La Turquie qui occupe illégalement au regard du droit international depuis des années un pays membre de l’Union européenne, Chypre, s’est lancée dans une nouvelle conquête, cette fois-ci en Syrie, pour prendre le contrôle d’une bande de territoire frontalière « gérée » pour le moment par des bandes armées kurdes considérées comme terroristes par Ankara et d’autres capitales. On connaît l’extrême rejet de la Turquie à l’idée de toute reconnaissance du fait kurde et encore plus à la création d’un Etat kurde, elle est rejointe en ce sens par tous les pays où existe une forte minorité kurde, alors Ankara s’est alliée avec des milices opposées au régime syrien, pour chasser les kurdes de cette bande frontalière. Ses forces armées sont en train de combattre sur le territoire de cette Syrie dévastée par plusieurs années de guerre civile attisée par les intérêts divergents des grandes puissances.
L’imbroglio syrien se complexifie : la Turquie membre de l’Otan et donc alliée des pays occidentaux de cette alliance, occupant une partie de la République de Chypre membre de l’Union européenne, plus ou moins réconciliée avec la Russie, avec laquelle il était sévèrement fâché depuis que son armée de l’air avait abattu un avion russe, pour soutenir le régime Assad en Syrie, lui-même soutenu militairement par l’Iran et le Hezbollah libanais, se lie avec des opposants armés audit régime et fait intervenir son armée à l’étranger pour chasser les kurdes qui ont pris le pouvoir sur une partie de la Syrie, les kurdes étant soutenus militairement par l’Otan pour lutter contre le terrorisme religieux en Syrie… Il y a maintenant sur le terrain des soldats slaves, arabes, persans, ottomans, et dans les airs, les mêmes plus les américains et quelques européens… Relisez depuis le début si cela ne vous paraît pas clair !
Ce qui est hélas relativement compréhensible c’est que la Turquie est une alliée de l’Occident quand cela l’arrange. Son implication armée désordonnée dans le conflit syrien risque de lui revenir en boomerang un jour ou l’autre et elle devra sans doute en payer l’addition un jour, sans parler des effets intérieurs négatifs de sa progressive transformation en « démocrature religieuse » source potentielles de tensions internes, ne serait-ce qu’avec sa très significative communauté kurde déjà sérieusement malmenée. On frémit à l’idée que la situation se retourne, que la Turquie soit agressée par l’un de ses multiples ennemis et fasse appel à l‘article 5 du traité de l’Otan qui veut que les pays membres de l’alliance volent au secours d’un des leurs en cas d’agression extérieure. Le cas échéant, cela voudrait dire que les armées européennes et des Etats-Unis seraient engagées pour défendre une Turquie guerroyant indirectement contre certains pays membres et occupant Chypre…
Grandeur et décadence de la diplomatie internationale !