Un ancien premier ministre français, Manuel Valls, amateur de doubles pages plutôt mièvres dans Paris-Match, né espagnol puis naturalisé français dans sa jeunesse, vient de marquer son intérêt pour candidater à la mairie de Barcelone. Cette ville est toujours espagnole à ce jour et même si elle devait un jour être la capitale d’un Etat catalan indépendant ne serait pas française pour autant.
Après avoir échoué à être nommé candidat socialiste à l’élection présidentielle française de 2017, le garçon a quitté ensuite le parti socialiste et un peu compromis pour se faire élire, de justesse, sous la bannière de La République En Marche qui l’a rattrapé au passage en le sauvant de la perdition politique. Elu député français, donc pour une durée de cinq années soit jusqu’à mi-2022, le voilà qui veut se présenter à l’élection à la mairie espagnole de Barcelone en mai 2019 comme il en informait un média hispanique il y a quelques jours. S’il confirmait cette volonté, M. Valls devrait démissionner du parlement français au milieu de son mandat pour assurer une campagne, si ne n’est un mandat, dans un pays étranger.
On est là au cœur de l’ambiguïté du concept de double-nationalité ! On ne peut s’empêcher de se demander pour qui roule Manuel Valls et comment il pourrait passer d’un poste au service de la République française élu par des citoyens français à celui au service d’une grande ville espagnole élu par ses habitants ? On connaît le mercenariat au sein des vedettes du CAC40, c’est moins courant dans les fonctions électives de pays différents. C’est étrange, au mieux maladroit, au pire cynique. Si par malheur il y avait une guerre entre la France et l’Espagne, quel camp choisirait Manuel Valls ? On ne sait pas, et c’est là le problème.
Non, cette notion de double nationalité ne tient pas la rampe et l’on comprend pourquoi certains Etats ne la reconnaissent pas. Vouloir garder au même moment un pied en Espagne et un autre en France donne l’impression que l’impétrant veut garder deux fers au feu pour se donner au plus offrant. Cette intention binationale affichée par Manuel Valls est inopportune, elle continue décrédibiliser un ancien premier ministre français qui n’a pourtant pas démérité lorsqu’il était aux affaires. Il aurait été plus avisé qu’il fasse preuve à l’égard de la République française de la même loyauté qu’il manifesta pour François Hollande !