse pas d’interroger, et ce encore probablement pour l’éternité.
Höss sera livré aux autorités polonaises, jugé et pendu dans le camp où il commit ses méfaits.
Le livre est extrêmement bien documenté et son auteur a rencontré nombre des descendants des acteurs de cette période, et parfois même quelqu’uns des acteurs encore survivants. Il a eu accès à des documents éclairants, notamment la fille de Höss, Brigitte, exilée aux Etats-Unis lui a remis photos de famille et lettres personnelles de Rudolph, offrant ainsi un éclairage stupéfiant sur le personnage. Et l’on revient toujours sur la théorie de la « banalité du mal » développée par Hannah Arendt si bien illustrée par Rudolph Höss.
Les annexes de l’ouvrage mentionnent toutes les sources d’information, beaucoup disponibles sur internet, sur lesquelles on peut passer ses nuits, avec intérêt et répulsion.
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