Les digues lâchent

La droite catholique conservatrice a accumulé tellement de ressentiment avec les réformes sociétales de ces dernières décennies : droit à l’avortement, mariage homosexuel, procréation assistée, etc… que ses préventions au vote en faveur de l’extrême droite lâchent. Christine Boutin, 73 ans, tweeteuse forcenée (qui avait annoncé par erreur la mort de Jacques Chirac sur son compte) appelle à voter pour la candidate du Front national au deuxième tour de l’élection présidentielle. Il en va de même de Marie-France Garaud, 82 ans, ancienne conseillère de l’ombre de la droite gaulliste. Ces deux femmes âgées n’ont sans doute plus d’influence significative sur les électeurs mais représentent assez bien la direction que prendront probablement nombre des militants de cette droite conservatrice.

Plus marquante est la position du mouvement Sens commun, issu de la contestation contre la loi autorisant le mariage homosexuel en 2012/2013, et qui s’est depuis constitué en lobby conservateur influent de l’UMP/Les Républicains puis inséré dans la campagne du candidat François Fillon pour en orienter les éléments sociétaux du programme. Il est probable que cette nouvelle influence a effrayé nombre des soutiens de Fillon, ceux plus centristes et ouverts, les soutiens de Juppé par exemple. Evidemment ce virage à droite, légitime par ailleurs, a été laminé par les affaires révélant le rapport particulier du candidat à l’argent. La défaite était au bout du chemin… Le mouvement a communiqué dès le 24 avril :

…Devant le choix qui leur est aujourd’hui proposé entre l’extrême droite et l’extrême flou, nous demandons aux Français de peser en conscience les conséquences de leur vote lors du second tour. Respectueux de la liberté de chacun, Sens Commun ne donnera pas de consignes, suivant son habitude. Nous sommes néanmoins convaincus que le vainqueur de ce scrutin, quel qu’il soit, ne saura réunir qu’une majorité divisée et impuissante, et nous continuons à croire que l’un et l’autre programmes seront dévastateurs pour notre pays : nous ne souhaitons ni le chaos de Marine Le Pen ni la déconstruction d’Emmanuel Macron…

De fait, le résultat du deuxième tour la semaine prochaine n’est pas acquis, celui des législatives qui suivront en juin encore moins. Cette droite catholique conservatrice est évidemment frustrée de la situation actuelle et va tout faire pour peser dans le futur et faire émerger ses idées.