Sortie : 1979, Chez : Robert Laffont – Opera Mundi & J’AI LU 1202.
La suite du « Palanquin des Larmes« , Chow Ching Lie quitte Hong Kong, ses deux enfants et sa famille pour venir suivre les cours de piano de l’Académie Marguerite Long à Paris. Munie de peu de moyens, elle n’évite pas de se faire happer par des gens plus ou moins fréquentables de la communauté chinoise locale. Elle va même se remarier avec l’un d’eux par dépit (?) ce qui provoque le rejet de sa famille chinoise car très contraire aux traditions locales s’agissant d’une veuve.
Une fois primée (1er prix) par l’Académie Long, il faut bien vivre et chercher à devenir indépendante d’un mari dictateur alors elle se lance dans le commerce d’objets chinois importés pour, enfin, pouvoir accueillir ses deux enfants avec elle à Paris.
Quelques voyages en Chine en pleine révolution culturelle maoïste lui font comprendre qu’une partie de sa famille a eut à souffrir de son fait puisqu’elle était considérée par les gardes rouges comme une social-traître à la solde des capitalistes…
Et puis la musique la reprendra et elle se lance dans le projet de monter le Concerto du fleuve jaune au théâtre des Champs Elysées avec un orchestre, ce qu’elle fera le 01/12/1973 avec dans l’assistance, une délégation de l’ambassade de Chine populaire.
Ce deuxième épisode de la vie de cette chinoise recyclée en Europe est un peu moins intéressant que le Palanquin des Larmes car finalement son combat pour la survie à Paris est moins exceptionnel que celui de sa jeunesse à l’époque de la Grande Marche, question d’environnement sans doute. Elle a d’ailleurs moins de choses à raconter et dérive régulièrement vers la narration de longues légendes chinoises. Qu’importe, son parcours reste incroyable et ses sentiments à l’égard de son pays natal mitigés. Profondément chinoise et boudhiste, elle porte un jugement indécis sur le maoïsme qui, au-delà de ses dérives autoritaires qu’elle n’a pas vécues en direct, a sorti son pays du moyen-âge. Le Concerto du fleuve jaune est d’ailleurs une œuvre écrite par Shi Shin Haï durant la révolution culturelle plus ou moins à la gloire de celle-ci. Elle se serait réinstallée à Shanghai a ville natale où vivent ses deux enfants qui ont fait leurs études entre Londres et Paris. Quel parcours !