L’administration américaine confirme ses accusations contre la Russie qui serait intervenue lors des élections américaines via des manipulations de données informatiques, intrusion dans les systèmes du parti démocrate, vol et publication de documents secrets ou privés. Moscou aurait cherché à favoriser l’élection de Donald Trump plus ouvert aux positions russes que son opposante Hillary Clinton. La Russie et M. Trump contestent cette analyse officielle américaine.
Le problème dans ce genre de situation est que l’on peut croire l’une et l’autre partie largement capable de ce dont elles s’accusent mutuellement : la Russie d’intervenir contre la démocratie et l’administration américaine de raconter des bobards. Ce qui est incontestable sont les attaques informatiques qui ont eu lieu contre les sites du parti démocrate ayant abouti à la publication de toute une série de documents négatifs pour la candidate Clinton. Il semble probable que l’origine de ces attaques vienne de Russie bien qu’il ne soit pas évident de remonter la chaîne des ordinateurs hackers procédant à ce genre d’attaque. Ce qui est encore plus difficile est de démontrer que le pouvoir russe serait le donneur d’ordre. Les services de renseignement américains ont franchi ce pas et l’ont documenté dans un rapport dont une partie vient d’être déclassifiée et publiée.
La Russie, comme nombre d’autres pays de la planète, n’aime pas la démocratie comme système d’organisation de la société. Lorsque ces pays opposants sont des puissances, ils vont plus loin et cherchent à abattre les démocraties. Ce fut l’obsession de l’ex-URSS durant les 70 années de guerre froide et la Russie reprend aujourd’hui le flambeau. Les puissances occidentales ne sont pas non plus restées inactives pour accélérer la fin de l’empire communiste soviétique. Plus récemment elles n’ont pas été en reste pour généraliser de façon assez effrayante l’espionnage des communications de notre civilisation de l’information, y compris en piratant les téléphones portables de dirigeants amis.
Alors que la démocratie occidentale apparaissait comme le système victorieux après la chute du mur de Berlin en 1989 et semblait avoir vocation à être instauré partout sur la planète où il ne l’était pas encore, la situation est significativement différente aujourd’hui trente ans plus tard. Une bonne partie de l’Asie conteste ce système en l’accusant de tous les maux et mène des actions hostiles diverses pour le faire choir. De la Russie à l’Iran en passant par les monarchies religieuses du Golfe persique nombre de pouvoirs de ces pays se retrouvent pour s’attaquer à la démocratie via des actions souvent illégales. Il y a sans doute dans ces attitudes belliqueuses un mélange de jalousie devant la réussite économique et technologique occidentale et de crainte que cette liberté (et sa première manifestation : les élections) s’installe dans leurs propres populations, mettant ainsi la continuité de leur pouvoir en péril.
Il faut vivre avec cette menace, et s’y possible se préparer à y réagir. La démocratie occidentale est un système minoritaire dont le sens de la liberté sonne comme un symbole de décadence aux yeux de ses opposants. Il est illusoire de penser que chacun puisse vivre de son côté sans chercher à nuire à l’autre. L’esprit de compétition et de conquête est un moteur fort de tous temps pour l’Humanité. Rien ne change, il faut juste ne pas perdre la course !
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