L’arroseur arrosé

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Parmi les débats houleux s’étant déroulés dans le cadre de l’Union européenne (UE) pour la mise au point d’un plan de relance économique européen de 750 milliards d’euros récemment annoncé, celui de la conditionnalité de l’attribution des sous de ce plan fut particulièrement intéressant. Les pays bien gérés (dits « frugaux ») se sont opposés aux pays mal gérés (dits « Club Méditerranée »), les premiers voulant soumettre à conditions le bénéfice des aides consenties aux seconds… Ceux-ci ont évidemment rué dans les brancards à l’idée que l’on puisse mettre son nez dans leurs affaires et décider comment les aides à eux octroyées seront utilisées.

L’ironie de l’histoire est que ce sont exactement ce que font la France ou l’Italie, par exemple, lorsqu’elles attribuent des aides à des pays pauvres : les riches imposent leur conditionnalité, ceux qui payent veulent décider de ce qui sera fait de leurs sous. On est toujours le va-nu-pieds de quelqu’un. La France et l’Italie sont les va-nu-pieds des pays européens bien gérés. La preuve en est qu’une partie de cette aide européenne, empruntée sur les marchés financiers, va être donnée sous forme de subvention par l’UE à ses va-nu-pieds, c’est-à-dire remboursée par les frugaux aux marchés financiers.

C’est bien le principe de la solidarité mais ce n’est jamais très agréable de se découvrir le pauvre de son voisin et de constater que celui-ci veut bien nous aider, mais à ses conditions… Nous en sommes là. Finalement un accord a été trouvé sur une conditionnalité douce, ménageant la chèvre (des « frugaux ») avec le chou (des va-nu-pieds).