A l’Institut Curie, un petit musée est consacré à cette incroyable famille qui révolutionna la science en faisant considérablement progresser le domaine de la compréhension de la radioactivité. Installé dans les locaux mêmes qui constituaient l’Institut du Radium qui fut successivement dirigé par Marie Curie, Frédéric Joliot-Curie (le gendre) puis Irène Joliot-Curie (la fille), on y visite le bureau du directeur, son laboratoire (décontaminé comme précisé dans la présentation…) et le petit jardinet conçu par Marie pour la régénération des esprits et l’échange entre deux recherches.
Marie Curie (1867-1934) : un premier prix Nobel de physique en 1903 (avec Pierre Curie et Henri Becquerel) « en reconnaissance de leurs services rendus, par leur recherche commune sur le phénomène des radiations découvert par le professeur Henri Becquerel » et un second Nobel, de chimie cette fois-ci en 1911, « en reconnaissance des services pour l’avancement de la chimie par la découverte de nouveaux éléments : le radium et le polonium, par l’étude de leur nature et de leurs composés ».
Irène Joliot-Curie (1897-1956), fille de Marie et Pierre Curie, reçoit le prix Nobel de chimie en 1935 avec son mari, Frédéric Joliot (1900-1958) « en reconnaissance de leur synthèse de nouveaux éléments radioactifs », il s’agit de leur découverte de la radioactivité artificielle. Scientifique de haute volée le couple affiche un engagement politique fort, Frédéric est membre du parti communiste, Irène sera l’une des premières femmes ministres de la République sous le front populaire en 1936 mais elle retournera bien vite à sa paillasse de chercheuse. L’un comme l’autre sont pacifistes, fréquentent Einstein et s’opposent à l’utilisation du nucléaire dans le domaine militaire.
Irène et Marie décèderont prématurément de la même leucémie, dévorées par les radiations de leurs découvertes fondamentales.
Les deux pièces du musée nous rappellent également nos cours de physique-chimie en vulgarisant le phénomène de la radioactivité, les effets et utilisation du radium, polonium et autres joyeusetés nucléaires incompréhensibles pour les néophytes. Quelques années auparavant, de l’autre côté de la rue, Louis Pasteur (1822-1895) lançait la microbiologie et mettait au point le vaccin contre la rage.
La rue d’Ulm se réfère à une victoire de Napoléon contre l’Autrichien en 1805. Au-delà de ce concours de puissances dans une Europe dévastée par des guerres inutiles, on préfèrera retenir que cette rue abrita les travaux de géants de la science moderne.