Plus le coronavirus se répand à travers la planète, plus l’on constate les effets vertigineux de l’arrêt de l’économie mondiale. Les dirigeants des pays touchés (presque toutes les nations en réalité) avancent des plans de soutien et de relance qui se chiffrent en milliers de milliards d’euros ou de dollars. Le monde est déjà en récession, le commerce planétaire est en sévère recul, plus-ou-moins la moitié de la population terrienne est confinée. On est stupéfaits devant la rapidité avec laquelle tout le beau château de cartes de l’économie mondiale s’effondre. On pourrait penser qu’après tout un mois ou deux de ralentissement devrait pouvoir être absorbé sans trop de difficultés… mais ce n’est pas le cas et les Etats ne sont globalement pas en mesure de prendre le relais pour combler ces mois d’arrêt. Ou plus exactement, les Etats des pays développés vont emprunter massivement sur les marchés financiers pour injecter cet argent dans leurs économies et les autres vont faire ce qu’ils peuvent. Les déficits des finances publiques vont être gigantesques. Les banques centrales de ces pays riches ont déjà annoncé qu’elles faisaient sauter tous les verrous monétaires et étaient prêtes à racheter ces dettes étatiques, ce qui revient à faire tourner « la planche à billets » comme l’on disait autrefois.
La théorie économique veut que la création de monnaie de la banque centrale sans contrepartie dans le développement de la production entraîne l’inflation. Ces théoriciens ne comprennent d’ailleurs toujours pas pourquoi ce n’est pas le cas depuis la crise financière de 2008. Laissons-leur encore un peu de temps pour réfléchir, les évènements actuels vont apporter des expériences en temps réel pour approfondir leurs analyses. Ce qui est probable est que cette masse considérable de dettes publiques en cours de construction va bouleverser durablement le système financier planétaire et devra bien être apurée d’une façon ou d’une autre, soit par de l’inflation soit par de l’impôt, dans les deux cas c’est bien nous les citoyens qui allons payer.
Certains pays développés qui ont opté pour le confinement de leurs populations sont en train de penser sérieusement à y mettre fin même si le risque sanitaire est encore loin d’être éteint. Ils procèdent à une classique analyse coûts-bénéfices des deux alternatives : confinement avec une économie à l’arrêt et moins de morts immédiats versus non-confinement avec une économie qui fonctionne mais une morbidité sans doute beaucoup plus élevée. « Produit intérieur brut » vs. « Coronavirus », c’est un dilemme qui n’est pas facile à trancher (en dehors des plateaux télévisés), d’autant plus que les avis divergent à l’intérieur même des communautés scientifiques, économiques ou politiques. Pour le moment la France a opté pour le confinement et semble vouloir le prolonger encore quelques semaines.