ROY Jules, ‘La guerre d’Algérie’.

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Sortie : 1960, Chez : René Julliard.

Jules Roy (1907-2000), écrivain et officier français, né en Algérie, attiré par Maurras et Pétain à 20 ans, il rejoint la France Libre à Londres en 1942 d’où il participera comme commandant de bord aux bombardements de l’Allemagne. Il participera ensuite à la guerre d’Indochine avant de démissionner de l’Armée (avec le grade de colonel) dont il estimait qu’elle se déshonorait dans ce conflit. Comme beaucoup de militaires ayant vécu ces tragédies il continua à témoigner de ces évènements sa vie durant.

1960, l’indépendance algérienne est quasiment acquise, la population métropolitaine attend qu’on la débarrasse de cette guerre d’un autre âge, l’armée française impose sa loi sur le terrain mais les âmes sont acquises à l’émancipation du pays. Jules Roy saute dans un avion et rejoint son département de naissance pour se faire une idée de la situation. Il y rencontre toutes les parties impliquées.

Il commence par son frère et sa belle-sœur toujours présents sur le sol algérien. Ensemble ils évoquent les rapports entre colons français et indigènes musulmans, des rapports de maîtres à employés qui n’ont guère changé depuis l’invasion de l’Algérie en 1830 par l’armée française, et c’est aussi une partie du problème.

Il rencontre les habitants d’un village de Kabylie, région régulièrement bombardée par l’armée de l’air pour éviter que le FLN (Front de libération nationale algérien) en fasse son camp de repli. Il passe quelques jours avec un officier qui garde la frontière avec la Tunisie pour empêcher la pénétration des commandos du FLN. Il parle avec des réfugiés algériens en Tunisie fuyant les bombardements français et les exactions du FLN. Bref, il relate intelligemment les positions et expériences des uns et des autres.

Comme son grand ami d’Albert Camus, Jules Roy, est natif de cette d’Algérie où il laissa une partie de son âme. Comme lui, il ne peut s’empêcher de penser qu’une cohabitation aurait été possible entre colons français et colonisés algériens si une négociation sérieuse avait été entamée en temps utiles. La réalité est probablement autre tant l’indépendance de l’Algérie était inévitable, comme d’ailleurs celle de tous les pays colonisés (seul le Tibet l’est resté au XXIème siècle). Même si les colonisés musulmans avaient bénéficié d’un statut socio-politique équivalent à celui des colons français, ceux-ci étaient les envahisseurs et cela était le péché originel. Quand on ajoute l’inégalité légalement instaurée entre les communautés, le mouvement mondial de décolonisation post IIème guerre mondiale, comment imaginer une seconde que la France aurait pu garder l’Algérie comme l’un de ses départements administratifs ? Certains l’ont rêvé. Malgré deux guerres coloniales perdues par la France, Jules Roy faisait partie de ceux-là…