Laurent Fabius abandonne le radeau

Laurent Fabius, 70 ans, grand bourgeois politiquement rose, couvert de diplômes et de postes depuis sa plus tendre jeunesse, a décidé, seul dans son coin, de démissionner en abandonnant ses bons amis du gouvernement au milieu du gué. Et pour quelle raison demanderez-vous ? Non pas pour une retraite paisible après ces années de succès et d’échecs dans le marigot politique, mais pour attraper au vol le poste bientôt vacant de président du conseil constitutionnel, un des beaux maroquins de la République qu’il gardera pour neuf années, soit jusqu’à 80 ans…

Le garçon est intelligent et n’a pas plus démérité que ses petits camarades en politique. Mais comme eux il se rend coupable du péché de gourmandise en dépassant franchement les bornes de la décence. A son âge avancé, ayant fait son temps, il montre une nouvelle fois l’incapacité des hommes politiques à résister à l’attrait du pouvoir. Il aurait logiquement dû prendre sa retraite. Sans doute ne sera-t-il pas complètement inefficace à ce poste, au moins durant les premières années de son mandat, mais il ne sera pas meilleur qu’un autre et, en shootant sur un lampadaire de la rue de Montpensier tombent au moins dix candidats d’égale valeur et de quinze ans de moins…

Plus grave, ce lâchage en rase campagne d’un gouvernement à la peine force à un remaniement ministériel qui entraîne de changements de responsables donc des périodes de passation de services peu propices à l’action. Bref, Laurent Fabius avait le choix entre choisir l’intérêt supérieur de la République en restant en poste jusqu’à la fin du quinquennat, ou partir en courant pour attraper un poste lui permettant de valoriser son égo pour neuf années de plus. Il n’a pas hésité à privilégier sa personne. C’est dommage, une sortie ratée.

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