Le Mémorial de la Shoah organise une exposition sur le retour des juifs européens survivants des camps vers leurs pays d’origine ou ce qu’il en reste. A partir de cartographies, d’images, de films et autres documents d’archive, on y découvre le sort peu enviable de cette communauté au milieu du chaos européen de l’après-guerre où des millions de réfugiés vont et viennent dans un continent en ruines où déjà la guerre froide installe son rideau de fer. De gigantesques camps de transit sont installés qui sont parfois même les camps de concentration recyclés… Parfois encore des actes antisémites et de nouveau des pogroms accueillent les survivants comme en Pologne.
En France les survivants juifs de retour ne sont qu’une petite partie d’un flot de près de deux millions de personnes qui rentrent au pays : travailleurs du STO, prisonniers de guerre, déportés politiques, etc. Ils retrouvent, ou pas, des membres de leurs familles, leurs biens. Beaucoup veulent fuir la vieille Europe et émigrent vers les Etats-Unis, l’Australie et bien sûr aussi la Palestine quand le Royaume-Uni qui en assure le mandat les laisse entrer…
L’hôtel Lutétia ancienne kommandantur allemande est transformé en centre d’accueil et de débriefing des déportés de retour. Michel Rocard, jeune éclaireur protestant est sur place pour aider, comme de nombreux volontaires.
Des associations juives de secours international essayent de porter aide à ces personnes avec une attention particulière pour les enfants orphelins qui reviennent. Les gouvernements font ce qu’ils peuvent. Le sujet de la Shoah n’en est encore pas un, il ne le deviendra que trente ans plus tard. Les pays et les populations mettront des décennies à reconstruire et à assumer. Cette émouvante exposition en rappelle toute la difficulté.
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